Les États-Unis répliquent à la Chine dans le Pacifique Sud avec les visites parallèles de Blinken et d'Austin
Les États-Unis renforcent leur engagement dans le Pacifique Sud avec deux visites distinctes dans les pays de la région, entamées mercredi par le secrétaire d'État Antony Blinken et le secrétaire à la Défense Lloyd Austin, qui cherchent à contrecarrer l'influence croissante de la Chine dans la région.
Blinken a devancé Austin de quelques heures à son arrivée à la première destination de sa tournée, les Tonga, où l'un des objectifs était d'inaugurer officiellement la nouvelle ambassade américaine, ouverte en mai à Nuku'alofa, la capitale de ce pays polynésien de quelque 100 000 habitants, dévasté en 2020 par un volcan et un tsunami.
De là, le chef de la diplomatie américaine a accusé aujourd'hui la Chine, lors d'une conférence de presse, de "comportement de plus en plus problématique" dans l'Indo-Pacifique, et a critiqué les "revendications maritimes illégales" et la "militarisation des zones contestées" comme la mer de Chine méridionale, que Pékin revendique dans sa quasi-totalité.
Toutefois, il a également déclaré sur un ton plus conciliant qu'il espérait "bien travailler" avec le nouveau ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, qui a occupé ce poste de 2013 à 2022 - année où il s'est rendu aux Tonga dans le cadre d'une tournée dans le Pacifique Sud - et qui a repris son ancien poste la veille pour remplacer Qin Gang.
Ce dernier a été évincé mardi sans explication, après un mois passé loin des yeux du public chinois.
Le chef de la diplomatie américaine poursuivra sa tournée par des visites en Nouvelle-Zélande et en Australie, où il participera, vendredi et samedi, avec M. Austin à la réunion ministérielle annuelle avec ses homologues australiens afin d'aborder des questions stratégiques bilatérales.
Austin est arrivé en Papouasie-Nouvelle-Guinée mercredi, première visite d'un chef du Pentagone dans ce pays.
"C'est un honneur d'être le premier secrétaire américain à la défense à se rendre en Papouasie-Nouvelle-Guinée, en particulier à un moment où les relations entre nos deux pays connaissent une évolution historique. Je suis impatient de faire progresser notre coopération en matière de défense et de moderniser notre alliance", a souligné Austin sur son compte Twitter à son arrivée.
Son voyage fait suite à la signature, en mai, d'un pacte de sécurité bilatéral qui permettra à l'armée américaine d'accéder aux ports et aux aéroports de Papouasie-Nouvelle-Guinée, après avoir été présenté au parlement papouan-néo-guinéen le mois dernier.
La Papouasie-Nouvelle-Guinée, une nation appauvrie d'environ dix millions d'habitants dans le Pacifique Sud, riche en ressources naturelles, y compris d'importantes réserves de gaz, est devenue une destination recherchée ces derniers mois dans le contexte du bras de fer entre la Chine et les États-Unis et leurs partenaires pour accroître leur influence dans la région.
Après Austin, le président français Emmanuel Macron devrait se rendre dans le pays vendredi, dans le sillage des récentes visites du Premier ministre indien Narendra Modi, du dirigeant néo-zélandais Chris Hipkins, du dirigeant indonésien Joko Widodo et de Blinken lui-même en mai.
Ces derniers mois, les États-Unis ont courtisé plusieurs nations insulaires de la région du Pacifique Sud, autrefois oubliée, notamment à la suite du pacte de sécurité conclu entre la Chine et les Îles Salomon en avril 2022 et des ambitions ultérieures de Pékin de signer un accord multilatéral avec une douzaine de pays.
La proximité entre la Chine et les îles Salomon suscite également la méfiance de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande, dont les dirigeants, l'Australien Anthony Albanese et son homologue néo-zélandais Chris Hipkins, ont accusé mercredi Pékin de "saper" l'équilibre de la région.
Les deux dirigeants ont notamment fait référence à un nouvel accord de coopération policière signé au début du mois entre Pékin et Honiara, dans un communiqué commun publié aujourd'hui à l'issue de leur réunion annuelle à Wellington.
L'administration américaine, alliée de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande, a entrepris d'établir des relations plus étroites avec les îles du Pacifique afin de contrer l'influence économique et sécuritaire de la Chine.
Entre autres mesures, les États-Unis ont également décidé en février dernier de rouvrir leur ambassade dans les îles Salomon après trois décennies d'absence diplomatique.
Parallèlement, Washington cherche à apaiser les tensions avec le gouvernement chinois afin d'éviter tout conflit. C'est pourquoi Blinken s'est rendu à Pékin en juin, bien que les relations en matière de défense restent tendues.