José Bono, ex-ministre de la défense, considère le plan marocain d'autonomie pour le Sahara comme "sérieux et crédible"

Reactivada la causa judicial contra Ghali por genocidio

AP/FATEH GUIDOUM - Brahim Ghali, leader du Front Polisario

La chambre pénale de l'Audiencia Nacional a annulé la décision du juge Santiago Pedraz, chef du tribunal central d'instruction n° 5, concernant le chef du Front Polisario, Brahim Ghali. Le 29 juillet dernier, le magistrat a choisi de clore l'enquête contre Ghali pour crimes de génocide, torture et détention illégale suite à la plainte déposée par l'Association Sahraouie de Défense des Droits de l'Homme (ASADEDH).

Selon l'Audiencia Nacional, Pedraz n'était pas compétent pour classer l'affaire, car la décision de classement est "exclusive" de la chambre pénale, et non du juge d'instruction dans l'affaire. Les juges de l'Audiencia Nacional ont également souligné que l'affaire contre le leader du Polisario devait être traitée comme une affaire sommaire et non comme une enquête préliminaire de procédure abrégée, comme l'a fait le tribunal.

Le juge n'a vu aucune preuve d'un crime

Selon Santiago Pedraz, il n'y avait aucune preuve du crime de génocide. En outre, selon la décision du magistrat, "les faits sont prescrits, la commission du crime de génocide n'est pas prouvée et les témoignages contredisent les déclarations contenues dans la plainte". "Il suffit d'écouter les déclarations faites pour apprécier les contradictions dénoncées par la défense entre les déclarations de la plainte", a-t-il ajouté.

Pedraz a également souligné qu'"il n'y a aucune trace des sous-groupes dans lesquels le peuple sahraoui est divisé en fonction de sa situation géographique".

Allégations d'épuration ethnique, de torture et d'assassinats

Après la confirmation de la présence de Ghali dans un hôpital en Espagne, l'Association Sahraouie pour la Défense des Droits de l'Homme (ASADEDH) a appelé à l'arrestation immédiate du leader du Polisario. ASADEDEH a intenté un procès contre plus de 20 membres du Front Polisario pour avoir violé les droits de l'homme des réfugiés sahraouis dans les camps de Tindouf (Algérie) entre 1975 et 1990. L'association a notamment dénoncé le nettoyage ethnique dont sont victimes les minorités Tekna, Aitusa et Yegutt et les habitants de l'ancien Sahara espagnol. L'ASADEDH recueille également les témoignages de citoyens qui ont été témoins d'"assassinats", de "fusillades", de "coups" et de tortures".

Deux victimes désignent directement le Ghali comme l'un des tortionnaires de ces camps. "J'ai été traité sauvagement, ils ont utilisé toutes sortes de tortures physiques et psychologiques, jusqu'à ce que je perde connaissance, ce dont je garde de graves séquelles", raconte Hosein Baida, 62 ans, selon le journal La Razón. 

Cependant, ce n'est pas la seule affaire en cours de Ghali. Le chef du Polisario a également été accusé de torture par l'activiste sahraoui Fadel Breica. Breica a dénoncé des passages à tabac et des chocs électriques dans les camps de Tindouf par des agents du Front Polisario au cours de l'année 2019.

L'arrivée de Ghali en Espagne, en plus de provoquer une grave crise diplomatique entre Rabat et Madrid, a une fois de plus mis en lumière la souffrance de nombreux Sahraouis sous le Front Polisario

José Bono défend le plan marocain d'autonomie pour le Sahara

L'ancien ministre espagnol de la Défense et ancien président du Congrès des députés a exhorté le gouvernement espagnol à assumer le rôle de médiateur entre le Maroc et le Front Polisario afin que ce dernier accepte le projet d'autonomie présenté par le Royaume alaouite, selon le média El Español. 

Bono a estimé que le plan d'autonomie marocain présenté au Conseil de sécurité de l'ONU en 2007 était "sérieux et crédible". "Les Sahraouis ont besoin de solutions à leurs problèmes, pas de résolutions de l'ONU", a-t-il déclaré. 

Selon Bono, l'Espagne devrait "promouvoir des solutions au conflit du Sahara car elle a des responsabilités historiques" dans le territoire. Il réaffirme également le rôle de médiateur de Madrid en raison de son "expérience en matière d'autonomie démocratique".

L'ancien ministre a également rappelé l'importance des relations entre l'Espagne et le Maroc. "L'Espagne est le premier client du Maroc, le premier fournisseur du Maroc, le troisième investisseur au Maroc", a-t-il souligné. Il a également souligné l'importance du Royaume dans la lutte contre le terrorisme. "Nous avons évité des attentats grâce au soutien des services secrets marocains. Nous devons être de bons voisins", a-t-il ajouté. 

Après le remplacement de l'ancien ministre des Affaires étrangères, Arancha González Laya, par José Manuel Albares, la crise entre les deux pays s'est améliorée. Albares s'est déjà entretenu avec son homologue marocain, Nasser Bourita, afin d'amorcer un rapprochement. Dans son discours d'investiture, le chef de la diplomatie espagnole a mentionné le Maroc, qu'il a qualifié d'"ami", assurant que l'un de ses principaux objectifs sera de renforcer les relations avec Rabat.