Un groupe armé s'empare du siège du gouvernement libyen
Huit jours ont séparé le peuple libyen de son rêve électoral. Les efforts de la communauté internationale ont toujours eu un objectif qui, à mesure que la date approche, semble s'estomper. Le 24 décembre était marqué en rouge sur les calendriers de tous les pays qui ont participé à l'avènement d'une démocratie qui subit un coup terrible à un peu plus d'une semaine du grand jour. Un groupe armé a été déployé aux premières heures de la matinée de mercredi à jeudi à Tripoli, assiégeant plusieurs bureaux gouvernementaux, dont le Conseil présidentiel, le gouvernement et le ministère de la Défense.
Mohamed Menfi, président du Conseil présidentiel, a été déplacé dans un lieu sûr par crainte d'un enlèvement, ont indiqué des sources dans la capitale au média Al-Sharq. Le groupe d'insurgés s'est emparé du siège du Conseil dans la nuit de mercredi à jeudi et des hommes armés contrôlent actuellement la zone autour du bâtiment. Les médias locaux ont fait état d'affrontements entre des membres du groupe révolutionnaire - selon des sources d'Al-Sharq, loyal à Abdel Basset Marwan - et des forces assurant la sécurité du Conseil présidentiel.
Cette attaque pourrait trouver son origine dans la décision d'écarter Basset Marwan lui-même de la tête du commandement du district militaire de Tripoli, étant relevé par Abdel Qader Mansour. En outre, au moment même où les différents sièges ont été saisis, des militants de la région de Misurata - dans le nord du pays, près de Tripoli - ont diffusé une vidéo montrant un discours de Salah Badi, chef d'Al Samoud, l'un des groupes armés de l'ouest de la Libye, dans lequel il affirmait se coordonner avec d'autres groupes pour assiéger les institutions de l'État afin de freiner les efforts démocratiques.
Badi a derrière lui une longue liste de sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU pour son "rôle de premier plan dans les combats (...) à Tripoli, qui ont débuté le 27 août 2018, au cours desquels au moins 115 personnes, pour la plupart des civils, ont été tuées". Déjà à l'époque, l'ONU l'avait accusé de tenter de "saper systématiquement la réalisation d'une solution politique en Libye en soutenant la résistance armée". Aujourd'hui, plus de trois ans plus tard, il est toujours dans la même position, essayant de mettre fin à des mois de travail qui sont, ou du moins étaient jusqu'à cette attaque, le point culminant des élections prévues pour le vendredi 24 décembre.
Certains de ces groupes mentionnés par Salah Badi ont participé à l'attaque aux premières heures du mercredi matin. Les routes Shatt, Al-Sikka et Abu Sitta, qui mènent au siège de la présidence du gouvernement et à la mairie de Tripoli, ont été coupées par d'autres groupes coordonnés par Badi. A l'heure actuelle, les milices armées contrôlent toujours les bâtiments gouvernementaux et ont assuré par un communiqué qu'"il n'y aura pas d'élections présidentielles en Libye. Nous fermerons toutes les institutions d'État à Tripoli". Le leader d'Al Samoud entend mettre un terme au processus démocratique et empêcher la transition vers un nouveau gouvernement, tandis que la communauté internationale assiste à l'échec de ses efforts.