La France veut supprimer l'accord permettant aux fonctionnaires algériens d'entrer dans le pays sans visa

Le ministre français de l'Intérieur Gerald Darmanin - REUTERS/ STEPHANIE LECOCQ
L'accord de gouvernement signé en 2013 permettait jusqu'à présent aux élites algériennes de voyager et de circuler librement sans visa sur le territoire français
  1. Affaire Doualemn
  2. Méga-prison

Le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, a annoncé dans une interview accordée au média français LCI que les derniers « accrochages » diplomatiques entre la France et l'Algérie ont conduit à la décision de « supprimer » l'accord gouvernemental franco-algérien qui permettait à plus d'un millier de diplomates algériens de circuler librement en France sans avoir besoin d'un visa. 

La décision communiquée par le ministre n'affectera pas la population d'origine algérienne résidant en France, les citoyens algériens ou les « pieds-noirs », qui sont les Français ayant résidé sur le territoire algérien pendant la période coloniale française. « Cette mesure de rétorsion n'aura aucun impact sur les 10 % de nos concitoyens qui ont des liens de sang, de terre et de culture avec la France », a précisé Darmanin. 

Passeport de la République d'Algérie - Depositphotos

La résolution vise à porter un coup à l'élite algérienne. Selon le ministre, la décision de priver les Algériens détenteurs de passeports officiels ou diplomatiques est « la chose la plus intelligente, la plus efficace et la plus rapide à faire ». Les relations entre les deux pays ne sont pas au beau fixe. Les accusations des médias et des politiciens algériens sont une constante de la diplomatie nord-africaine.  

« Nous sommes à un moment très critique et cette humiliation qu'on veut nous infliger n'est pas acceptable. L'Algérie doit respecter la France et la France doit respecter l'Algérie », a conclu le ministre. L'Algérie accuse à son tour la France de vouloir favoriser l'escalade du conflit par une campagne de discrédit, de désinformation et de déformation de la réalité algérienne. 

Les autorités françaises ont arrêté plusieurs influenceurs algériens résidant sur leur territoire, accusés de terrorisme et d'incitation à la violence et à la haine, ce qui a fait monter la tension diplomatique entre l'Algérie et la France - REUTERS/ PHILLIPPE WOJAZE

Affaire Doualemn

Le dernier cas en date est celui de l'arrestation à Montpellier, dans le sud de la France, de l'influenceur algérien Doualemn, dont le permis de séjour a été annulé après qu'il a appelé à la torture de l'opposant au chef du régime algérien, Abdelmadjid Tebboune.

Du point de vue algérien, cet emprisonnement est une « décision arbitraire de l'ultra-droite française ». Les événements entre les deux pays ne concernent pas seulement l'emprisonnement de l'influenceur. 

L'arrestation de l'écrivain franco-algérien par le régime militaire au pouvoir en Algérie est l'une des principales préoccupations du ministère français des Affaires étrangères. 

Les procureurs français ont annoncé que l'influenceur algérien connu sous le nom de « Zazo Youssef » sera jugé en France pour incitation au terrorisme via TikTok - PHOTO/ REDES SOCIALES

Les procureurs français ont également annoncé que l'influenceur algérien, connu sous le nom de « Zazo Youssef », sera jugé en France pour incitation au terrorisme via TikTok. En réponse, le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau, selon Darmanin, a clairement indiqué que l'attitude de l'Algérie est « absolument inacceptable » et qu'elle « entend humilier la France ». 

L'ancien Premier ministre français Gabriel Attal, dans une tribune publiée dans le quotidien français Le Figaro, s'est exprimé dans le même sens, appelant à la dénonciation de l'accord franco-algérien de 1968 et au devoir de fixer des limites et d'assumer le rapport de force. 

« Face à un régime algérien de plus en plus provocateur, il est temps d'assumer l'équilibre des forces. Et de faire respecter la voix de la France. Entre l'aveuglement de l'extrême gauche et la haine aveugle de l'extrême droite, il y a une voie : celle d'une nouvelle relation avec l'Algérie, une relation dépassionnée, fondée sur le respect. Respect de nos lois, de nos frontières, de nos intérêts et entre nos deux peuples », a déclaré Gabriel Attal au Figaro. 

L'ancien premier ministre français Gabriel Attal, membre du parlement - REUTERS/ SARAH MEYSSONNIER

Méga-prison

Par ailleurs, Gérald Darmanin a annoncé dans la même interview qu'il allait créer une méga-prison pour « les 100 plus gros trafiquants de drogue du pays », ce qui constitue une décision forte et affirmée visant à montrer aux propriétaires du marché de la drogue que les criminels ne mèneront plus la belle vie en France. 

« Nous allons prendre une prison française, la vider complètement et la transformer en une forteresse sécurisée. Ces criminels ne pourront plus téléphoner, commander leur trafic ou menacer qui que ce soit », a-t-il expliqué.