La France enverra la première liste d'expulsés à l'Algérie

Bruno Retailleau, ministre français de l'Intérieur - REUTERS/ BENOIT TESSIER
Dans un premier temps, une liste sera établie, comprenant une dizaine d'Algériens résidant en France, mais ce nombre pourrait augmenter à l'avenir

Les relations entre Paris et Alger traversent une mauvaise passe, marquée par des tensions diplomatiques, notamment en raison des refus de l'Algérie en matière d'immigration. Dans ce contexte, le ministre de l'Intérieur de la République française, Bruno Retailleau, a organisé une rencontre avec le président français, Emmanuel Macron, pour lui faire part de la décision d'envoyer une lettre aux autorités algériennes, dans laquelle figurent une dizaine d'Algériens résidant en France et qui, pour diverses raisons, doivent être expulsés. 

Bruno Retailleau, ministre français de l'Intérieur - REUTERS/ SARAH MEYSSONNIER

La France espère que le gouvernement d'Abdelmadjid Tebboune acceptera la liste et l'interprétera comme un geste de bonne volonté en vue d'une réconciliation. Cependant, Emmanuel Macron a insisté à plusieurs reprises sur le fait que les relations bilatérales ne peuvent pas être rétablies. « Le calme ne peut être décrété unilatéralement », a-t-il déclaré. 

Après des dizaines de cas comme celui des influenceurs Doualemn, Zazou et Imadtintin ; ou le cas de l'écrivain franco-algérien Sansal Boualem en novembre dernier, qui est toujours emprisonné à Alger, Bruno Retailleau a indiqué que l'idée initiale des autorités françaises était d'établir une liste de centaines d'Algériens, bien que pour l'instant seulement une douzaine de résidents algériens y figurent. « Il s'agit de la première liste, mais nous n'excluons pas qu'elle soit ni la seule ni la dernière », a-t-il conclu. 

Boualem Sansal, écrivain franco-algérien - PHOTO/ARCHIVO

En outre, les événements survenus dans la ville de Mulhouse le 22 février, causés par un citoyen algérien sous le régime de l'OQTF (Obligation de quitter le territoire français), ont fini par aggraver la situation. Une source présente à la réunion a indiqué que la liste pourrait être publiée cette semaine. 

Depuis qu'Emmanuel Macron a reconnu le plan d'autonomie marocain pour la région du Sahara occidental le 30 juillet 2024, les relations bilatérales sont très dégradées. 

Depuis lors, les visites de diplomates français dans les villes sahariennes de Dakhla, Laayoune et Tarfaya sont devenues courantes et sont considérées, par la France et le Maroc, comme des gestes de rapprochement et de soutien à des relations qui sont à leur meilleur. De même, des gestes tels que l'inclusion de la région du Sahara occidental sur les cartes comme faisant partie du territoire marocain ont également contribué à la situation actuelle. 

Le président français Emmanuel Macron s'exprime lors de rencontres d'affaires entre le Maroc et la France - REUTERS/ ABDELHAK BALHAKIA

Cependant, Emmanuel Macron a été concis quant à son souhait concernant les relations avec l'Algérie, malgré les « intoxications » provenant du président algérien, Abdelmadjid Tebboune, dans son dernier entretien avec le média L'Opinion. En revanche, la presse algérienne a interprété les propos de Macron comme un geste rassurant, mais lorsque le palais de l'Élysée a été consulté sur la possibilité d'une rencontre entre les présidents, il n'y a pas eu de réponse. 

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune - PHOTO/ Pavel Bednyakov/Agencia de fotografía anfitriona RIA Novosti vía REUTERS

En accord avec Macron, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, est intervenu pour réitérer le souhait de la France d'entretenir des relations saines avec le pays, par extension, le plus grand d'Afrique. « La France aspire bien sûr à entretenir de bonnes relations avec l'Algérie, un pays voisin avec lequel nous partageons de nombreux liens historiques », a conclu le ministre. 

La France s'inquiète du retour possible de djihadistes algériens ou franco-algériens depuis la Syrie. La situation est complexe, car la situation de l'Algérie n'est pas simple car elle est bordée au sud par des pays qui ont subi 1 attentat terroriste sur 5 dans le monde ces dernières années. 

Pour Macron, il est important de maintenir de bonnes relations avec le pays nord-africain, car l'échange d'informations dans le domaine du renseignement et de la lutte contre le terrorisme est l'une des principales préoccupations du dirigeant français.