L'administration Biden adopte une approche critique à l'égard de la Turquie

Anthony Blinken, le prochain secrétaire d'État américain, déclare que l'administration Biden adoptera une approche clairement critique à l'égard de la Turquie. Il a fait remarquer, lors d'une audition devant la commission des relations étrangères du Sénat, que la relation est complexe et que toute conclusion serait prématurée.
M. Blinken a déclaré lors de son audience de confirmation cette semaine "que la Turquie n'agissait pas en tant qu'allié" et a ajouté que les États-Unis examineront si des sanctions supplémentaires sur l'achat en 2019 d'un système de défense aérienne russe sont appropriées.
Le mois dernier, Washington a imposé les sanctions tant attendues à l'industrie de la défense turque. Ceux-ci sont venus de son achat de systèmes de défense anti-missiles S-400 à Moscou. Les sanctions ont été décrites par la Turquie comme une "grave erreur".
Les États-Unis ont ajouté qu'il était "inacceptable" qu'un "soi-disant partenaire stratégique" achète le S-400 et "s'aligne sur l'un de nos plus grands concurrents stratégiques, comme la Russie".

Ces commentaires de Blinken sont arrivés au moment où Joe Biden a prêté serment en tant que président des États-Unis après la fin du mandat de quatre ans de Donald Trump, avec lequel le président turc Recep Tayyip Erdogan entretenait une relation étroite.
Cependant, l'administration Biden poursuivra une politique de la "carotte et du bâton" avec la Turquie tout en continuant à essayer de la maintenir alignée sur l'Occident. Le porte-parole du président turc Recep Tayyip Erdogan, Ibrahim Kalin, a déclaré que M. Biden s'était rendu en Turquie durant sa vice-présidence sous l'administration de Barack Obama et qu'il connaissait la région, et que ses contacts avec l'équipe de transition étaient très positifs.
Il a déclaré que les collaborateurs du nouveau président américain "déclarent qu'ils veulent développer de bonnes relations avec la Turquie et tourner la page". Il a également demandé la fin des sanctions contre la Turquie, notamment en ce qui concerne l'avion de chasse F-35, dont la Turquie a été exclue du processus d'acquisition. Il a également demandé la fin de la collaboration avec l'imam Fethullah Gülen (le rival de l'opposition de Erdoğan) et que les États-Unis ne reprennent pas leur soutien aux Kurdes de Syrie.
Mais le vent n'est pas en faveur de la Turquie sur ces trois questions, en particulier les Kurdes.

"Je pense que nous devons examiner l'impact des sanctions existantes et déterminer ensuite s'il y a encore des choses à faire", a répondu M. Blinken à une question du sénateur républicain Lindsey Graham. Cette question portait sur la possibilité d'imposer des sanctions supplémentaires si les sanctions existantes ne donnent pas les résultats escomptés.
Bob Menendez, un sénateur démocrate qui a assumé la présidence de la commission des relations étrangères, a dénoncé le comportement agressif de la Turquie en Méditerranée orientale contre "nos alliés démocratiques, la Grèce et Chypre".
Il a également exprimé l'espoir que l'administration de Joe Biden cesse de "dorloter la Turquie compte tenu de son engagement dans des actions déstabilisatrices en Syrie, de l'invasion des eaux territoriales de Chypre en ce qui concerne sa zone économique exclusive (...) et de la revendication d'une zone qui serait la zone économique exclusive de la Grèce jusqu'en Libye (...)".
Il a affirmé que l'essentiel est que la Turquie est un partenaire qui a décidé d'une manière ou d'une autre de ne pas agir comme un allié alors qu'elle le devrait. "C'est un défi très, très important pour nous et nous sommes très clairs à ce sujet", a répondu M. Blinken.
L'administration Biden vise à s'engager avec Ankara ; cependant, pour cela, la Turquie devra changer de comportement.