Les États-Unis proposent de créer une alliance nucléaire régionale intégrant l'Iran

Président Donald Trump - AP/CHARLIE NEIBERGALL
Washington annonce vouloir former une alliance régionale pour l'énergie nucléaire qui inclurait l'Iran, l'Arabie saoudite et d'autres pays arabes 

Les inquiétudes internationales concernant l'avancement du programme nucléaire iranien ont poussé les États-Unis à proposer la création d'un consortium nucléaire avec la participation des pays arabes et sous la supervision internationale de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). En échange, Téhéran devrait réduire au minimum ou suspendre ses activités d'enrichissement d'uranium. 

Cette initiative est importante car elle pourrait constituer une stratégie visant à réduire les tensions au Moyen-Orient. 

Il s'agit d'un tournant stratégique après les négociations nucléaires continues menées par Oman entre les dirigeants iraniens et américains, qui sert à équilibrer les ambitions stratégiques de la République islamique d'Iran. Malgré cela, le plan se heurte à la forte méfiance mutuelle qui remet en question le succès de l'accord. Cinq négociations ont en effet eu lieu sans avancée effective, même si l'annonce américaine est une reformulation de son approche par rapport aux accords précédents, incluant des aspects techniques et économiques qui visent à rendre l'accord plus attractif et qui sont liés à la crise économique interne que traverse le pays du golfe Persique. 

Au lieu de suivre les lignes directrices de leur précédent accord nucléaire conclu en 2015, les États-Unis ont choisi de s'adapter aux instabilités sécuritaires actuelles et de parvenir à geler réellement la course à l'armement nucléaire. L'accord de 2015, le Plan d'action global conjoint (PAIC), constituait une avancée significative dans laquelle l'Iran acceptait de réduire ses activités nucléaires en échange de la levée des sanctions, mais le retrait américain en 2018 a ravivé le conflit et incité l'Iran à reprendre et à perfectionner ses compétences. 

L'annonce de ce plan intervient après la publication du rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique soulignant que l'Iran continue d'accélérer sa production d'uranium hautement enrichi, ce qui constitue un signe de risque quant à la possibilité de production d'armes nucléaires, ce qui alarme directement les États-Unis et Israël. Toutefois, le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a annoncé que les armes nucléaires étaient considérées comme inacceptables, afin d'apaiser l'idée d'une possible escalade et de maintenir le discours sur le caractère pacifique de son programme nucléaire face aux puissances occidentales. 

Circuit secondaire du réacteur à eau lourde d'Arak - PHOTO/Organisation iranienne de l'énergie atomique via AP

Les analystes estiment qu'il pourrait s'agir d'une forme de pression internationale et régionale sur l'Iran et qu'un rejet de cette initiative de sa part renforcerait les doutes sur les prétendues fins pacifiques de son programme nucléaire. La Maison Blanche a souligné les détails de sa proposition dans l'intérêt de tous et le New York Times affirme que, bien qu'il ne s'agisse pas d'un plan exhaustif, il comprend une série de brèves sections sur ce possible cadre régional commun pour l'énergie nucléaire. 

La question est de savoir quelle sera la réponse de l'Iran et s'il est prêt à accepter ce nouvel accord, compte tenu de son avantage dans les négociations. Il maintient son double discours de défense de son programme nucléaire, mais de rejet des armes nucléaires. En outre, il poursuit la construction et l'expansion de son influence, de son niveau d'enrichissement et de ses capacités, qui le placent presque au seuil du nucléaire. Il dispose également d'alliés en Irak, en Syrie, au Liban et au Yémen, qui renforcent sa domination au Moyen-Orient. 

Installation nucléaire à eau lourde d'Arak, près de la ville centrale d'Arak, à 250 kilomètres au sud-ouest de la capitale, Téhéran, Iran - AP/HAMID FOROUTAN

Les inquiétudes concernant la puissance nucléaire iranienne remontent aux années 2000 et se sont intensifiées au niveau international avec la découverte des installations nucléaires non déclarées de Natanz et d'Arak. Depuis lors, les préoccupations des puissances nucléaires et de l'AIEA n'ont cessé de croître, tout comme les soupçons quant aux motivations militaires qui pourraient sous-tendre ce développement. 

Les actions américaines s'alignent sur la dynamique régionale et sur la reprise des discussions et de la coopération avec les pays du Golfe, ainsi que sur la recherche d'un équilibre sécuritaire, en particulier face à la situation dans le Golfe, au Yémen et en Syrie. À plusieurs reprises, des tentatives ont été faites pour relancer l'accord de 2015, mais sans progrès malgré les pressions internationales. Bien que l'initiative reste théorique et ne se manifeste pas encore comme un projet politique réaliste, il s'agit d'un effort de réorientation et de résolution sans précédent, pragmatique et tactique, qui vise à éviter une confrontation régionale ouverte et à agir comme une mesure de dissuasion claire vis-à-vis du rôle important de Téhéran dans l'équation.