Un groupe rebelle bloque un pont sur l'autoroute stratégique reliant Alep et Lattaquié
Un groupe armé non identifié a fait sauter un pont de l'autoroute M4 mercredi. Le responsable de cet attentat, selon plusieurs médias locaux, pourrait être un milicien du groupe syrien Jebhat al-Nusra. Dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu signé entre Ankara et Moscou le 5 mars, les forces armées russes et turques effectuent depuis quinze jours des patrouilles conjointes sur les autoroutes Alep-Damas et Alep- Lattaquié.
L'accord signé entre Poutine et Erdogan prévoyait la création d'un « corridor de sécurité » d'au moins six kilomètres autour de l'autoroute reliant Alep et Lattaquié, connue sous le nom de M4. Après avoir à nouveau bloqué cette route stratégique en faisant exploser un pont situé sur la route empruntée par les milices turques et syriennes, le trafic sur cette route stratégique a été interrompu, selon l'agence de presse russe TASS.
D'autre part, plusieurs médias locaux ont expliqué que le pont est situé dans le village d'al-Kafeir dans la région de Jisr al-Shughur et qu'il a été fait exploser à l'aide d'explosifs par des groupes rebelles pour couper la route internationale M4 et ne pas la remettre en service, selon l'agence de presse officielle syrienne SANA.
La zone de désescalade des tensions dans la province d'Idlib reste vulnérable. Malgré l'accord de cessation des hostilités signé entre Ankara et Moscou, la situation reste compliquée. Les menaces et les attaques dans la région dite de Poutine et d'Erdogan s'intensifient de semaine en semaine. Cette menace est désormais aggravée par la situation causée par la pandémie de coronavirus, qui pourrait avoir des conséquences désastreuses dans la région si des mesures ne sont pas prises à temps. La raison des négociations lors du sommet turco-russe au début de ce mois était l'aggravation de la situation à Idlib, où une offensive de grande envergure de l'armée syrienne a commencé en janvier.
Alors que les forces fidèles au président Bachar Al-Asad ont récupéré près de la moitié de la zone de désescalade à Idlib, Ankara a décidé d'accroître sa présence dans la région du nord et a lancé l'opération « Bouclier de printemps ». La Turquie a déployé des milliers de soldats et de véhicules militaires dans la province d'Idlib pour « arrêter l'avancée des forces gouvernementales syriennes dans la région », qui a forcé plus d'un million de personnes à quitter leurs foyers.
Le ministre turc de la défense, Hulusi Akar, a annoncé fin février le début de l'opération militaire « Bouclier de printemps » en réponse aux attaques de l'armée syrienne contre les forces turques déployées dans la région d'Idlib, qui ont entraîné la mort de plus de 30 soldats turcs. La Turquie a affirmé travailler à la protection des civils dans la région, comme le stipule l'accord signé en septembre 2018 avec la Russie alliée à Damas. Cet accord interdit les actes d'agression dans la zone de désescalade établie autour d'Idlib.
La dernière initiative de la Turquie dans cette région a été d'établir un nouveau poste militaire dans la ville d'Al-Kufayr dans la campagne de Jisr Al-Shughur, à l'ouest d'Idlib, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, une organisation basée à Londres. Il a déclaré qu'un groupe armé avait piégé et fait exploser le pont Al-Kufayr sur la route internationale Lattaquié-Aleppo (M4) à l'ouest du village de Jisr Al-Shughur mercredi. « Cet incident vient s'ajouter aux pratiques de ce type de groupe qui exprime son rejet du récent accord entre la Turquie et la Russie », ont-ils déploré.
C'est le deuxième pont qui a été détruit par les rebelles dans la province d'Idlib depuis la mise en place de l'accord de Moscou le 5 mars dernier, selon l'Al Masdar News. L'armée russe n'a pas pu effectuer ses patrouilles le long de l'autoroute M-4 en raison des menaces constantes pesant sur sa sécurité. Les milices russes se sont donc abstenues de ces patrouilles après qu'un de leurs convois ait été bloqué par plus de 60 manifestants. Selon le Centre de réconciliation russe, la Turquie a promis d'expulser ces milices extrémistes de l'autoroute, mais ne l'a pas fait jusqu'à présent.