Abou Dhabi fait un premier pas vers le rétablissement de la confiance avec le pays voisin

Les Emirats rouvrent leurs frontières avec le Qatar

PHOTO/REUTERS - Le ministre d'État aux affaires étrangères des Émirats arabes unis, Anwar Gargash

Les Émirats arabes unis (EAU) suivent les traces de l'Arabie saoudite et vont procéder à la réouverture de leurs frontières avec le Qatar, mettant ainsi fin à la crise qui a éclaté en 2017 lorsque les pays du Golfe ont isolé leur voisin. L'accord diplomatique que le pays a signé mardi avec l'Arabie saoudite, le Bahreïn, l'Égypte et les Émirats arabes unis se concrétise progressivement par la levée des restrictions aux frontières.

Les EAU ouvriront leurs frontières terrestres, maritimes et aériennes avec le Qatar samedi, montrant ainsi leur engagement envers le nouvel accord diplomatique. Les autorités des EAU, suite à l'annonce faite par l'Arabie Saoudite dans le même sens la semaine dernière, ont promis que dans les sept jours, elles rouvriraient également leurs frontières, comme elles l'ont fait. 

Avec l'ouverture des frontières, les liens commerciaux devraient être rétablis, cependant, le ministre d'État des affaires étrangères des Émirats, Anwar Gargash, a déclaré que certains problèmes prendraient plus de temps à résoudre. "Nous avons pris un très bon départ... mais nous avons du mal à reprendre confiance", a-t-il déclaré.

Par exemple, le ministre des affaires étrangères du Qatar, Mohamed bin Abdulrahman al-Thani, a déclaré au Financial Times que le pays ne modifierait pas ses bonnes relations avec l'Iran et la Turquie. C'est l'un des points les plus épineux qui a déclenché la crise diplomatique il y a quatre ans. Le ministre des affaires étrangères des EAU a accusé à plusieurs reprises ces deux pays d'"interférer avec la souveraineté et les intérêts arabes". 

Même si les divergences ne sont pas encore résolues, M. Gargash a voulu souligner le rôle des EAU dans la signature de l'accord et a déclaré qu'ils étaient depuis longtemps optimistes quant à la perspective de rétablir les relations avec le Qatar. 

La déclaration d'Al-Ula

Le 41e sommet du Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui s'est tenu dans la ville saoudienne d'Al-Ula, a mis un terme à la crise diplomatique de juin 2017 qui avait fait exploser les relations entre l'État qatari et ses voisins du Golfe et l'Égypte.

L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad al-Thani, qui n'est plus présent depuis 2017, a participé au sommet. L'étreinte entre lui et le prince héritier saoudien, Mohamed bin Salman, était l'image de la réconciliation entre les nations du Golfe. 

Un des points clés du désaccord était la collaboration du Qatar avec des organisations désignées comme terroristes par certains de ses voisins, en particulier les Frères musulmans, que le Qatar a admis avoir soutenu, bien qu'il nie toujours avoir apporté son aide à Al-Qaida et à Daesh. 

Une autre question qui a provoqué la crise de 2017 est celle des relations étroites du Qatar avec la Turquie et l'Iran, que le reste des pays considèrent comme des nations hostiles à leurs intérêts. L'Iran est le grand rival de l'Arabie Saoudite au Moyen-Orient et la Turquie soutient également des organisations telles que les Frères musulmans, en plus d'avoir collaboré avec le camp opposé à celui soutenu par les Emirats lors de la guerre civile en Libye. 

Deux États du Conseil de coopération du Golfe, comme Oman et le Koweït, ont décidé de ne pas rompre leurs relations avec le Qatar. En conséquence, le Koweït a agi, avec les États-Unis, en tant que médiateur dans le conflit. 

En fait, c'est ce pays qui a annoncé la signature de l'accord au début de la semaine. "Un accord a été conclu pour rouvrir l'espace aérien et les frontières terrestres et maritimes entre l'Arabie saoudite et le Qatar ce soir", a annoncé le ministre koweïtien des affaires étrangères, Cheikh Ahmad Naser al-Sabah, à la télévision d'État.

L'annonce du Koweït a été suivie d'une déclaration du prince héritier saoudien Mohamed bin Salman, qui a déclaré que les pays du Golfe allaient resserrer les rangs "face aux défis auxquels la région est confrontée". 

Ainsi, l'Arabie saoudite est devenue le premier pays à annoncer la réouverture des frontières et la fin du blocus. Une annonce faite à la veille du sommet du Conseil de coopération du Golfe après de nombreuses heures de travail dans le but d'organiser la réconciliation lors de cet événement annuel. 

Le ministre des affaires étrangères de la monarchie saoudienne, Faisal bin Farhan al-Saud, a déclaré que les parties étaient "extrêmement satisfaites" d'être parvenues à un accord qui était "entièrement satisfaisant pour les nations concernées".

Le conseiller principal de la Maison Blanche Jared Kushner, le beau-frère du président Donald Trump et le ministre égyptien des affaires étrangères Sameh Soukry ont participé au sommet en tant qu'invités.