La BBC accuse l'Iran de harceler et de menacer ses journalistes
La BBC a appelé vendredi le régime iranien à mettre fin à sa campagne de harcèlement et de menaces contre ses journalistes du service persan.
"Depuis plus d'une décennie, l'Iran mène une campagne de harcèlement et d'intimidation contre les journalistes de BBC News Persian et leurs familles en Iran", a déclaré le radiodiffuseur public à l'occasion de la Journée internationale des droits de l'homme.
"Cela inclut des menaces de mort contre des journalistes de la BBC et leurs familles à Londres, le gel des avoirs, ainsi que le harcèlement en ligne et les attaques sexistes contre les femmes journalistes", ajoute le rapport.
Le réseau précise que "des membres de leur famille en Iran ont été détenus arbitrairement, dans des conditions dégradantes, interrogés et incités à dire à leurs proches de cesser de travailler pour la BBC".
En outre, le groupe audiovisuel note que "l'année dernière, les menaces à l'encontre des employés de BBC News Persian et des journalistes de langue persane hors d'Iran se sont intensifiées".
En conséquence, la police a dû intervenir afin de protéger les employés à Londres.
Selon un rapport publié en mars 2020 par des experts de l'ONU, des employés du radiodiffuseur britannique ont fait l'objet d'intimidations de la part de Téhéran, sans compter les menaces de mort proférées à l'encontre des membres de leur famille restés en Iran.
"Nous appelons la communauté internationale à prendre des mesures fortes et immédiates pour que l'Iran soit tenu pour responsable et que les journalistes de BBC News Persian puissent travailler sans crainte", ont déclaré Caoilfhionn Gallagher et Jennifer Robinson, avocates de BBC World Service.
La République islamique a également décidé jeudi d'imposer des sanctions aux personnes et institutions américaines, afin de contrer les mesures annoncées mardi par Washington à l'encontre d'un certain nombre d'entités et de hauts responsables iraniens pour "violations flagrantes des droits de l'homme".
Selon le département du Trésor américain, l'une des raisons pour lesquelles les États-Unis ont voulu appliquer des sanctions contre des entités et des responsables iraniens est que Téhéran a annoncé une "nouvelle liste de personnes et d'institutions américaines impliquées dans des violations flagrantes des droits de l'homme sanctionnées par l'Iran, qui sera publiée prochainement".
Selon l'agence de presse judiciaire iranienne Mizan, Kazem Gharbabadi, chef adjoint du pouvoir judiciaire et secrétaire général du Comité iranien des droits de l'homme, a accusé les États-Unis d'"utiliser les sanctions sous de faux prétextes de droits de l'homme comme un outil pour atteindre inutilement des objectifs politiques".
Le département du Trésor américain a également assuré qu'il "continuera à lutter contre l'autoritarisme", ainsi qu'à promouvoir "la responsabilisation des individus pour la répression violente des personnes cherchant à exercer leurs droits de l'homme et leurs libertés fondamentales".
Cette décision intervient en plein milieu des négociations sur le programme nucléaire à Vienne, qui ont récemment repris.
Ce n'est pas non plus la première fois que la BBC est contrainte de porter de telles accusations contre le pays perse.
En 2018, le diffuseur britannique a lancé un appel à l'ONU pour que l'Iran cesse de harceler ses journalistes, ce que le gouvernement iranien a qualifié d'incorrect, tout en l'accusant de diffuser de fausses informations et de promouvoir le renversement du système iranien.
Enfin, BBC News Persian a une audience mondiale de 22 millions de téléspectateurs par semaine, dont près de 13 millions en Iran, où la chaîne a été interdite.