Le conflit syrien sera l'un des sujets abordés lors de la rencontre entre Poutine et Raisi

Erdogan envoie des troupes à Idlib juste avant de rencontrer la Russie et l'Iran

PHOTO/SERGEI CHIRIKOV vía REUTERS - Le président russe Vladimir Poutine (à droite) serre la main du président turc Recep Tayyip Erdogan (à gauche) lors de leur conférence de presse commune après les entretiens russo-turcs.

La crise migratoire à la frontière turco-syrienne suscite beaucoup d'inquiétude au sein de la population turque. L'opinion publique est très critique à l'égard du flux de personnes qui franchissent la frontière entre les deux pays, et le flot de migrants est considéré depuis quelque temps déjà comme une menace sérieuse pour Ankara. C'est l'une des principales raisons pour lesquelles le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan tente de renforcer la position de la Turquie sur le territoire syrien, malgré le soutien de la Russie au gouvernement syrien actuel, auquel l'opposition soutenue par la Turquie est confrontée.

L'inquiétude grandit en Turquie, c'est pourquoi Erdogan n'a même pas attendu sa rencontre avec les dirigeants russes et iraniens pour envoyer ses troupes dans le nord-ouest de la Syrie. La rencontre avec Vladimir Poutine et Ebrahim Raisi est prévue pour le mercredi 29 septembre, bien que la possible offensive du gouvernement dirigé par Bachar el-Assad ait précipité les plans turcs. De plus, la récente réception par le président russe de son homologue syrien, loin d'être une bonne nouvelle pour les Turcs, a servi à Poutine pour s'en prendre une nouvelle fois aux "forces étrangères" - en référence à la Turquie et aux États-Unis - qui se trouvent en Syrie "sans la décision de l'ONU".
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Le président syrien estime que "certains États exercent une influence destructrice sur les processus politiques, par tous les moyens", ce à quoi il a ajouté qu'"il existe également d'autres facteurs, nous en sommes parfaitement conscients et nous essayons de faire de notre mieux pour résoudre ces problèmes urgents". Erdogan a l'intention d'aborder cette question lors de sa rencontre avec Vladimir Poutine la semaine prochaine, car, en plus de la situation migratoire déjà compliquée avec la Syrie, l'arrivée des Talibans au pouvoir en Afghanistan pourrait pousser de nombreux réfugiés afghans sur le territoire turc. Le président turc lui-même a déclaré qu'"il est grand temps que toutes les parties concernées fassent leur part sur cette question".

Erdogan estime que "en tant que pays qui a sauvé la dignité humaine dans la crise syrienne, nous n'avons plus le potentiel ou la capacité d'observer de nouveaux flux d'immigration". La frustration liée à la question des réfugiés est grande, mais il ne faut pas oublier que son pays a reçu une aide économique importante pour faire face aux vagues migratoires incessantes que la Turquie a reçues. Depuis l'accord conclu en 2016, l'UE a déjà versé près de 6 milliards d'euros au gouvernement de Recep Tayyip Erdogan pour faciliter l'accueil des réfugiés, un chiffre qu'il a même été proposé d'augmenter en mars dernier.

En ce qui concerne la situation en Syrie, malgré l'accord de cessez-le-feu conclu entre la Turquie et la Russie en mars 2020, les tensions sont à leur comble. L'Armée syrienne libre (ASL), soutenue par la Turquie, et Hayat Tahrir al-Sham (HTS) - une organisation militante djihadiste-salafiste et une émanation d'Al-Qaïda - ont récemment intensifié leurs offensives contre les forces gouvernementales. La Russie a accusé à plusieurs reprises le camp d'Erdogan de ne pas respecter le cessez-le-feu et, en outre, de ne pas encourager l'expulsion des groupes militants d'Idlib, où les deux forces antigouvernementales ont leurs bases.

Il est important de rappeler que début septembre, les forces turques à Idlib ont subi une attaque qui a tué deux soldats et en a blessé trois autres. Le renforcement des troupes dans la province vise également à prévenir ces attaques qui coûtent la vie aux forces militaires turques. Toutefois, ce ne sera pas une tâche facile. Bachar el-Assad a insisté sur le fait qu'il ne relâchera pas ses efforts pour prendre le contrôle total du territoire syrien - son mandat couvre actuellement environ 70 % du pays. La démarche d'Erdogan est donc dangereuse, d'autant plus qu'une réunion avec la Russie et l'Iran se profile à l'horizon.