Les affrontements entre les rebelles du M23 et l'armée congolaise aggravent la crise humanitaire au Congo
- Attaques contre les ambassades française et américaine
- L'alliance rebelle
- Des conséquences dévastatrices pour les civils
- Soutien total à la RDC
La situation en République démocratique du Congo (RDC) s'aggrave après l'entrée des milices rebelles du M23 (Mouvement du 23 mars) dans la ville de Goma, la troisième du pays.
Après plusieurs jours de progression, les troupes du M23 auraient affirmé sur leurs réseaux sociaux avoir pris le contrôle de l'aéroport international de Goma et confirmé plusieurs attaques contre diverses ambassades dans la capitale du pays, Kinshasa.
Cependant, le porte-parole du gouvernement et ministre de la communication de la RDC, Patrick Muyaya, a confirmé sur le réseau social X que l'ordre et la sécurité avaient été rétablis dans les ambassades. Muyaya a appelé le personnel diplomatique à faire preuve de « prudence et de modération ».
Des dizaines de soldats de la paix ont été tués lors d'affrontements avec les rebelles. Parmi eux figurent des membres de l'armée sud-africaine qui, dans un communiqué publié par la South African National Defence Force (SANDF), a confirmé la mort de 13 de ses soldats. Le ministre uruguayen des Affaires étrangères, Omar Paganini, a annoncé que deux de ses soldats avaient été blessés.
Attaques contre les ambassades française et américaine
Dans la capitale congolaise, Kinshasa, la tension monte : des centaines de manifestants ont attaqué et incendié les ambassades de France et des États-Unis. Les assaillants accusent les gouvernements français et américain de soutenir le Rwanda, financier du groupe rebelle M23 et envahisseur de son territoire pour piller ses réserves de ressources minérales. Les ambassades de pays africains tels que le Rwanda et l'Ouganda ont également été saccagées.
La première mesure prise par l'ambassade des États-Unis a été de suspendre ses opérations et d'appeler ses ressortissants à quitter le pays dès que possible. D'autres pays, comme l'Allemagne, ont suspendu leur aide au développement du Rwanda. Jusqu'à présent, l'invasion a fait plus de 100 morts et plus de 1 000 blessés dans la seule ville de Goma.
Après la chute de Goma aux mains des forces rwandaises et du groupe armé M23, des manifestants ont commencé à brûler des drapeaux rwandais et des portraits du président rwandais Paul Kagame, un Tutsi soutenu par plusieurs pays occidentaux.
Les attaques contre les intérêts de la RDC ont pour cible le contrôle des importantes ressources naturelles du pays et la sécurité nationale. Le Rwanda a été accusé à plusieurs reprises d'avoir des intérêts dans les ressources minérales de l'est de la RDC, telles que le coltan, le cobalt et l'or.
Ces minerais sont essentiels à l'économie mondiale et pourraient constituer une source majeure de ressources économiques pour le Rwanda, un pays qui dispose de peu de ressources naturelles en raison de sa petite taille. En intervenant sur le territoire de la République démocratique du Congo, le Rwanda cherche également à étendre son influence et son leadership dans la région des Grands Lacs.
L'alliance rebelle
Le M23 et l'ADF sont deux des groupes rebelles présents dans l'est de la RDC et dans ses zones d'influence. Tous deux se concentrent autour des bassins miniers du pays, d'où sont extraits le coltan, l'or, les diamants et le cobalt, entre autres minerais précieux.
Le groupe rebelle M23 a commencé à étendre sa zone d'influence avec l'aide du Rwanda, avec lequel il partage une frontière. Cela facilite l'approvisionnement en combattants.
Composé principalement de membres de l'ethnie tutsie, le groupe M23 est soutenu par le gouvernement rwandais. Bien que son objectif déclaré soit de protéger les droits des Tutsis en RDC, il est clair que son but principal est de s'assurer le contrôle de zones riches en ressources minérales.
De son côté, l'ADF est un groupe rebelle ougandais lié à l'État islamique en 2019, responsable d'attaques, d'enlèvements et de meurtres de civils.
Des conséquences dévastatrices pour les civils
Le drame est total dans certaines régions. Selon les rapports de l'ONU, plusieurs localités comptant chacune entre 300 000 et 400 000 personnes ont été vidées en quelques instants par l'avancée rapide des troupes rebelles du M23.
Tigere Chagutah, directeur régional d'Amnesty International pour l'Afrique de l'Est et l'Afrique australe, le confirme : « Des milliers de civils congolais fuient à nouveau pour sauver leur vie, cherchant désespérément la sécurité et l'aide humanitaire ».
Médecins Sans Frontières a déclaré que la tragédie a été aggravée par le déplacement de centaines de milliers de personnes du reste du pays vers des campements situés à Goma. « Le M23, soutenu par le Rwanda, doit respecter le droit humanitaire international et assurer la sécurité de la population, ainsi que le passage en toute sécurité des civils fuyant le conflit », a déclaré Chagutah.
Les hôpitaux sont à la limite de leurs capacités car ils sont débordés par le grand nombre de blessés. Les rapports confirment que le personnel médical a également été attaqué et que de nombreux patients ont été pris entre deux feux. Jens Laerke, porte-parole du bureau humanitaire des Nations unies, a déclaré que les morts s'accumulaient dans les rues.
L'afflux de patients dans les hôpitaux est tel que les parkings sont devenus des « salles d'attente et de triage improvisées », selon Patrick Youssef, directeur régional pour l'Afrique du Comité international de la Croix-Rouge.
Soutien total à la RDC
Face à l'escalade de la violence, le nouveau secrétaire d'État américain, Marco Rubio, a exprimé sa condamnation de l'offensive du M23 et réaffirmé le soutien de l'administration américaine, après avoir contacté le président du pays, Félix Tshisekedi, lors d'un appel téléphonique.
Le 27 janvier, les ministres des Affaires étrangères de l'UE ont exhorté le Rwanda à cesser ses actions de soutien aux rebelles du M23.