Échec diplomatique de l'Algérie : ni la libération des prisonniers en Syrie ni l'obtention d'un siège à l'Union africaine

Abdelmadjid Tebboune, président de l'Algérie, et Ahmed Fattah, ministre des Affaires étrangères de l'Algérie et la délégation lors du 38e sommet du Conseil de paix et de sécurité de la région MENA - PHOTO/ MINISTÈRE DE LA COMMUNICATION DE L'ALGÉRIE
Le ministre de la Communication a tenté de projeter l'image d'une Algérie victime d'une campagne internationale hostile, mais sa rhétorique excessive a suscité plus de doutes que de soutien
  1. La Syrie rejette les demandes de l'Algérie
  2. Veto au Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine
  3. Mécontentement de l'opinion publique

La crise diplomatique en Algérie s'aggrave de jour en jour. L'image du pays traverse l'une de ses pires périodes, après avoir été incapable de négocier avec le président syrien, Ahmed Al-Sharaa, la libération des Algériens retenus par les « Forces nouvelles syriennes » ; et après que l'Union africaine ait opposé son veto à la candidature de l'Algérie au Conseil de paix et de sécurité de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord).

Abdelmadjid Tebboune, président de l'Algérie, et Ahmed Fattah, ministre algérien des affaires étrangères, lors du 38e sommet du Conseil africain de paix et de sécurité dans la région MENA - PHOTO/ MINISTERIO DE COMUNICACIÓN DE ARGELIA

La Syrie rejette les demandes de l'Algérie

Lors de son voyage en Syrie, le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a demandé au gouvernement syrien la libération des membres algériens du Front Polisario qui sont retenus en Syrie par le groupe appelé « Forces nouvelles syriennes ».

Cependant, le gouvernement algérien n'a pas réussi à négocier leur libération avec le président syrien, Bachar Al-Assad, qui a catégoriquement rejeté les demandes d'Ahmed Attaf, selon plusieurs sources officielles. 

Selon le président syrien, ces prisonniers, dont le nombre est estimé à plus de 500, seront jugés en Syrie pour les crimes commis au sein des forces de Bachar Al-Assad, tout comme les autres miliciens qui appartenaient à l'armée sous l'ancien régime syrien. 

Ahmed Fattah, ministre algérien des Affaires étrangères, lors du 38e sommet du Conseil de paix et de sécurité de la région MENA - PHOTO/ MINISTERIO DE ASUNTOS EXTERIORES DE ARGELIA

Cette réponse négative a été suivie par le silence du ministère algérien des Affaires étrangères, qui a délégué la réponse à l'agence de presse officielle, qui a tenté de minimiser l'importance de l'affaire. 

Cependant, l'agence a indiqué que l'une des raisons pour lesquelles la Syrie n'était pas disposée à négocier était l'information diffusée par Radio Monte Carlo, qui accusait le Maroc d'être responsable du fait que les forces syriennes connaissent la présence de militaires algériens combattant aux côtés du régime de Bachar Al-Assad. 

Veto au Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine

Le 38e sommet du Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine pour la région MENA a été un nouveau revers pour l'Algérie. Tant le ministre de la Communication, Mohamed Meziane, que le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Fattah, ainsi que le président du pays, Abdelmadjid Tebboune, avaient consacré tous leurs efforts à créer le récit de l'existence d'une campagne hostile contre leur pays, au lieu de répondre clairement aux échecs institutionnels. 

Photo de famille de la 46e session ordinaire du Conseil exécutif de l'Union africaine - PHOTO/ MINISTERIO DE ASUNTOS EXTERIORES DE ARGELIA

Avant le sommet, l'agence de presse nationale algérienne avait annoncé que « le pays avait de grandes chances d'obtenir le statut de membre du Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine pour la région de l'Afrique du Nord, lors des élections reportées au mois prochain, après avoir obtenu 30 voix sur les 33 nécessaires ».

Après l'échec de la candidature algérienne à un poste au sein de cet organisme de l'Union africaine, le gouvernement n'a pas assumé sa responsabilité ni expliqué la raison de cet échec, mais en a plutôt rejeté la faute sur les « forces hostiles » et l'intervention du Maroc, sans fournir de preuves tangibles. 

Mécontentement de l'opinion publique

La crise de communication de l'exécutif algérien reflète fidèlement le sentiment des citoyens. La nécessité pour le gouvernement algérien de se montrer ferme face à ses citoyens et à l'opinion internationale a donné lieu à des allusions presque propagandistes à l'existence possible de lobbies extérieurs. 

Mohamed Meziane, ministre de la Communication de l'Algérie - PHOTO/MINISTERIO DE COMUNICACIÓN DE ARGELIA

Un fait qui a commencé avec l'affirmation du ministre algérien de la Communication, Mohamed Meziane, de l'existence d'une « armée de 9 000 journalistes qui s'efforcent de salir l'image du pays » et qui a culminé avec l'absence au Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine de la région MENA, actuellement présidée par l'Égypte et au sein de laquelle l'Algérie était présente sans interruption depuis 2008. 

Les déclarations du Meziane laissent entendre que l'investissement annuel de plus de 200 millions de dollars que le gouvernement réalise dans les médias gouvernementaux et privés ne profite pas aux citoyens. Des citoyens qui, pour la plupart, se méfient de la version officielle et exigent une plus grande transparence.