La Chine avertit de "mesures fortes" si Nancy Pelosi se rend à Taïwan

La Chine a prévenu qu'elle répondrait par des "mesures fortes" si la présidente de la Chambre des représentants américaine Nancy Pelosi se rendait finalement à Taïwan ce week-end. À ce stade, la visite présumée n'a été confirmée ni par le bureau de Pelosi ni par le gouvernement de Taipei. Toutefois, les médias japonais et taïwanais ont rapporté que Pelosi se rendrait sur l'île après sa visite au Japon.

Pékin a réagi à ces rapports en menaçant de "mesures fortes". "Si les États-Unis insistent pour obtenir ce qu'ils veulent, la Chine prendra des mesures fortes en réponse pour défendre la souveraineté nationale et l'intégrité territoriale. Toutes les conséquences possibles qui en découlent seront entièrement supportées par la partie américaine", a déclaré le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijian, selon Reuters.  

L'agence de presse rapporte également que Lijian a fait remarquer aux journalistes que Pékin s'oppose fermement à toute forme d'interaction officielle entre les États-Unis et Taïwan, raison pour laquelle le porte-parole estime que Washington devrait annuler le voyage. "C'est jouer avec le feu. Ceux qui jouent avec le feu sont destinés à se brûler", a-t-il écrit sur son compte Twitter.  

Le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi, a également commenté l'affaire, comparant le prétendu voyage de Pelosi à la situation en Ukraine. "Sur la question de l'Ukraine, les États-Unis appellent au respect de la souveraineté, de l'unité et de l'intégrité territoriale de tout pays, mais sur la question de Taïwan, ils piétinent explicitement la ligne rouge d'une seule Chine", a-t-il déclaré, selon l'agence de presse chinoise Xinhua. Le ministre a également dénoncé le double langage "flagrant" de Washington. 

Suivant la ligne de son porte-parole, Wang Yi a réaffirmé que si Pelosi se rendait "intentionnellement" à Taïwan, il s'agirait d'une "provocation flagrante contre la souveraineté de la Chine, d'une ingérence flagrante dans les affaires intérieures de la Chine et enverrait un message politique très dangereux au monde extérieur". "La situation internationale devient de plus en plus turbulente", a déclaré le ministre.

L'invasion de l'Ukraine par la Russie a également accru les tensions entre Washington et Pékin. Le géant asiatique n'a pas condamné les attaques de Moscou, un allié important du gouvernement de Xi Jinping. C'est pourquoi les États-Unis se méfient du rôle que pourrait jouer la Chine dans ce conflit. Washington a averti à plusieurs reprises qu'une aide militaire ou économique de Pékin à la Russie pendant la guerre aurait des conséquences.  

Cependant, la discorde entre les États-Unis et la Chine s'étend à d'autres domaines. À cet égard, Taïwan est l'une des principales sources de controverse entre les deux puissances. Pékin considère que l'île fait partie de son territoire national, tandis que Taipei reçoit un soutien militaire et politique important de Washington.

Dimanche, le jour que plusieurs médias ont indiqué comme étant celui d'une éventuelle visite de Pelosi sur l'île, marque le 43e anniversaire de la signature par les États-Unis de la loi sur les relations avec Taïwan, qui consacre l'engagement de Washington à fournir au gouvernement de Taipei les moyens nécessaires pour se défendre. 

Aucun président de la Chambre des représentants ne s'est rendu à Taïwan depuis 1997. Cette année-là, Newt Gingrich a rencontré le président de l'époque, Lee Teng-hui, comme le rappelle Reuters. Pelosi, deuxième dans la ligne de succession à la présidence américaine après la vice-présidente Kamala Harris, pourrait effectuer la prochaine visite de ce type plus de dix ans plus tard, ce qui renforcerait l'engagement des États-Unis envers Taïwan.

La politicienne du Parti démocrate a été très critique à l'égard de la Chine à plusieurs reprises, notamment sur les questions de droits de l'homme. Elle a également tenu une réunion virtuelle avec le vice-président de Taiwan, William Lai, au début de l'année. 

Coordinateur pour les Amériques: José Antonio Sierra.