L'Afghanistan a subi une détérioration inquiétante depuis l'arrivée au pouvoir des Talibans en termes de droits de l'homme et de libertés individuelles

Des centaines de manifestants afghans appellent les talibans à cesser les tueries

AFP/AHMAD SAHEL ARMAN - Sur cette photo d'archive prise le 2 septembre 2021, le mouvement de résistance afghan et les forces de soulèvement anti-taliban participent à un entraînement militaire dans la zone de Malimah du district de Dara, dans la province de Panjshir

Des centaines de manifestants afghans sont descendus dans la rue pour demander la fin des exécutions extrajudiciaires auxquelles se livreraient les talibans dans la province de Panjshir, l'une des principales poches qui a tenté de résister à l'insurrection talibane jusqu'à sa prise de contrôle finale en septembre dernier.

Selon les manifestants, le régime taliban aurait tué une personne qui, selon les insurgés, appartenait au Front national de résistance, une alliance de forces opposées au régime taliban. Cependant, lors de ces manifestations, les manifestants nient l'existence d'un tel lien et demandent la fin des exécutions extrajudiciaires.

Selon une source, "les manifestants ont apporté le corps dans la capitale provinciale du Panjshir et étaient de plus en plus nombreux". Les talibans seraient "déterminés" à enquêter sur ce qui s'est passé afin de calmer les protestations des civils, a déclaré une source à EFE.

Cette manifestation est la première grande manifestation du Panjshir depuis que les talibans ont pris le contrôle de la vallée, un événement historique puisque la région a réussi à s'imposer comme un foyer de résistance contre les talibans dans les années 1990. Après sa chute, la résistance a dû se réfugier au Tadjikistan, qui est devenu le principal refuge des dirigeants du Front national de résistance.

Lors de la prise de la province du Panjshir, des organisations de défense des droits de l'homme telles qu'Amnesty International affirment que les talibans ont commis de multiples crimes de guerre. Ils indiquent également que les talibans auraient torturé et tué des minorités ethniques, des partisans de l'ancien gouvernement afghan et des membres des forces de sécurité.

Dans le même ordre d'idées, l'ONU dénonce le fait qu'en une semaine seulement, le régime taliban a assassiné au moins 72 personnes qui auraient été membres de l'ancien gouvernement Ghani, ignorant ainsi "l'amnistie" qu'ils avaient promis de respecter à l'encontre des anciens responsables. L'organisation internationale a également dénoncé les "méthodes brutales" de torture et d'exécution auxquelles se livreraient les talibans, notamment l'exposition publique des cadavres.

Fermeture des médias

Depuis que les talibans sont au pouvoir, la régression, la réduction des libertés individuelles et les violations des droits de l'homme ont été plus que notables. En ce sens, les médias ont subi une grave détérioration qui menace directement la liberté d'information et d'expression.

Selon Reporters sans frontières, 43 % des médias afghans ont fermé leurs portes, ce qui a entraîné le licenciement de 60 % des journalistes. En outre, les attaques constantes contre la liberté des femmes ont directement affecté les femmes journalistes, dont 84% ont perdu leur emploi, ce qui signifie que quatre sur cinq ont perdu leur emploi.

En outre, dans 15 des 34 provinces afghanes, aucune femme journaliste ne travaille. Un exemple clair est la province de Jowzjan, qui, avant l'arrivée des insurgés, comptait 19 médias opérationnels avec 112 femmes employées. Aujourd'hui, aucune femme ne travaille dans ces médias.

Les talibans ont imposé des conditions locales à chaque province, notamment l'interdiction d'employer des femmes journalistes. Dans la capitale, sur les 1 190 femmes travaillant comme journalistes avant l'arrivée des talibans, seules 320 travaillent, soit une baisse d'au moins 73%. 

Ces mesures ont également eu des conséquences économiques majeures. À cet égard, les propriétaires de médias bénéficiaient de financements nationaux et internationaux qui ont pris fin après l'arrivée des talibans. En outre, les revenus publicitaires ont été durement touchés et de nombreux médias ont été contraints de fermer leurs portes. 

Tous ces développements s'inscrivent dans une situation très délicate pour l'Afghanistan, qui est au bord d'une catastrophe humanitaire causée à la fois par la violence et l'effondrement économique, qui, selon l'ONU, pourrait entraîner la mort d'un million d'enfants dans les premiers mois de 2022.