Cette semaine, la justice a inculpé l'ancien ministre des affaires étrangères et envisage de faire de même avec l'ancienne vice-présidente Carmen Calvo

El 'caso Ghali' se enquista y apunta hacia la cúpula del Gobierno

PHOTO/ARCHIVE - Le leader du Front Polisario, Brahim Ghali

En pleine détente entre Rabat et Madrid, le gouvernement fait face à un horizon judiciaire défavorable après l'inculpation de l'ancienne ministre des affaires étrangères, Arancha González Laya, et la convocation potentielle de l'ancienne vice-présidente de l'exécutif, Carmen Calvo. Deux des quatre membres du cabinet qui auraient été impliqués dans l'entrée irrégulière en Espagne du dirigeant du Front Polisario, Brahim Ghali.

Le chef de la Cour d'instruction numéro 7 de Saragosse, Rafael Lasala, enquête maintenant si un délit de faux documents a été commis lors de l'arrivée des Sahraouis. En avril, un avion affrété par l'Algérie est arrivé à la base aérienne de Saragosse sans passer par les contrôles frontaliers habituels ni présenter de documents. A bord se trouvait Brahim Ghali, souffrant d'une affection respiratoire causée par le COVID-19, qui a été envoyé en urgence à l'hôpital San Pedro de Logroño.

Transporté en ambulance, le président de la soi-disant République arabe sahraouie démocratique (RASD) s'est inscrit au centre sous une fausse identité, sous le nom de "Mohamed Benbatouche". Le ministre de l'intérieur, Fernando Grande-Marlaska, se serait auparavant opposé à sa venue en raison d'éventuelles représailles du Maroc. Le Ghali est l'ennemi numéro un du royaume Alawi. Pour cette raison, l'exécutif aurait cherché à tout prix à empêcher Rabat de rapporter les faits avant de les informer directement.

Mais le Maroc l'a découvert. C'est alors qu'éclate la plus grave crise diplomatique depuis l'incident de 2002 sur l'île de Perejil. Cinq mois plus tard, au milieu d'un rapprochement palpable entre les parties, la justice espagnole tente de faire la lumière sur les conditions opaques dans lesquelles le leader du Polisario est entré dans le pays, tout cela à la suite d'une accusation populaire lancée par un ancien député du PP, un homme d'affaires de Tanger et un avocat de famille marocaine.

Le magistrat a demandé des informations sur l'existence de mandats d'arrêt européens ou de "simples citations à comparaître devant une autorité judiciaire" émis à l'encontre de Ghali lors de son entrée en Espagne. Il a également demandé à être informé de tout type d'alerte de l'UE concernant "Brahum Ghali Moustafa" ou "Gali Sidi-Mohamed Abdelyelil", fausses identités que la police nationale associe au leader du Polisario, rapporte Europa Press.

Toutefois, les actions les plus notables du juge ont été liées à l'inculpation de l'ancien ministre des affaires étrangères, mardi. Un jour après que son successeur à ce poste, José Manuel Albares, ait rencontré son homologue marocain, Nasser Bourita, pour organiser un sommet bilatéral dans les prochaines semaines, visant à normaliser les liens de part et d'autre du détroit.

González Laya fera sa déclaration après que son adjoint à l'époque où il était à la tête du ministère, Camilo Villarino, ait fait de même deux semaines plus tôt. Le chef de cabinet de Laya a déclaré au procureur qu'il pensait que l'ambulance qui a transporté le Ghali à La Rioja était escortée par une opération de police et que, en outre, il y avait des agents déployés par l'Intérieur à l'intérieur de l'hôpital, selon le journal ABC. Ce témoignage a ouvert la porte à la convocation de Laya et à l'implication éventuelle du ministre Marlaska.

Villarino a raconté au juge une conversation qu'il a eu avec le chef de cabinet de la première vice-présidente du gouvernement de l'époque, María Isabel Valldecabres, dans laquelle cette dernière lui a parlé de l'arrivée imminente du leader sahraoui en Espagne, à l'ignorance de Villarino lui-même. Une déclaration qui explique à son tour l'imputation du " numéro deux " de Calvo pour le 18 octobre, qui coïncidera avec la convocation du chef de cabinet du ministre de l'Intérieur, Grande-Marlaska, comme le révèle El Periódico de Aragón.

L'accusation populaire a demandé le témoignage de l'ancien vice-président. Avant cela, elle devra se contenter du témoignage de l'ancien secrétaire général technique du ministère des Affaires étrangères, José María Muriel Palomino, convoqué pour le 4 octobre, selon Vozpópuli.

Il existe un facteur déterminant dans cette affaire, à savoir que Brahim Ghali possède la nationalité espagnole depuis 2004, date à laquelle il l'a obtenue par le biais du registre civil de Valence. Les parents des Sahraouis avaient également la nationalité espagnole car ils étaient nés dans le Sahara espagnol. Selon El País, le leader du Front Polisario aurait obtenu le DNI en 2006 et l'aurait renouvelé un peu plus d'une décennie plus tard. Un facteur conditionnant qui finit par embrouiller complètement l'"affaire Ghali".