Erdogan arrive à l'ONU avec un œil sur la crise des migrants
Le président turc Recep Tayyip Erdogan se rend aux États-Unis pour participer au sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires. Le président turc a annoncé qu'il aborderait également d'autres questions importantes pour le pays eurasiatique. La crise migratoire sera l'un des principaux points à l'ordre du jour d'Erdogan à son arrivée à New York. "Bien sûr, nous aurons un message sur les migrants, car nous sommes ceux qui portent le fardeau le plus lourd", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse avant le voyage. Il invitera également les pays occidentaux à s'impliquer davantage dans ce dossier.
La Turquie accueille près de quatre millions de réfugiés syriens et se prépare également à un éventuel exode en provenance d'Afghanistan. Toutefois, selon les chiffres officiels turcs, il y a déjà 182 000 Afghans enregistrés dans le pays, tandis que l'on estime que jusqu'à 120 000 d'entre eux pourraient résider illégalement. Ankara a renforcé sa frontière orientale, allant jusqu'à construire une clôture frontalière avec l'Iran. "La Turquie n'est le gardien de personne", a déclaré Erdogan, assurant qu'il n'accepterait pas une nouvelle vague de réfugiés.
La question afghane sera sans doute aussi au centre de la réunion des dirigeants mondiaux à l'Assemblée générale. Depuis que le président américain Joe Biden a annoncé le retrait des troupes d'Afghanistan, Erdogan a insisté pour administrer l'aéroport international Hamid Karzai de Kaboul.
Ankara, suite au retrait de Washington, cherche à étendre son influence dans la région. L'Afghanistan, en plus de sa position géographique clé, possède une grande réserve de minéraux et de métaux précieux. Ce trésor a déjà incité d'autres pays, comme la Chine, à porter un regard ambitieux sur l'Afghanistan et, afin de tirer parti des richesses du territoire, à entamer un dialogue avec les Talibans.
La Turquie, pour sa part, maintient sa présence diplomatique à Kaboul et a déjà eu des entretiens officiels avec des dirigeants talibans. En outre, Erdogan a déclaré que, si nécessaire, les pourparlers seraient répétés. Avant son départ pour New York, lorsqu'il a été interrogé sur le soutien humanitaire à l'Afghanistan, Erdogan a déclaré que la Turquie n'hésiterait jamais à envoyer de l'aide humanitaire "aux pays amis".
Le rôle de la Turquie en Afghanistan a également permis de la rapprocher des États-Unis après plusieurs années de tensions, même si de nombreux désaccords subsistent entre les deux pays.
Le président turc profitera du sommet de l'ONU pour tenir une réunion bilatérale avec son homologue grec, Kyriakos Mitsotakis. "Nous devons voir quelles mesures les autres partis doivent prendre", a déclaré Erdogan. Malgré les nombreux différends entre Ankara et Athènes dans différents domaines, Mitsotakis a récemment qualifié la Turquie de "partenaire important pour faire face à tout nouveau défi migratoire".
De même, Erdogan et Mitsotakis ont des vues similaires sur la crise des réfugiés. Les autorités grecques, comme les autorités turques, ont également renforcé les frontières en construisant de nouveaux murs ou en augmentant les murs existants. Mitsotakis a déclaré que lui et Erdogan étaient "d'accord" sur le fait qu'"il est important de maintenir les réfugiés et demandeurs d'asile potentiels aussi près que possible de leur pays d'origine".
Le président turc devrait également tenir des réunions avec d'autres dirigeants politiques tels qu'Emmanuel Macron et Boris Johnson, rapporte le Daily Sabah.
"Je soulignerai le soutien ferme de la Turquie au multilatéralisme et à l'objectif d'établir un ordre mondial plus juste", a déclaré Erdogan avant de s'envoler pour les États-Unis. "Je partagerai nos points de vue sur les questions clés de l'agenda des Nations unies. Depuis l'Assemblée générale, j'exprimerai notre approche des défis qui menacent l'ensemble de l'humanité", a-t-il ajouté.
Le président turc a également annoncé qu'il présenterait son livre "Un monde plus juste est possible" aux dirigeants mondiaux lors de l'Assemblée générale. Le livre a été traduit en plusieurs langues, notamment en allemand, anglais, français, espagnol, arabe et russe. Le livre aborde, entre autres, la discrimination, en mettant l'accent sur l'islamophobie et en dénonçant les doubles standards de la communauté internationale.
Le livre aborde également les changements possibles à l'ONU, tels que la réforme du Conseil de sécurité selon la formule "le monde est plus grand que cinq". La Turquie est depuis longtemps un partisan du changement au sein de l'organe exclusif des Nations unies.
Pendant son séjour à Manhattan, Erdogan inaugurera la "Maison turque" (Türkevi), un bâtiment situé en face du siège des Nations unies. La Maison turque "abritera les représentations diplomatiques et la représentation de la République turque de Chypre du Nord", a déclaré Erdogan. Il rencontrera également des représentants des communautés turque et musulmane aux États-Unis et participera à un dîner avec le Turkish American Business Council (TAIK).