Les Houthis réalisent une nouvelle avancée dans la guerre au Yémen
Les tensions et les violences se poursuivent au Yémen. Les Houthis ont pris le contrôle du Mont Hilan, très proche de Marib. Les rebelles se battent depuis un certain temps pour le contrôle de la région et ont intensifié leur offensive en février. La région de Marib est le dernier bastion du gouvernement dans le nord du pays, avec d'importantes réserves de pétrole et de gaz. Le groupe chiite est à la porte de son objectif.
Le gouvernement yéménite a critiqué cette avancée et considère que Marib est "en danger". La région abrite un grand nombre de troupes gouvernementales et près de deux millions de personnes déplacées d'autres régions du pays. "Ils ont pris le contrôle du mont Hilan entourant Marib après des combats qui ont fait des dizaines de morts", a déclaré à l'AFP un officier militaire gouvernemental. Par ailleurs, le ministère de la défense a déclaré que "la milice terroriste houthie a subi des défaites successives importantes sur plusieurs champs de bataille à la périphérie de la province de Marib". Ils font également état de "lourdes pertes matérielles et humaines" au sein du mouvement rebelle.
La communauté internationale a condamné l'offensive des Houthis. L'ONU a exprimé son inquiétude face à la nouvelle escalade de la violence et à la situation humanitaire dans le pays. "Les combats constituent une menace pour les tentatives de mettre fin à la guerre au Yémen alors que la communauté internationale est de plus en plus unie pour mettre fin au conflit", a déclaré le Conseil de sécurité. Certains pays occidentaux ont également condamné cette conquête par les Houthis. Une déclaration commune publiée par le département d'État américain a critiqué l'attaque : "Nous, les gouvernements de la France, de l'Allemagne, de l'Italie, du Royaume-Uni et des États-Unis, condamnons l'offensive des Houthis dans la ville yéménite de Marib et l'escalade massive des attaques des Houthis contre l'Arabie saoudite. Cette condamnation des actions des Houthis par les États-Unis intervient après que l'administration Biden a cessé de considérer les rebelles chiites comme une organisation terroriste".
Ce mouvement de guerre coïncide avec une série d'attaques menées par le groupe rebelle contre l'Arabie saoudite. Début mars, ils ont attaqué une compagnie pétrolière d'État à Jeddah, dans l'ouest du pays. Il y a également eu une augmentation des tirs de drones explosifs et de missiles contre le territoire saoudien. Les Houthis ont déclaré qu'ils ne cesseraient pas leurs attaques tant que l'Arabie saoudite ne lèverait pas le blocus aérien et maritime, une condition fondamentale pour un cessez-le-feu.
Cette nouvelle escalade va encore aggraver la situation au Yémen. Selon l'ONU, la guerre au Yémen est la crise humanitaire la plus grave au monde depuis le début de l'intervention internationale en 2015. Cette année-là, les Houthis ont pris la capitale du pays, Sanaa, et le gouvernement yéménite a donc demandé à ses alliés d'Arabie saoudite et des Émirats arabes unis de lancer une campagne militaire pour expulser les rebelles. L'Iran, un ennemi majeur de Riyad, a financé et fourni une formation militaire aux Houthis, bien que le groupe rebelle ait à plusieurs reprises agi contre l'avis de Téhéran pendant la guerre. En 2018, les deux parties en guerre ont réussi à trouver un accord à Stockholm, sous la médiation de l'ONU. Cette percée est considérée comme un point de départ pour mettre fin à la guerre. L'année 2020 a été marquée par un autre moment important, puisque le premier échange de prisonniers a été approuvé après plusieurs réunions des parties belligérantes yéménites en Jordanie. Cependant, les derniers affrontements rendent les négociations de paix de plus en plus difficiles.