Les États-Unis durcissent leur stratégie pour freiner les exportations de pétrole iranien
- Un coup dur pour l'économie iranienne
- Réactions et conséquences possibles
- Le paysage énergétique mondial
- Un scénario incertain
Les États-Unis ont intensifié leur stratégie visant à réduire à zéro les exportations de pétrole iranien en mettant en œuvre des mesures plus strictes, notamment l'inspection et l'éventuel arrêt des pétroliers iraniens sur les principales routes maritimes. Cette politique, promue par l'administration de Donald Trump dans le cadre de son deuxième mandat, vise à combler les lacunes qui ont permis à Téhéran de contourner les sanctions imposées ces dernières années.
Le gouvernement américain envisage de procéder à des inspections en mer dans le cadre de l'Initiative de sécurité contre la prolifération, un accord international créé en 2003 dans le but de lutter contre le trafic d'armes de destruction massive. L'administration Trump a l'intention d'utiliser ce mécanisme pour que les gouvernements alliés arrêtent et inspectent les pétroliers iraniens à des points stratégiques tels que le détroit de Malacca et d'autres routes commerciales essentielles.
Cette stratégie retarderait non seulement les livraisons de pétrole iranien, mais exposerait également les entreprises impliquées dans ce commerce à des sanctions et à des atteintes à leur réputation.
Face à cette situation, Trump a exprimé sa volonté de négocier un accord nucléaire avec l'Iran. À cette fin, il a envoyé une lettre aux dirigeants iraniens pour leur faire part de son espoir de voir le régime accepter le dialogue. « Il y a deux façons de traiter avec l'Iran : par la force militaire ou par un accord », a déclaré M. Trump lors d'une interview accordée à la chaîne Fox. « Je préférerais conclure un accord, car je ne cherche pas à nuire à l'Iran », a-t-il ajouté.
Un coup dur pour l'économie iranienne
L'administration Trump a clairement fait part de son engagement en faveur de la politique de « pression maximale » sur l'Iran, dont l'objectif est d'isoler le pays de l'économie mondiale et de freiner sa capacité à financer des activités militaires et nucléaires. Au cours des premières semaines de son nouveau mandat, le gouvernement américain a imposé deux séries de sanctions supplémentaires, axées sur les entreprises et sur la « flotte parallèle » de pétroliers qui opèrent sans assurance occidentale et transportent du pétrole brut depuis des pays sanctionnés.
L'application de sanctions plus sévères vise à décourager l'achat de pétrole iranien par les compagnies maritimes, les raffineries et les négociants en pétrole. Cela affecterait particulièrement les principaux clients, comme la Chine, qui a été le principal partenaire commercial de l'Iran dans ce secteur ces dernières années.
Réactions et conséquences possibles
Malgré le durcissement des sanctions, l'efficacité de ces mesures reste incertaine. L'expérience a montré que Téhéran et ses acheteurs trouvent généralement des moyens de contourner les restrictions imposées. Cependant, certains experts estiment que si le prix du pétrole reste inférieur à 75 dollars le baril, Washington aura plus de marge de manœuvre pour durcir les sanctions sans affecter radicalement l'offre mondiale.
De son côté, le président iranien, Masoud Pezeshkian, a dénoncé les nouvelles sanctions et leurs effets sur l'industrie pétrolière du pays. « Trump a une fois de plus signé des décrets imposant des sanctions à nombre de nos navires, créant ainsi une incertitude quant à la livraison de nos cargaisons de pétrole et de gaz », a-t-il déclaré au Parlement iranien.
En outre, les précédentes tentatives des États-Unis de confisquer des cargaisons de pétrole iranien ont suscité des réactions hostiles de la part de Téhéran, notamment la saisie de navires étrangers. En 2023, sous l'administration de Joe Biden, l'Iran a intercepté au moins deux navires après des tentatives américaines de confisquer du pétrole iranien, ce qui a contribué à une hausse des prix du brut.
Le paysage énergétique mondial
Le durcissement des sanctions contre l'Iran pourrait avoir des répercussions plus importantes sur le marché de l'énergie. Alors que Washington cherche à bloquer les flux de pétrole iranien, il fait également pression sur l'Irak pour qu'il reprenne les exportations de pétrole de la région semi-autonome du Kurdistan, ce qui pourrait compenser la baisse potentielle du pétrole iranien sur le marché.
Malgré les sanctions imposées ces dernières années, l'Administration américaine de l'information énergétique estime que l'Iran a généré des revenus de 53 milliards de dollars en 2023 et de 54 milliards de dollars en 2022 grâce à ses exportations de pétrole, à ses réseaux de contrebande et à ses accords avec des acheteurs asiatiques. La Russie, un autre acteur sanctionné, a adopté des stratégies similaires pour continuer à exporter du pétrole brut vers des marchés clés tels que la Chine et l'Inde.
Un scénario incertain
Bien que Washington n'ait pas encore confirmé s'il avait contacté les pays signataires de l'Initiative de sécurité contre la prolifération pour coordonner ces inspections maritimes, la possibilité que les nations alliées se joignent à la stratégie américaine est toujours en discussion. John Bolton, ancien conseiller à la sécurité nationale et architecte de l'initiative en 2003, a déclaré que l'utilisation de ce mécanisme pour freiner les exportations iraniennes « serait tout à fait justifiée », car les revenus pétroliers de l'Iran financent des activités militaires et le soutien à des groupes armés dans la région.
Pendant ce temps, les pays européens ont exprimé leur inquiétude quant à la navigation de pétroliers sanctionnés près de leurs côtes, principalement en raison des risques environnementaux associés à d'éventuelles marées noires. Cependant, aucune mesure concrète n'a encore été prise pour inspecter les navires transportant du pétrole iranien, contrairement aux restrictions imposées aux cargaisons russes.
Avec l'avancée de cette politique, on s'attend à ce que les tensions autour des exportations de pétrole iranien augmentent dans les mois à venir, alors que Washington et Téhéran poursuivent leur long bras de fer géopolitique.