Les enquêtes sur la corruption de l'ancien Président mauritanien Ould Abdel Aziz se poursuivent
Jeudi, un juge d'instruction de Nouakchott, suivant les recommandations du procureur général Ahmedou Ould Abdallah, a déposé des accusations de corruption contre l'ancien Président Mohamed Ould Abdel Aziz et dix autres personnalités proches de lui, dont son beau-père, plusieurs hommes d'affaires et d'anciens Ministres.
L'agence de presse AFP a appris d'une source familière avec l'affaire que les charges contre l'ancien Président sont longues et comprennent le blanchiment d'argent, le détournement de fonds et l'obstruction de la justice.
La nouvelle a suscité des réactions immédiates dans la capitale du pays, notamment dans les environs du Palais de justice, où partisans et détracteurs de l'ancien Président se sont rassemblés depuis mardi.
L'affaire de corruption remonte aux premiers mois du gouvernement actuel. L'opinion publique, de plus en plus exigeante dans la lutte contre la corruption, a conduit les autorités compétentes à enquêter sur plusieurs affaires de l'ère Ould Abdel Aziz.
Dans le même temps, les députés opposés à Abdel Aziz, tant de l'opposition que de l'actuelle majorité au pouvoir, ont mis en place une commission parlementaire chargée d'enquêter sur les affaires de corruption de l'époque de l'ancien Président.
La commission a déjà entendu le témoignage de dizaines de personnalités nationales, dont des Ministres, des fonctionnaires, des conseillers et des hommes d'affaires. Elle a pu examiner des milliers de documents relatifs aux affaires et aux décisions importantes liées à la gestion des fonds publics. Ses deux anciens premiers Ministres, Yahya Ould Haddamin et Mohamed Salem Ould al-Bachir, ont également été convoqués au Parlement pour divers crimes économiques et financiers.
Les partisans du gouvernement actuel estiment que l'ensemble de la procédure de lutte contre la corruption fait partie de ce qu'ils appellent le projet de réforme du Président Mohamed Ould Cheikh al-Ghazwani visant à accroître les niveaux de transparence et de responsabilité de l'administration. Ils accusent également l'ancien Président d'avoir mis en place un système de vol systématique des ressources publiques, qui a conduit l'ancien Président et son entourage à s'enrichir considérablement.
Les partisans d'Abdel Aziz voient cependant dans cette opération anti-corruption un écran de fumée des dirigeants actuels pour couvrir leur échec et leur incapacité à réformer le pays et une persécution politique contre l'ancien dirigeant du pays.
Du côté du gouvernement, son porte-parole s'est montré prudent dans l'émission de toute évaluation, se limitant à rappeler que le dossier est dans le système judiciaire et que l'ancien Président est innocent jusqu'à preuve du contraire.
Ould Abdel Aziz, 64 ans, a accédé à la présidence en 2008 et l'a occupée pendant deux mandats jusqu'en 2019, date à laquelle il a été relevé par Ould al-Bachir, son ancien Ministre de la Défense.