La France, les Etats-Unis et les Emirats se méfient des ambitions turques en Méditerranée orientale
Bien que la politique étrangère et expansionniste de la Turquie ne soit pas nouvelle, les réactions contre elle de la part des dirigeants occidentaux commencent maintenant à se matérialiser. Emmanuel Macron a eu des conversations téléphoniques vendredi avec Donald Trump et le prince héritier d'Abou Dhabi, Mohammed bin Zayed Al Nahyan, et a assuré sur son compte Twitter que ses opinions sont proches de celles de ces deux dirigeants concernant l'expansionnisme de la Turquie en Méditerranée orientale et en Libye. Les trois dirigeants rejettent la dérive prise par la politique étrangère turque.
"Nos points de vue sont proches. Notre intérêt commun est la paix et la sécurité. Nous veillerons à ce qu'ils soient respectés", a expliqué Emmanuel Macron dans un tweet publié sur son profil vendredi. Macron a posté ce message après que la Turquie ait accusé son pays d'"intimidation" en Méditerranée orientale et menacé la Grèce.
Malgré les avertissements de l'Occident et de ses alliés au Moyen-Orient, la Turquie n'a pas repensé son expansion en Méditerranée orientale, ignorant les appels internationaux à la nécessité de mettre fin aux activités d'exploration illégales. En fait, la nation eurasienne a déjà commencé l'exploration de la Méditerranée orientale cette semaine.
L'amendement à l'attitude de la Turquie a également trouvé un écho outre-Atlantique. La Maison Blanche a publié une déclaration annonçant que le président américain Donald Trump partage les préoccupations de la France concernant les aspirations de la Turquie. Trump et Macron ont eu une conversation téléphonique vendredi pour convenir de leur position sur les questions de politique étrangère concernant la Libye ou la Turquie.
La Méditerranée orientale a connu de fortes tensions cette semaine avec l'envoi par Ankara d'un navire d'exploration accompagné de deux navires militaires dans une zone riche en réserves de gaz et que la Grèce revendique comme la sienne. Athènes condamne ce qu'elle considère comme une violation de son espace maritime par Ankara, puisque le navire de recherche turc est déployé au sud de l'île grecque de Kastelorizo. Mais la Turquie refuse de reconnaître que cette petite île, située à deux kilomètres au large des côtes turques et à plus de 500 kilomètres des côtes grecques, limite ses possibilités de déplacement.
Face à cette pression de la Turquie, la France a déployé des avions militaires et deux navires de la marine dans la région pour soutenir la Grèce. Le ministre turc des affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, est allé jusqu'à traiter la France de "brute". Les dirigeants de l'Union européenne se sont réunis vendredi et ont exprimé leur solidarité et leur soutien à la Grèce contre la Turquie. Les ministres européens ont appelé à une "solution négociée" et à une "désescalade", car ils ont décidé de continuer à discuter de la question lors d'une prochaine réunion fin août, selon plusieurs responsables.
Signe de la détérioration de la situation, Ankara a confirmé vendredi qu'elle avait répondu à une tentative d'attaque contre le navire d'exploration "Aruj Reis". Jeudi, M. Erdogan a déclaré qu'un navire militaire turc "a réagi de manière appropriée et est retourné à son port", ajoutant que "si cela continue, la réponse sera. Le journal grec Kathimerini a rapporté qu'une frégate grecque était entrée en collision avec un navire turc mercredi, mais le chef d'état-major grec n'a pas confirmé cet incident.
La découverte d'importantes réserves de gaz en Méditerranée orientale ces dernières années a conduit à une escalade des tensions entre la Turquie et la Grèce, deux voisins dont les relations ont toujours été tendues. L'espace aérien et maritime ou le différend sur l'île de Chypre sont deux autres questions qui intensifient les relations entre la Grèce et la Turquie depuis des années.
Afin de renforcer son expansion en Méditerranée orientale, la Turquie a signé l'année dernière un accord controversé de délimitation des frontières maritimes avec le gouvernement d'accord national libyen, reconnu par les Nations unies, afin d'établir une zone économique exclusive. Cependant, la plupart des pays de la région ont rejeté l'accord. Dans une tentative de contrer Ankara, la Grèce a signé un accord similaire avec l'Egypte la semaine dernière, ce qui a provoqué la colère du gouvernement turc.