Téhéran a également condamné à des peines de prison deux journalistes qui avaient rendu compte du meurtre de Mahsa Amini

La jeune femme iranienne Armita Geravand, en état de mort cérébrale après avoir été battue par la police des mœurs

PHOTO/REUTERS - La police morale lors d'une campagne contre la corruption sociale dans le nord de Téhéran

Au début du mois d'octobre, des images d'une jeune femme iranienne s'effondrant après avoir escaladé le centre de Téhéran ont commencé à circuler. L'identité de la jeune fille a été révélée plus tard : il s'agissait d'Armita Geravand, 16 ans. Des photos ont également été publiées montrant l'adolescente intubée dans un lit d'hôpital, rappelant les premières photos de la jeune Kurde Mahsa Amini, tuée par la police des mœurs iranienne parce qu'elle ne portait pas correctement le foulard islamique.

Selon l'organisation de défense des droits de l'homme Hengaw, Geravand a été "sévèrement agressée physiquement" par la "police des mœurs" pour ne pas avoir respecté les règles nationales en matière de hijab, tout comme Amini. Des militants ont également signalé qu'Armita était soignée à l'hôpital Fajr de Téhéran dans le cadre de "mesures de sécurité strictes". Les téléphones de tous les membres de sa famille ont également été confisqués.  

Les médias d'État, quant à eux, ont publié les images éditées et ont affirmé que la jeune femme s'était évanouie à la suite d'une chute de tension, ce qui l'avait conduite à heurter le wagon du train. Des semaines après l'incident, les médias iraniens ont annoncé la "mort cérébrale" de la jeune femme.

Cette situation risque d'alimenter les protestations massives qui ont éclaté l'année dernière après la mort d'Amini, des manifestations menées par des femmes qui ont réussi à mettre le régime de Téhéran dans l'embarras.  

En outre, un tribunal iranien a récemment condamné deux journalistes à une peine de prison pour avoir rendu compte du meurtre d'Amini en septembre de l'année dernière. L'agence de presse Mizan, qui est liée au pouvoir judiciaire iranien, a annoncé que Niloofar Hamedi et Elaheh Mohammadi ont été condamnés respectivement à 13 et 12 ans de prison pour des accusations de collaboration avec le gouvernement américain et d'activités contre la sécurité nationale.

Mohammadi, 36 ans, a été condamné à six ans de prison pour avoir collaboré avec Washington et Hamedi, 31 ans, a reçu une peine de sept ans pour la même infraction. Les deux journalistes ont également été condamnés à des peines de cinq ans chacun pour des accusations liées à la conspiration et à une peine pour propagande. 

Mohammadi, journaliste pour le journal Ham Mihan, et Hamedi, photographe pour le média Shargh, sont tous deux détenus à la prison d'Evin à Téhéran depuis septembre 2022, après avoir couvert la mort d'Amini.

Hamedi a été arrêtée après avoir pris une photo des parents d'Amini s'embrassant dans l'hôpital de Téhéran où leur fille était dans le coma, tandis que Mohammadi a été détenu après avoir couvert les funérailles d'Amini dans sa ville natale kurde de Saqez, où des manifestations ont commencé et se sont rapidement répandues dans tout le pays et au-delà.

Les autorités iraniennes ont également condamné l'avocat d'Amini, Saleh Nikbakht, à un an de prison pour propagande contre l'État. Nikbakht était accusé d'avoir parlé de l'affaire à des médias locaux et étrangers.  

Les manifestations historiques iraniennes ont marqué un tournant dans la société iranienne, avec des revendications pour la liberté, les droits de l'homme et la fin de la dictature. Ce qui a commencé comme des manifestations contre le hijab s'est transformé en une véritable révolution luttant pour changer le système.

Les manifestations ont reçu un large soutien international, bien que les Iraniens de la diaspora demandent aux gouvernements occidentaux de prendre des mesures plus sévères à l'encontre de Téhéran. Les manifestations ont également entraîné la mort de centaines de personnes tuées par les forces de sécurité. Sept hommes ont également été pendus pour leurs liens avec les "émeutes", terme utilisé par les autorités iraniennes pour décrire les manifestations.