Les mots "naïf" et "indécis" sont les insultes divulguées par Macron qui donneront le ton de la visite de Tebboune à Paris

Les insultes de Macron font monter la tension avant la rencontre avec Tebboune

AFP/LUDOVIC MARIN - Le président français Emmanuel Macron (G) assiste à un banquet offert par le président algérien Abdelmadjid Tebboune (D) au palais présidentiel à Alger.

La position de l'Algérie, due en partie à ses alliances avec le bloc russo-iranien, a poussé le gouvernement Tebboune à modifier sa stratégie de communication. Cette visite s'inscrit dans le cadre de la nouvelle stratégie diplomatique de l'Algérie, qui vise à renforcer les alliances avec les pays ayant des relations politiques "cordiales" et à utiliser les ressources économiques du pays pour gagner en influence politique et stratégique. En particulier, ses opinions sur le président algérien Abdelmajid Tebboune, qui ont été reflétées dans une fuite récente le décrivant comme "naïf" et "indécis" et l'Algérie comme un "marché de pacotille russe". Cela pourrait affecter l'atmosphère dans laquelle se déroule la visite de Tebboune à Paris et même conduire à son annulation.

AFP/LUDOVIC MARIN - Le président français Emmanuel Macron (à gauche) et le président algérien Abdelmadjid Tebboune (à droite) assistent à une conférence de presse conjointe au palais présidentiel à Alger

Dans l'enregistrement qui a fait l'objet d'une fuite, Emmanuel Macron qualifie Tebboune de "naïf" et d'"incapable de prendre des décisions", ce qui laisse entendre que l'institution militaire exerce un véritable contrôle sur les affaires du pays en coulisses. Il compare également la nation nord-africaine à un "marché de pacotille russe", en référence à sa dépendance à l'égard des armements. Dans le même temps, le président français a exhorté les Européens à traiter le régime algérien avec sagesse et respect, car il s'agit d'un fournisseur majeur de pétrole et de gaz pour le continent. "Si le Maroc avait l'intention de nuire à l'Algérie, il l'aurait dévorée en une circonstance record, mais ses autres priorités qui comptent pour lui l'en détournent" et que "si ces propos avaient été révélés, la situation aurait explosé", concluent les audios divulgués.

Le gouvernement algérien fait un effort impressionnant pour inclure la France dans les discussions sur les crimes qui se déroulent au Sahara occidental et le conflit entre le Maroc et le Front Polisario - un mouvement séparatiste soutenu financièrement et militairement par l'Algérie - à l'ordre du jour de la prochaine visite d'État du président algérien Abdelmajid Tebboune en France.

Les autorités algériennes souhaitent mener ces discussions dans le cadre de leur dialogue bilatéral avec la France par la voie diplomatique sur les principales questions géopolitiques régionales dont l'évolution intéresse à la fois la France et l'Algérie. Abdelmajid Tebboune sera accompagné du chef de la diplomatie algérienne, Ahmed Attaf, lors de sa visite en France. Le régime algérien a déclaré que son objectif à ce stade est de convoquer une réunion officielle entre les diplomates algériens et français pour discuter de l'avenir du Sahara occidental.

AP/RAFAEL YAGHOBZADEH - Des manifestants portant des drapeaux nationaux algériens organisent une manifestation sur la place de la République à Paris

Selon les informations dont dispose Al-Arab, de hauts responsables algériens utilisent cette tactique pour faire pression sur la France afin qu'elle reconnaisse que le Sahara occidental est une source de troubles qui menace la stabilité de la région du Maghreb. Cependant, selon des sources de renseignement dans la région du Maghreb, la France n'est pas du tout favorable à l'inclusion de la question du Sahara occidental dans l'ordre du jour de la visite de Tebboune à Paris. Les autorités françaises considèrent que cette question n'a pas sa place dans l'agenda d'une visite d'Etat d'un président algérien dont le premier et unique objectif est de faire progresser les relations bilatérales avec la France.

Une fuite audio du président français, dont la véracité n'a pas été établie, révèle des impressions négatives et des critiques acerbes à l'égard de l'Algérie, à la limite de l'insulte. Les militants algériens de la capitale française ont appris des autorités locales qu'ils ne pourraient pas organiser leur manifestation publique hebdomadaire sur la place de la République à Paris. Cette décision est en totale contradiction avec les affirmations de la France selon lesquelles elle garantirait à Alger un environnement approprié pour la visite de Tebboune à Paris, après que les citoyens du pays ont été autorisés à reprendre leurs manifestations populaires hebdomadaires sur la place de la République. Tout cela en dépit de l'opposition française et du bruit médiatique qu'elle génère.

Comme le rapporte Al-Arab, Othman Tazmir, un militant politique de l'opposition, a déclaré dans un communiqué que "la décision d'interdire les manifestations sur la Place de la République est une décision politique qui porte un message de collusion entre les deux régimes politiques de Paris et d'Alger, et constitue une indication du début de la restriction et de la répression par les autorités françaises des forces du mouvement d'opposition".

AFP/LUDOVIC MARIN - Le président français s'est rendu en Algérie pour aider à reconstruire les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance

Cette décision est une surprise pour eux car ils organisent des veillées hebdomadaires contre le gouvernement algérien depuis 2019 sans que cela ne pose de problème aux autorités administratives ou sécuritaires. La direction de la chaîne 22, qui émet depuis Paris et s'adresse au public algérien, a reçu au même moment une communication de la chaîne de télévision, bloquant sa transmission sur le satellite "Eutelsat" en raison d'interférences concentrées sur la fréquence, qui perturbaient les autres chaînes présentes sur celle-ci.