L'Algérie cherche un allié pour remplacer l'Espagne
Cette semaine a commencé par une visite d'État du président algérien, Abdelmadjid Tebboune, au Portugal, à la recherche d'une nouvelle alliance dans la péninsule ibérique après la crise diplomatique qui dure depuis près d'un an avec l'Espagne. Le président algérien était accompagné d'une importante délégation de membres du gouvernement et de directeurs d'institutions économiques gouvernementales. Les deux parties espèrent conclure des accords dans le secteur de l'énergie, de la coopération économique, de la migration et du commerce. Le ministre portugais des Affaires étrangères, Augusto Santos Silva, considère qu'il est "important de maintenir des relations bilatérales avec l'Algérie, notamment en matière d'approvisionnement énergétique", puisque les Portugais reçoivent également du gaz algérien. Lisbonne profitera sans doute du "vide" laissé par le changement de position de Madrid sur le Sahara occidental en faveur du Maroc.
En juin 2022, Alger a rompu unilatéralement le traité d'amitié, de bon voisinage et de coopération avec l'Espagne parce que "l'attitude du gouvernement espagnol est contraire à la légitimité internationale imposée par son statut de puissance administrante et aux efforts des Nations unies et contribue directement à la dégradation de la situation au Sahara occidental", a déclaré Alger dans un communiqué après que l'Espagne a fait part de son soutien au plan d'autonomie du Maroc. La coopération entre les deux nations s'en est trouvée réduite de plus de 80 % par rapport aux années précédentes, l'Espagne estimant à 733 millions d'euros les nombreuses pertes subies par ses entreprises exportatrices. De son côté, le commerce algérien a été affecté en termes d'approvisionnement du marché local, ce qui a entraîné une hausse des prix et la recherche de nouveaux fournisseurs.
Bien qu'en juillet 2022, l'Association professionnelle des banques et des institutions financières ait indiqué que "les mesures de précaution à l'égard de l'Espagne au niveau commercial n'étaient plus nécessaires", les relations n'ont pas été les mêmes. Cependant, les experts algériens espèrent que les élections législatives et locales, prévues pour la fin du mois de mai, feront évoluer la position de l'Espagne, même si, en attendant, ils mettent l'accent sur l'amélioration des relations avec le Portugal.
Lisbonne, qui possède plus de 80 entreprises sur le territoire algérien, profitera de l'apaisement entre Madrid et Alger, sans pour autant prendre des positions qui pourraient mettre en péril ses relations avec le Maroc. Les Portugais essaient d'être neutres et de ne pas se positionner en faveur de l'un ou l'autre Etat, réitérant leur soutien au processus du Sahara occidental géré par l'ONU. Cependant, il y a quinze jours, la réunion "Maroc et Portugal : confirmation d'un partenariat stratégique exemplaire" a eu lieu, au cours de laquelle les deux pays ont signé une série d'accords visant à favoriser le dialogue politique bilatéral. C'est une autre raison qui a motivé les Algériens à améliorer leurs relations afin de ne pas encourager les Portugais à se rapprocher du royaume alaouite, leur grand rival régional.