Tebboune réclame la tête de son ministre des Finances pour arrondir les angles avec l'Espagne et l'Union européenne

L'Algérie écarte le principal responsable du chantage sur le commerce avec l'Espagne

PHOTO/ARCHIVO - El ya exministro de Finanzas, Abderrahmane Raouya

Le ministre algérien des Finances, Abderrahmane Raouya, a été démis de ses fonctions mardi par le président Abdelmajdij Tebboune dans le cadre de la suspension du Traité d'amitié et de bon voisinage avec l'Espagne.

Le haut fonctionnaire algérien a été désigné comme le principal responsable de la crise commerciale avec l'Espagne et l'Union européenne. L'ABEF, l'Association professionnelle des banques et institutions financières, est l'institution qui a appelé à un gel des importations et des exportations avec l'Espagne.

L'ABEF est composé principalement de banques et d'institutions financières publiques qui dépendent directement du ministère algérien des finances, et est donc considéré comme relevant de la responsabilité du ministre. 

"Conformément aux dispositions de l'article 91, alinéa 7 de la Constitution, et après consultation du Premier ministre,  Ayman Benabderrahmane, le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a signé aujourd'hui un décret présidentiel mettant fin aux fonctions du ministre des Finances,  Abderrahmane Raouya", lit-on dans le communiqué de la Présidence.

Le secrétaire général du ministère des finances assurera l'intérim en attendant d'autres nominations dans le cadre d'un nouveau remaniement ministériel.
Il s'agissait du troisième passage de Raouya au ministère des Finances. Il faisait déjà partie du dernier gouvernement de Bouteflika avec le même portefeuille, c'est pourquoi beaucoup l'ont considéré comme l'un des membres de la vieille garde algérienne, avant les changements de 2019. Il est revenu au ministère en 2020 sous le gouvernement Djerad, et en février 2022 pour la dernière fois sous le gouvernement Ben Abderrahmane. 

Le licenciement de Raouya intervient dans un contexte de tensions entre l'Algérie et l'Espagne en raison du changement de position sur le conflit du Sahara occidental. "Je crois que ce licenciement vise à débloquer les relations avec l'Espagne, car la décision a été prise par une institution financière qui, bien qu'elle soit composée d'institutions bancaires publiques et privées, dépend du ministère des Finances", a déclaré à ce journal le président du Cercle algéro-espagnol du commerce et de l'industrie, Djamel Eddine Bouabdallah.

L'ambassade d'Algérie auprès de l'UE a fait marche arrière vendredi lorsqu'elle a pris connaissance de la position de la Commission, qui a serré les rangs avec l'Espagne, soulignant que le gel des échanges affectait les accords d'association signés entre l'Algérie et l'UE. La délégation algérienne a précisé que la suspension ne compromettait pas les échanges avec Bruxelles.

En ce sens, le ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra a contredit Raouya en déclarant qu'il n'avait pas imposé de blocus sur le commerce avec l'Espagne. 

"Le licenciement est lié à la décision de révoquer la suspension de l'accord d'amitié", déclare Djamel Eddine Bouabdallah. Le président du Cercle algéro-espagnol du commerce et de l'industrie prévoit une levée imminente du blocus sur les importations et les exportations entre les deux pays.