Lors de la visite de John Kerry, les deux pays ont affirmé "leur intention de développer" une stratégie à long terme pour atteindre la neutralité carbone lors de la COP26

Les États-Unis et la Chine s'engagent à lutter ensemble contre la crise climatique

AFP/LUDOVIC MARIN - Envoyé spécial du président des États-Unis pour le climat, John Kerry

Washington et Pékin ont réussi à trouver un terrain d'entente dans la lutte contre le changement climatique. Dans une déclaration publiée, les deux pays ont convenu de "renforcer leurs actions respectives" contre le changement climatique et de "coopérer dans le cadre de processus multilatéraux" pour lutter contre la crise climatique, qui "doit être abordée avec le sérieux et l'urgence qu'elle requiert". Cette annonce, faite après trois jours de discussions entre l'envoyé américain pour le climat John Kerry et son homologue chinois Xie Zhenhua à Shanghai, intervient alors que la Chine et les États-Unis restent en désaccord sur des questions telles que les droits de l'homme dans la région du Xinjiang et à Hong Kong, les pressions exercées par Pékin sur Taïwan et sa guerre technologique.

Dès son premier jour dans le bureau ovale, Joe Biden a décrété le retour des États-Unis dans l'accord de Paris, revenant sur la décision de son prédécesseur Donald Trump, qui avait retiré son pays de l'accord de Paris au motif qu'il nuisait aux entreprises américaines. L'accord, négocié par John Kerry, alors secrétaire d'État du président Barack Obama, engage les nations signataires à prendre des mesures pour limiter l'augmentation de la température à deux degrés Celsius (3,6 Fahrenheit) par rapport aux niveaux préindustriels. En ce sens, Kerry et son homologue chinois, Xie Zhenhua, ont promis dans la déclaration que leurs deux pays, les plus grands émetteurs de gaz à effet de serre dans le monde, prendront des mesures spécifiques et plus ambitieuses tout au long de la décennie pour réduire les émissions conformément aux objectifs de l'accord de Paris de 2015, aspirant à "poursuivre ces efforts", y compris l'adoption d'actions climatiques renforcées" dans le but de garder "à portée de main" cette limite de l'augmentation de la température mondiale et de coopérer pour "identifier et relever les défis et les opportunités" dans ce domaine. 

Bien que le monde ne soit pas en voie d'atteindre l'objectif fixé, Biden espère que le sommet qu'il organise les 22 et 23 avril, qui réunit 40 dirigeants dont la majorité des pays doivent s'engager à relever leurs objectifs de réduction des émissions polluantes afin de se conformer à l'accord de Paris, débouchera sur des engagements plus fermes avant les négociations sur le climat menées par les Nations unies à Glasgow plus tard dans l'année. Selon le communiqué, Washington et Pékin "ont l'intention de développer" leurs stratégies à long terme pour atteindre la neutralité carbone avant le sommet COP 26 en Écosse. Ils déclarent en outre qu'ils ont l'intention de prendre les mesures appropriées pour "maximiser les investissements et les financements internationaux afin de soutenir la transition d'une énergie à forte intensité de carbone et basée sur les combustibles fossiles vers une énergie verte, à faible émission de carbone et renouvelable dans les pays en développement".

L'UE joue depuis des années le rôle de chef de file dans la lutte contre le changement climatique, même si elle a besoin de la complicité du reste des grands pollueurs. À Shanghai, Kerry et des représentants de Pékin se sont rencontrés, tandis que le président chinois Xi Jinping a tenu une réunion par vidéoconférence avec la chancelière allemande Angela Merkel et le chef de l'État français, Emmanuel Macron, pour aborder également la crise climatique. Xi, pour sa part, a répété à plusieurs reprises qu'un tel accord est "un processus irréversible" et une "boussole" pour une "action forte" sur le climat, et que son pays entend "déployer des efforts sans précédent pour assurer l'avenir des nouvelles générations" et "intensifier les efforts internationaux" dans la lutte contre le changement climatique.

En l'absence des États-Unis pendant la présidence de Trump, la Chine a pris un rôle majeur aux côtés de l'Union européenne dans la lutte contre le changement climatique, le président Xi s'étant notamment engagé l'an dernier à atteindre la neutralité carbone d'ici 2060. Cette semaine, la diplomatie chinoise s'est moquée du nouveau ton de Washington, affirmant que plutôt qu'un "retour glorieux", il s'agissait "d'un mauvais élève qui retourne à l'école après avoir séché les cours".

Lors du premier sommet de haut niveau entre les responsables de la politique étrangère et de sécurité des États-Unis et de la Chine, les États-Unis ont accusé le géant asiatique de "menacer l'ordre (mondial) fondé sur des règles qui maintient la stabilité mondiale". Ce premier sommet de haut niveau s'est transformé en une bataille diplomatique entre les deux puissances qui, au lieu de rapprocher les positions, a provoqué un fossé encore plus grand entre les deux parties.