La Russie envisage d'organiser plusieurs référendums d'adhésion en Ukraine
L'obstination de la Russie à organiser un référendum d'adhésion en Ukraine se poursuit sans relâche. Le parti dirigé par le président russe Vladimir Poutine, Russie Unie, a proposé d'organiser plusieurs référendums simultanés dans les provinces occupées par les troupes russes pour décider de leur adhésion à la Fédération. Il s'agit notamment des régions de Lugansk et de Donetsk, qui constituent le Donbas, et d'autres régions telles que Kherson, Zaporiyia et Nikolayev.
La date choisie n'est pas une coïncidence. Le 4 novembre, date à laquelle le référendum doit se tenir, la Russie célèbre la Journée de l'unité nationale, jour férié commémorant le soulèvement populaire qui a conduit à l'expulsion des troupes polonaises de Moscou au XVIIe siècle, ce qui est considéré comme une "date symbolique" par le parti.
Avant le référendum, un référendum devrait être organisé dans les territoires ukrainiens contrôlés par la Russie le 11 septembre, jour des élections municipales en Russie.
"Donetsk, Lugansk et de nombreuses autres villes russes vont enfin retrouver leur foyer. Et le commandement russe, désormais divisé par des frontières formelles, retrouvera son intégrité", a annoncé Andrei Turchak, secrétaire du Conseil général du parti.
Le président ukrainien Volodymir Zelensky a prévenu que si ce "pseudo-référendum" était organisé, Kiev renoncerait à toute négociation future avec Moscou. Son conseiller présidentiel, Miajilo Podoliak, a ironisé sur la proposition du Kremlin sur Twitter, l'assimilant aux mêmes revendications russes qui ont échoué par le passé.
L'UE a également condamné le projet de la Russie d'organiser ce qu'elle a décrit comme un "référendum orchestré et illégitime". "L'Union européenne condamne fermement toute tentative de la Fédération de Russie d'organiser un référendum illégal qui vise à créer une alternative illégitime aux structures administratives en Ukraine", a déclaré à Europa Press Peter Stano, porte-parole des affaires étrangères de l'UE.
Stano a souligné que la tenue de tels référendums représenterait une "violation flagrante" du droit international et de la constitution ukrainienne, pour laquelle le Kremlin et les autres acteurs politiques impliqués "seront tenus responsables".
Toutefois, la proposition de référendum en Ukraine n'est pas nouvelle ; la Russie a déjà tenté d'organiser un plébiscite à d'autres occasions. Tout récemment, il y a quelques jours, les autorités pro-russes de la région de Kherson voulaient organiser le référendum "dès que possible", mais la contre-attaque ukrainienne a forcé le report des plans.
Le même sentiment d'échec a été ressenti en mai dernier lorsque les dirigeants autoproclamés de Donetsk et de Luhansk ont organisé un référendum qui s'est résumé par des scènes chaotiques de vote sans listes électorales, malgré l'appel de Poutine à un report. À Mariupol, seuls quatre bureaux de vote ont ouvert dans cette ville d'un demi-million d'habitants. Une tentative de proclamer illégalement une souveraineté non russe, comme ils l'ont fait en 2014 pour s'emparer de la péninsule de Crimée.
L'annonce de ces référendums n'est d'ailleurs pas une surprise. Les services de renseignement britanniques et américains avaient déjà mis en garde contre la préparation par le Kremlin de "divers faux référendums" dans les régions qu'il contrôle. Selon l'évaluation du département d'État américain, la Russie a orchestré la manipulation des résultats du référendum et prétend que les Ukrainiens veulent rejoindre le régime de Moscou.
L'annonce de ces référendums coïncide avec l'avancée ukrainienne dans le conflit, et la contre-offensive de Kherson en est la preuve. Selon les experts, l'Ukraine dispose pour la première fois de l'initiative stratégique, en prenant du terrain sur les fronts nord et sud. Alors que les Russes déplacent leurs troupes pour défendre l'encerclement de Kherson, les Ukrainiens percent le front nord à Kharkov.