Le représentant de l'ONG française au Maghreb, Khaled Drareni, a participé à la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse organisée par les autorités algériennes

La démarche de Reporters sans frontières à Tebboune suscite le rejet en Algérie

PHOTO/AFP - Le président algérien Abdelmadjid Tebboune

Les images du journaliste et actuel représentant de Reporters sans frontières (RSF) au Maghreb, Khaled Drareni - emprisonné entre 2020 et 2021 - avec le président algérien Abdelmadjid Tebboune ont suscité la polémique en Algérie.

Selon Maghreb Intelligence, Khaled Drareni a été invité à une célébration organisée par Alger à l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, ce qui est ironique compte tenu de la censure et des pressions exercées sur les journalistes en Algérie. Comme le rappelle le portail spécialisé sur l'Afrique du Nord, Tebboune est considéré comme le "bourreau" de la presse et de la liberté d'expression dans le pays maghrébin. Depuis son arrivée au pouvoir, il a emprisonné plusieurs reporters, dont Ihsane el Kadi, qui a récemment été condamné à cinq ans de prison.

Les images de Drareni avec Tebboune ont rapidement circulé sur les réseaux sociaux, où de nombreux Algériens ont critiqué le représentant de RSF, défenseur du Hirak. Le journaliste a tenté de désamorcer la polémique en affirmant que l'ONG française l'avait "chargé" de remettre une lettre au président algérien pour l'inciter à libérer El Kadi, arrêté en décembre.

Or, selon Maghreb Intelligence, qui s'appuie sur des sources algériennes, c'est Khaled Drareni lui-même qui a demandé à RSF de rencontrer M. Tebboune. "Khaled Drareni a subi d'énormes pressions de la part des services de sécurité et du gouvernement algérien pour 'accepter un geste amical' envers le président Tebboune", note le portail.

Khaled Drareni est interdit de quitter le pays et continue d'être menacé par d'anciennes affaires judiciaires. Son média, Casbah Tribune, est également toujours fermé par les autorités algériennes. Maghreb Intelligence affirme que, pour obtenir sa liberté, le journaliste est en pourparlers "depuis fin 2022 avec des cercles puissants des services de sécurité pour négocier un accord" afin de mettre fin aux pressions qu'il subit.

Pour cette raison, M. Drareni tenterait de convaincre Christophe Desloire, directeur de Reporters sans frontières, d'effectuer un voyage officiel à Alger afin d'atténuer les critiques sur la situation de la presse dans le pays. Maghreb Intelligence souligne que cette situation place RSF "dans une position très délicate", rappelant son absence d'implication dans l'affaire du journaliste Mustapha Bendjama, emprisonné en février, et dans les arrestations de personnes accusées de fournir des informations à Algérie Part.

"Le silence de RSF est perçu à Alger comme une complicité indirecte qui illustre les conséquences malheureuses de cette relation problématique avec les dirigeants algériens", conclut le rapport.