L'Afrique francophone : unie par la langue et l'histoire dans une nouvelle vision économique
Unies par des liens historiques, religieux et linguistiques, et dans un contexte mondial marqué par le renforcement des blocs régionaux et la recherche de la souveraineté économique, les nations francophones d'Afrique s'orientent de plus en plus vers de nouvelles alliances économiques qui renforcent leur coopération.
Lors du récent forum « Maroc & Espagne : investir ensemble pour un avenir durable et partagé », qui a réuni des dirigeants politiques, des économistes et des entrepreneurs, un thème clé a été mis en avant : les pays africains francophones sont plus forts ensemble. Outre la langue, ces nations partagent une histoire coloniale commune, des liens religieux et des défis structurels similaires. Elles explorent donc de nouvelles façons d'approfondir l'intégration régionale, non seulement de manière symbolique, mais aussi à travers des initiatives économiques concrètes.
Au-delà des frontières politiques ou des accords commerciaux traditionnels, les pays francophones d'Afrique doivent continuer à renforcer leurs liens économiques, avec la langue française comme élément clé de connexion. Ce phénomène, visible dans les alliances régionales et les forums internationaux, reflète un changement profond dans la manière dont ils envisagent l'avenir, laissant de côté l'un de leurs alliés historiques les plus importants : la France.
Fin du contrôle français en Afrique ?
Ce n'est pas une nouveauté que, ces dernières années, l'impact économique et politique exercé par la France sur ses anciennes colonies ait été critiqué et remis en question ; mais il n'est pas surprenant que, depuis des années, on dise que la fin de la « Françafrique » est proche. En témoigne le déclin du Sahel, avec des coups d'État, la perte d'influence et le retrait des troupes françaises dans des pays comme le Sénégal, la Côte d'Ivoire, le Mali, entre autres, et plus récemment, le pari des experts sur la construction d'une identité postcoloniale commune qui augmenterait le nombre d'alliances économiques régionales.
De plus, depuis des années, la France tire les ficelles dans ses anciennes colonies d'Afrique occidentale et centrale en utilisant le fameux « franc CFA », la principale monnaie utilisée par 14 pays africains. Bien que le gouvernement français se vante d'une stabilité commerciale ou d'une « convertibilité fixe avec l'euro », plusieurs pays francophones d'Afrique ont exprimé leur désaccord total avec cette « monnaie coloniale », arguant qu'il ne s'agit que d'un écran de fumée utilisé par la France pour prendre le contrôle de leur économie.
Les propositions visant à créer une monnaie propre à l'Afrique reflètent un désir croissant de réduire la dépendance extérieure et de gagner en autonomie financière. Cependant, plusieurs experts s'accordent à dire que cela pourrait représenter un changement risqué et inadéquat.
Union francophone
Quoi qu'il en soit, le français est plus qu'un simple lien linguistique ; il s'avère également être un pont diplomatique et commercial. Actuellement, les nations francophones s'efforcent de construire leurs propres plateformes. Des organisations telles que la Fédération panafricaine des entrepreneurs francophones (FPEF) ont démontré qu'il est possible de créer une plateforme commune pour le commerce et l'investissement : « Nous croyons fermement que le monde francophone et l'esprit d'entreprise forment un duo gagnant pour construire un avenir meilleur », indique la FPEF sur son site web. On voit ainsi que cette union entre les pays africains francophones ne répond pas seulement à des intérêts économiques, mais aussi à une même identité, ce qui renforce leur capacité d'intégration et de coopération internationale.
À cela s'ajoute la dimension culturelle et religieuse qui, bien que moins visible, possède une importante valeur symbolique. La plupart de ces pays partagent des pratiques religieuses majoritairement chrétiennes et islamiques, ce qui favorise une vision commune des institutions, des valeurs sociales et des structures gouvernementales. En outre, celles-ci peuvent faciliter l'élaboration d'accords multilatéraux et renforcer la confiance intergouvernementale.
Alliances pour le développement
De même, au-delà du monde francophone, des partenariats tels que la collaboration de l'Espagne avec le Sénégal à travers l'initiative « Alliance Afrique Avance » et sa coopération avec le Maroc montrent que l'intérêt pour le développement régional africain dépasse les frontières linguistiques et s'oriente vers des cadres de collaboration plus larges et plus durables.
Les défis restent les mêmes, mais la volonté d'aller de l'avant est toujours présente. Il ne fait aucun doute que le chemin sera semé d'embûches. L'instabilité politique et la dépendance vis-à-vis des puissances extérieures continuent d'entraver les progrès. L'influence constante de la France dans la région reste un sujet sensible, en particulier lorsque les pays débattent du rôle du franc CFA et cherchent à renforcer leur souveraineté monétaire. Mais l'approche est en train de changer : ce qui n'était auparavant qu'une réponse commence désormais à devenir une initiative. La nouvelle génération de dirigeants et d'entrepreneurs plaide en faveur de réformes qui répondent aux besoins locaux et non aux intérêts des puissances.
L'Afrique francophone est en pleine mutation, démontrant que les alliances actuelles ne se construisent pas uniquement sur des besoins économiques, mais aussi sur une identité et une aspiration communes.