La Hongrie désire une réduction du pouvoir du Parlement européen
Ce mardi 19 juillet, les législateurs hongrois ont approuvé à 130 voix « pour » et 50 voix « contre » une résolution destinée à réduire les marges de manœuvre du Parlement européen, jugeant que celui-ci avait mis la démocratie européenne dans une impasse. Cette législation entend restreindre les pouvoirs du Parlement en notifiant que les législateurs de l’Union européenne ne devraient plus être mis au pouvoir par le biais des élections par les électeurs de leurs pays respectifs mais bien par une nomination de la part de chaque gouvernement national. L’occasion pour Budapest d’élargir ses droits et ses prérogatives.
Cette décision fait suite au vote de trois résolutions la semaine dernière, par le Parlement européen, ambitionnant de rationaliser le processus démocratique. Pour cela, les eurodéputés ont voté une première résolution visant à améliorer les mécanismes de l’État de droit, une seconde résolution qui propose de se débarrasser du droit de véto et, enfin, une dernière résolution proposant à Bruxelles une plus large part de contrôle quant à l’élaboration des politiques nationales.
Ces nouvelles résolutions inquiètent Budapest et notamment les législateurs hongrois proches membres du parti Fidesz dont Viktor Orbán est à la tête, invoquant une limitation des pouvoirs des gouvernements nationaux. Ces frictions s’ajoutent à celles existantes dans le contexte de guerre en Ukraine, contexte durant lequel Budapest s’est montré particulièrement critique à l’égard de la politique de sanctions menés par l’UE à l’encontre de la Russie.
La même semaine du 10 juillet, le Parlement européen a approuvé à une large majorité (355 voix « pour » et 154 « contre ») une résolution enjoignant le Conseil de l’Union européenne à modifier « d’urgence » les traités européens dans l’objectif de palier l’exigence paralysante de l’unanimité de bloc sur certaines décisions et sanctions.
Face à ces diverses adoptions de résolutions, la Hongrie, dont le parti à la tête du pouvoir, le Fidesz, est particulière eurosceptique, s’inquiète de la flexibilité qui lui restera, à terme, dans sa capacité à pouvoir torpiller la législation proposée par Bruxelles. La résolution ainsi votée par les législateurs hongrois explique sa désapprobation à l’égard des récentes avancées du Parlement européen en avançant que « la démocratie européenne doit sortir de l’impasse vers laquelle le Parlement européen l’a dirigé » avant d’aller plus loin en affirmant que « L’Union européenne doit changer parce qu’elle n’est pas préparée aux défis de notre époque ». D’ailleurs, la résolution accorde un passage aux traités européens estimant que ceux-ci « ne sont pas une base adéquate pour la coopération en temps de crise ». Plus encore, les législateurs hongrois proposent d’intégrer plus fortement le contexte chrétien européen dans les traités, en plus de supprimer l’objectif d’intégration entière des membres de l’UE dans les méthodes européennes.
Ce bras de fer entre Budapest et Bruxelles n’est pas le premier et s’inscrit aujourd’hui dans un contexte économique particulier puisqu’il fait suite à la décision européenne de retenir les fonds de recouvrement et de crédit destinés à la Hongrie, notamment parce que Bruxelles estime que Budapest n’a pas fait les efforts nécessaires pour faire respecter l’État de droit et attaquer le problème de la corruption. Plus encore, la situation monétaire et financière de la Hongrie de Victor Orbán connaît aujourd’hui de nombreuses difficultés avec, entre autres, une monnaie qui atteint des niveaux records par rapport à l’euro ou au dollar, en plus d’une inflation parmi la plus élevée depuis ces 25 dernières années.