Les États-Unis réduisent leur personnel diplomatique en Irak
L'ambassade américaine à Bagdad a décidé de retirer une partie de son personnel diplomatique pour des raisons de sécurité, alors que les intérêts américains dans le pays ont été la cible d'une série d'attaques à la roquette ces derniers mois, ont déclaré à l'AFP des responsables irakiens.
Selon des sources du Département d'Etat américain, cela est principalement dû à l'escalade des tensions avec l'Iran, suite à l'assassinat du scientifique Mohsen Fajrizadeh, considéré comme le directeur de son programme nucléaire, ainsi qu'à la proximité du premier anniversaire de l'assassinat par Washington du général iranien Qassem Soleimani, pour lequel Téhéran avait déjà mis en garde contre des représailles.
Alors que son personnel et ses intérêts ont été la cible d'attaques à la roquette et à la bombe en bord de route, Washington a pointé du doigt des groupes pro-iraniens, bombardant l'un d'entre eux, le Kataeb Hezbollah, à deux reprises en représailles.
Face à ces attaques continues, les États-Unis ont lancé un ultimatum à Bagdad, menaçant de fermer leur représentation dans cette ville, ce qui a incité les groupes pro-iraniens à convenir d'une "trêve" à la mi-octobre et à mettre fin aux attaques. Malgré de nouvelles attaques à la roquette dans plusieurs quartiers de la capitale le 17 novembre, qui ont tué une jeune femme, les Irakiens et plusieurs responsables occidentaux pensaient que la trêve pouvait durer, mais que Washington préparait encore plusieurs options, dont un retrait partiel.
L'ultimatum serait accompagné d'éventuelles sanctions contre des personnalités irakiennes. Pompeo a également menacé en octobre de retirer les 3 000 soldats américains encore déployés en Irak. Cela reviendrait à céder à l'objectif de l'Iran, ennemi numéro un de l'administration américaine, qui entend retirer les troupes américaines d'Irak, d'Afghanistan et plus largement du Moyen-Orient.
"C'est un retrait mineur basé sur les préoccupations sécuritaires des Américains, ils devraient revenir, c'est juste une mesure de précaution", a déclaré une source irakienne à l'AFP, sous couvert d'anonymat. "Nous en avions été informés et les principaux diplomates, dont l'ambassadeur, sont toujours là. Il n'y a pas de pause diplomatique", a ajouté la source. Selon un deuxième responsable irakien, ce retrait partiel vise à "minimiser les risques" sans préciser le nombre de diplomates américains, sur les quelques centaines présents dans le pays, qui partent.
Le Département d'Etat américain, pour sa part, a refusé tout commentaire, rappelant que la sécurité des représentants américains, ainsi que celle de ses citoyens et de ses installations "reste notre priorité absolue", tout en précisant que l'ambassadeur Matthew Tueller était toujours à Bagdad. Selon les informations fournies, la réduction du personnel est "temporaire".
Tout cela précède le 20 janvier, date à laquelle aura lieu le transfert du pouvoir à la Maison Blanche à Joe Biden. Donald Trump a poursuivi une stratégie de "pression maximale" sur l'Iran qui a également inquiété ses alliés dans l'Irak voisin. Plusieurs médias américains n'excluent pas la possibilité d'une action militaire de dernière minute du président américain sortant contre les intérêts iraniens en Irak.