Des milliers d'Israéliens protestent contre la réforme judiciaire à Jérusalem
Plus de 70 000 Israéliens ont manifesté aujourd'hui à Jérusalem, selon les médias locaux, pour rejeter la réforme judiciaire promue par le nouveau gouvernement de Benjamin Netanyahu, qui porterait atteinte à l'indépendance du pouvoir judiciaire et dont le processus d'approbation a débuté ce lundi au Parlement. Les manifestants sont arrivés de différentes régions du pays et se sont rassemblés autour de la Knesset (Parlement) en portant des drapeaux israéliens et des affiches avec des messages contre la réforme.
Il s'agit de la première manifestation de masse à Jérusalem après six semaines consécutives de manifestations de masse à Tel Aviv. Les médias locaux ont rapporté que la manifestation devant le Parlement a attiré plus de 70 000 personnes et que des centaines d'entreprises et de magasins ont décidé de ne pas travailler aujourd'hui, en soutien aux protestations et pour permettre à leurs employés de manifester.
Ces manifestations coïncident avec le début, lundi, des procédures judiciaires visant à approuver la réforme. La commission de la Constitution, du droit et de la justice de la Knesset a approuvé en première lecture en séance plénière deux des projets de loi proposés dans le cadre de la réforme judiciaire, qui visent à modifier la composition du comité de sélection des juges et à restreindre la capacité de la Cour suprême à examiner et à modifier les lois.
S'ils sont approuvés en plénière, ces projets de loi retourneront en commission pour préparer leurs deuxième et troisième lectures, avant d'être adoptés en tant que loi. Cette initiative prévoit également une "clause d'annulation", ce qui signifie qu'une majorité simple de députés au Parlement pourrait annuler les décisions de la Cour suprême. La Cour suprême a le pouvoir d'annuler les décisions qu'elle considère comme contraires à la loi fondamentale d'Israël - qui a un statut constitutionnel - et les opposants au projet estiment que la réforme éroderait la séparation des pouvoirs et affaiblirait les fondements formels de la démocratie israélienne.
Plusieurs membres de l'opposition ont exprimé aujourd'hui leur soutien aux manifestations, qui se sont étendues du nord au sud d'Israël. L'ancien Premier ministre et actuel chef de l'opposition, Yair Lapid, était présent à la manifestation devant le Parlement à Jérusalem et a averti que le nouveau gouvernement "veut transformer l'État d'Israël en une sombre dictature". "Nous ne resterons pas silencieux pendant qu'ils détruisent ce que nous avons de plus précieux", a déclaré Lapid à la foule.
L'ancien ministre de la défense, Benny Gantz, était également présent aux manifestations et a souligné que "ce sont des jours décisifs pour la démocratie israélienne". "Nous ne sommes pas préparés à la politisation du système judiciaire, c'est ce qui protège les citoyens et leurs droits civils. Nous ne devons pas permettre qu'il soit endommagé de quelque manière que ce soit", a-t-il conclu.