Espagne-Maroc, un modèle de coopération nord-sud contre les mafias migratoires

Les autorités migratoires espagnoles et marocaines se sont engagées à lutter contre les mafias de la traite des êtres humains et à promouvoir la migration circulaire en tant que formule pour améliorer la « migration régulière, ordonnée et sûre » - PHOTO/ @SEstadoMigr

La coopération entre l'Espagne et le Maroc en matière de migration a permis de lutter contre l'immigration irrégulière et de combattre la criminalité

L'Espagne et le Maroc sont condamnés à se comprendre en matière d'immigration. Leur position géostratégique, de part et d'autre du détroit de Gibraltar, en fait les gardiens de la porte d'entrée de leurs continents respectifs, l'Europe et l'Afrique.

  1. Groupe permanent sur les questions de migration
  2. La reconnaissance de l'Espagne
  3. 22ème réunion du Groupe Permanent
  4. Partenaire prioritaire

Ainsi, depuis deux décennies, les gouvernements espagnol et marocain ont mis en place un groupe de travail conjoint qui se réunit périodiquement pour discuter des moyens de lutter contre le phénomène de l'immigration irrégulière et les mafias criminelles qui profitent du désir de nombreux immigrants africains de chercher une vie meilleure en Europe.

Groupe permanent sur les questions de migration

Ce groupe conjoint, officiellement appelé Groupe permanent pour les questions de migration, a été créé en 2003 et s'est avéré être un instrument très efficace pour coordonner la politique de sécurité des deux pays en matière de migration.

En vertu des accords approuvés au sein de ce groupe, des patrouilles maritimes mixtes de la gendarmerie royale marocaine et de la garde civile espagnole ont été créées, parmi d'autres formules de collaboration conjointe qui ont fait leurs preuves au fil des ans.

Comme l'a souligné à plusieurs reprises le directeur marocain de la migration et de la surveillance des frontières, Khalid Zerouali, « l'Espagne et le Maroc entretiennent une coopération exemplaire, un modèle de coopération entre le nord et le sud, né d'une compréhension commune des menaces et des risques qui affectent l'Espagne et le Maroc, liés à la criminalité transfrontalière ».

La reconnaissance de l'Espagne

Cet esprit de collaboration des autorités marocaines en matière migratoire a été particulièrement mis en évidence en septembre dernier, lorsque des tentatives organisées de franchissement illégal de la frontière espagnole à Ceuta ont été très efficacement déjouées par la police et la gendarmerie royale marocaines, ce qui a permis d'éviter un nouveau saut massif des clôtures de barbelés séparant Ceuta du territoire marocain.

Des personnes prennent d'assaut une clôture de barbelés alors qu'elles tentent de franchir la frontière terrestre avec l'enclave africaine espagnole de Ceuta, près de Fnideq, dans le nord du Maroc, le 15 septembre 2024 - PHOTO/AFP

Dans ce cas, un grand nombre de ceux qui ont tenté de franchir la frontière espagnole depuis des villes proches de Ceuta telles que Tetuan et Fnideq (Castillejos) étaient des jeunes d'Algérie et de Tunisie, qui ont répondu à un appel massif via les réseaux sociaux, prétendument organisé par des gangs criminels dédiés à la traite illégale des êtres humains.

Le ministre espagnol des Affaires étrangères lui-même, José Manuel Albares, a salué le travail réalisé par les forces de sécurité marocaines à cette occasion, fruit de la collaboration entre les deux pays dans le domaine de la sécurité migratoire.

22ème réunion du Groupe Permanent

Cette collaboration bilatérale s'est renforcée ces derniers jours avec la récente réunion du Groupe Permanent sur les Affaires Migratoires, la vingt-deuxième, qui s'est tenue lundi 21 octobre dernier à Marrakech.

La réunion a été présidée, du côté espagnol, par la secrétaire d'État à la migration, Pilar Cancela, en présence de la directrice générale des relations internationales et des étrangers, Elena Garzón, et de représentants du ministère des Affaires étrangères.

Khalid Zerouali, directeur de la migration et de la surveillance des frontières au ministère marocain de l'Intérieur - AP/NADINE ACHOUI-LESAGE

La délégation marocaine était dirigée par Khalid Zerouali, directeur de la migration et de la surveillance des frontières et chef de la sécurité douanière du pays.

Au cours de la réunion, la nécessité de maintenir la collaboration bilatérale en matière migratoire afin de lutter contre les mafias, et dans la gestion conjointe des formules qui contribuent à promouvoir une migration ordonnée et sûre, a été soulignée.

Partenaire prioritaire

Au cours de la réunion, le secrétaire d'État à la Sécurité, Rafael Pérez, a qualifié le Maroc de « partenaire prioritaire » de l'Espagne en matière migratoire et l'a remercié pour son « engagement et ses efforts » face à des défis communs tels que la traite des êtres humains, la criminalité transnationale organisée et le terrorisme.

Rafael Pérez a également souligné la réduction des arrivées d'immigrants clandestins dans la zone du détroit de Gibraltar, de la mer d'Alboran et des îles Canaries orientales, grâce à la collaboration du Maroc dans la prévention de la migration irrégulière : « Les statistiques reflètent la pression migratoire sur le continent africain et entre l'Afrique et l'Europe, mais confirment également l'efficacité de notre coopération ».