La France travaille à la reconstruction diplomatique avec le Maroc
L'intensification des contacts entre Paris et Rabat va dans le même sens. A la recherche d'une amélioration diplomatique, les parlementaires parisiens sont déterminés à tourner la page, à apaiser les tensions et à trouver une solution pour le rétablissement des relations bilatérales avec le Royaume du Maroc. Pour que les différends politiques soient résolus avec des dimensions souveraines, Rabat a besoin de plus que de discours symboliques, de protocole et de visites officielles.
Malgré la visite de la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, dans la capitale marocaine, Rabat, en décembre, dans le but de résoudre les questions litigieuses qui ont endommagé les liens entre les deux nations, les relations maroco-françaises ont récemment atteint un niveau historiquement bas à tous les niveaux. Un diplomate marocain, qui a souhaité garder l'anonymat, a confirmé dans le magazine français Jeune Afrique que les relations "ne sont ni amicales ni bonnes, ni entre les deux gouvernements, ni entre le Palais royal et l'Élysée".
Deux délégations françaises se sont rendues dans l'État alaouite en 2023. La première, en avril, conduite par Eric Ciotti, chef du parti Les Républicains, a mis sur la table l'idée d'améliorer la qualité des relations et de relancer des projets communs. Lors de la seconde visite, qui s'est achevée il y a deux jours, les parlementaires français ont réitéré l'engagement de Paris à rétablir les relations avec l'un de ses principaux partenaires économiques et sociaux.
La nécessité de faire progresser les relations franco-marocaines et de surmonter les tensions récentes a été évoquée lors de la rencontre entre la délégation du Sénat français et Nizar Baraka, secrétaire général du Parti de l'Istiqlal et ministre de l'Équipement et de l'Eau, Abdellatif Wehbi, secrétaire général du Parti de l'authenticité et de la modernité (PAM) et ministre de la Justice. La question des restrictions en matière de visas, qui ont affecté de manière disproportionnée les Marocains résidant à l'étranger, a notamment été soulevée.
S'adressant à la presse, le chef de la délégation et président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat français, Christian Cambon, a exprimé le souhait que "cette visite d'amitié franco-marocaine soit l'occasion de réaffirmer l'amitié profonde, éternelle et solide entre la France et le Maroc". Il arrive que notre gouvernement soit confronté à des problèmes mineurs, mais le rôle de notre Assemblée parlementaire est d'intervenir et de s'efforcer de résoudre ces problèmes, a-t-il déclaré.
Pour sa part, Mohamed Zidouh, président du groupe d'amitié franco-marocain, a souligné "l'importance de la visite de la délégation parlementaire française pour donner un nouvel élan aux relations bilatérales et renforcer la méthode du dialogue commun pour consolider davantage la confiance", affirmant que "le Maroc est devenu un pôle de stabilité dans la région du Sahel et du Sahara en général".
Les actions des instances officielles et officieuses en France pour contenir la crise franco-marocaine, selon Hicham Moataad, expert marocain en relations internationales, sont liées à l'adoption d'une position politique à l'égard de l'Etat français et pas seulement de relations publiques. Malgré des démarches encourageantes, Rabat a besoin de plus que des discours symboliques, du protocole et des visites officielles pour résoudre des différends politiques de dimension souveraine", poursuit-il dans Al-Arab.
Il a souligné à Al-Arab que "la présidence française résiste encore à la demande du Maroc sur la nécessité de sortir de la zone grise et d'être politiquement clair dans ses relations avec le Royaume sur un certain nombre de dossiers importants, dont le principal est le dossier du Sahara, et de rester à l'écart de la politique de pression contre Rabat pour compromettre sa position de principe".
Suite aux développements, notamment les importants investissements marocains réalisés pour le développement économique de la région, le chef de la délégation française, Christian Cambon, a souhaité que "la France aille un peu plus loin dans son soutien au plan d'autonomie du Maroc au Sahara occidental", ajoutant que "la France a toujours été aux côtés du Maroc aux Nations Unies, et qu'elle saura, le moment venu, prendre les décisions qui s'imposent".