Les États-Unis et la France pourraient sécuriser la frontière nord de la Syrie afin d'atténuer le conflit avec la Turquie
Un haut responsable kurde syrien a indiqué que des discussions étaient en cours sur la possibilité que des troupes américaines et françaises sécurisent une zone frontalière dans le nord de la Syrie, dans le cadre des efforts visant à désamorcer le conflit entre la Turquie et les forces kurdes syriennes soutenues par l'Occident.
Ankara a prévenu qu'elle mènerait une offensive transfrontalière dans le nord-est de la Syrie contre la milice kurde YPG si le groupe ne se conformait pas aux exigences turques.
La Turquie considère les YPG, qui sont dirigées par les Forces démocratiques syriennes (FDS) alliées aux États-Unis, comme un groupe terroriste lié aux militants kurdes du PKK qui ont mené une insurrection de 40 ans contre l'État turc.
Les FDS ont joué un rôle majeur dans la défaite de Daesh en Syrie entre 2014 et 2017. Le groupe détient toujours des milliers de combattants d'ISIS et leurs familles dans des camps de prisonniers, mais il est sur la défensive depuis que les rebelles ont renversé le président syrien Bachar el-Assad le 8 décembre.
Le président français Emmanuel Macron a indiqué en début de semaine que Paris n'abandonnerait pas les FDS, qui étaient l'une des innombrables forces d'opposition pendant les 13 années de guerre civile en Syrie.
"Les États-Unis et la France pourraient sécuriser efficacement l'ensemble de la frontière. Nous sommes prêts à ce que cette coalition militaire prenne cette responsabilité », a déclaré Ilham Ahmed, co-président des affaires étrangères de l'administration kurde dans le territoire du nord qui échappe au contrôle du gouvernement central syrien, selon TV5 Monde.
« Nous demandons aux Français d'envoyer des troupes à cette frontière pour sécuriser la zone démilitarisée, pour nous aider à protéger la région et à établir de bonnes relations avec la Turquie », a-t-il ajouté.
Il est difficile de savoir dans quelle mesure la Turquie serait prête à accepter une telle initiative, étant donné qu'Ankara s'efforce depuis des années de protéger sa frontière contre les menaces de la Syrie et a juré de détruire les YPG.
« Dès que la France aura convaincu la Turquie d'accepter sa présence à la frontière, nous pourrons entamer le processus de paix », a déclaré M. Ahmed. « Nous espérons que tout sera résolu dans les semaines à venir », a-t-il ajouté.
Une source au fait de la question a déclaré que de tels pourparlers étaient en cours, mais a refusé de préciser leur degré d'avancement ou de réalisme.
Washington négocie un cessez-le-feu entre les groupes soutenus par la Turquie et les FDS depuis que les combats ont éclaté lorsque les groupes rebelles ont avancé sur Damas et renversé M. Assad.
S'exprimant lors d'une conférence de presse à Paris aux côtés du secrétaire d'État américain sortant Antony Blinken, le ministre français des affaires étrangères Jean-Noël Barrot a fait allusion à des discussions sur la question.
"Les Kurdes syriens doivent trouver leur place dans cette transition politique. Nous le leur devons car ils ont été nos frères d'armes contre Daesh », a assuré M. Barrot.
« Nous poursuivrons nos efforts (...) pour faire en sorte que les préoccupations légitimes de la Turquie en matière de sécurité puissent être garanties, mais aussi les intérêts des Kurdes (syriens) en matière de sécurité et leurs pleins droits à participer à la construction de l'avenir de leur pays ».
M. Blinken a déclaré qu'il était essentiel de veiller à ce que les forces des FDS continuent à contrôler plus de 10 000 extrémistes de Daesh détenus, car il s'agit d'un intérêt légitime pour la sécurité des États-Unis et de la Turquie.
« Nous avons travaillé en étroite collaboration avec notre allié, la Turquie, pour mener à bien cette transition... C'est un processus qui prendra du temps », a déclaré M. Blinken.
Les États-Unis ont environ 2 000 soldats en Syrie qui travaillent avec les FDS pour empêcher une résurgence du groupe terroriste.
Un fonctionnaire français a fait remarquer que la France avait encore des dizaines de forces spéciales sur le terrain, ce qui remonte à son précédent soutien aux FDS, lorsque Paris fournissait des armes et de l'entraînement.