Selon diverses informations, le gouvernement algérien aurait mobilisé des moyens pour déstabiliser les autorités françaises à l'occasion de la mort tragique du jeune Nahel

L'Algérie et sa longue ombre dans l'agitation française

REUTERS/SARAH MEYSSONNIER - Des véhicules en feu dans une rue au milieu d'affrontements entre manifestants et policiers lors d'une marche en hommage à Nahel, un adolescent de 17 ans tué par un policier français lors d'un contrôle routier, à Nanterre, dans la banlieue de Paris, en France, le 29 juin 2023

L'agitation sociale et la déstabilisation touchent la France. Depuis plusieurs jours, de graves manifestations et émeutes ont lieu dans différentes régions du pays gaulois à la suite de la polémique suscitée par la mort d'un adolescent de 17 ans à Nanterre, l'une des banlieues de la capitale Paris, abattu par un policier français alors que le jeune homme ne s'était pas arrêté à un contrôle de police.  

Lorsque les faits ont été connus, de nombreuses personnes sont descendues dans la rue et des émeutes ont éclaté, teintées de protestation, pour dénoncer les abus policiers en France et le racisme existant, compte tenu du fait que le mineur tué à Nanterre était d'origine algérienne. Outre Paris, les violences urbaines se sont étendues à de nombreuses banlieues des principales villes françaises, avec une forte présence de personnes appartenant à des familles immigrées, principalement arabes, qui ont manifesté leur colère après le meurtre du jeune Nahel.  

Au cours des six derniers jours, depuis la mort de Nahel, des milliers de citoyens, dont de nombreux jeunes d'origine étrangère, ont déclenché de graves émeutes avec pillages, incendies criminels et agressions contre des écoles, des mairies et divers bâtiments publics, ce qui a constitué un véritable défi pour l'État français. 

AFP/PHILIPPE LOPEZ - Des pneus enflammés bloquent une rue de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France, le 29 juin 2023, lors des émeutes et des incidents qui ont éclaté dans tout le pays après le meurtre d'un jeune homme de 17 ans par un policier qui a tiré après un refus d'obtempérer dans une banlieue ouest de Paris

Selon des médias comme Maghreb Intelligence, le gouvernement algérien, qui a eu de forts différends avec le gouvernement français ces derniers temps, aurait pu utiliser tout ce courant pour déstabiliser l'administration française. Le report de la visite du président algérien Abdelmadjid Tebboune en France en mai et juin n'a pas été bien accueilli en Algérie. La visite d'État que le président algérien Abdelmadjid Tebboune devait effectuer le 2 mai a été annulée du côté algérien en raison d'une décision de la direction de l'armée algérienne, qui représente pour beaucoup le véritable pouvoir dans ce pays d'Afrique du nord. L'annulation de la visite de juin est venue du côté français, où plusieurs secteurs de l'administration française considèrent que le président algérien ne remplit pas les critères d'une visite d'État à Paris. Parmi les raisons pour lesquelles Tebboune n'est pas souhaité en France figurent les violations des droits de l'homme et la répression des opposants algériens.  

Selon diverses sources consultées par Maghreb Inteligence, Alger prépare une stratégie perverse pour profiter de ces violences urbaines et de la colère populaire qui s'est manifestée dans les banlieues françaises suite à la mort tragique du jeune Nahel à Nanterre. Pour Alger, la crise qui secoue la France pourrait être une occasion inespérée de se repositionner sur la scène politique française et d'intensifier son influence sur la diaspora algérienne, qui constitue la plus importante communauté étrangère établie sur le sol français. Le régime algérien aurait fait de cette crise une "opportunité" pour cibler les lobbies les plus anti-algériens en France, a indiqué une source sécuritaire algérienne à Maghreb-intelligence. Ces groupes de pression comprennent les services de police et de renseignement français et le ministère de l'Intérieur lui-même, qui n'aident pas l'Etat algérien à contrôler tous les opposants au gouvernement algérien sur le territoire français, selon l'Algérie elle-même. 

AFP/KENZO TRIBOUILLARD - Un policier prend position dans un véhicule anti-émeute lors de manifestations à Lille, dans le nord de la France, le 29 juin 2023, deux jours après qu'un adolescent a été tué par balle lors d'un contrôle de police à Nanterre, dans la banlieue parisienne

Tout d'abord, le 27 juin, alors que la mort de Nahel choque la communauté maghrébine en France, Alger donne instruction à son ambassade à Paris et à ses représentations diplomatiques dans les principales villes françaises de s'impliquer pleinement dans la gestion de la crise, en contactant rapidement les proches de la victime et en faisant valoir ses "origines algériennes", selon Maghreb Intelligence. Le 29 juin, la diplomatie algérienne a même publié un communiqué indiquant que le gouvernement algérien suivait de près l'affaire et suivait "très attentivement" les développements de l'affaire de la mort "brutale et tragique" de Nahel en France.  

Selon ces informations, le gouvernement algérien aurait utilisé l'atout de la dénonciation d'un prétendu racisme au sein de la police française pour exciter tous les citoyens membres de familles algériennes afin de causer des problèmes à l'administration française. Tout cela s'est fait par l'intermédiaire des délégations diplomatiques algériennes sur le sol français. Selon Maghreb Intellgence, le Bureau de sécurité du Consulat d'Algérie à Nanterre, l'un des plus importants consulats algériens dans la capitale française, Paris, et les membres du service consulaire ont été instruits le 28 juin de contacter la famille du défunt Nahel et de prendre position dans toutes les actions populaires réclamant la vérité ou la justice pour la mort de l'adolescent, que la diplomatie algérienne a rapidement présenté comme un membre de la communauté algérienne établie en France, bien que sa relation avec le pays algérien soit superficielle. 

AFP/RYAD KRAMDI - Le président algérien Abdelmadjid Tebboune

Dans ce contexte, le 29 juin, jour de la Marche blanche pour Nahel organisée à Nanterre, de nombreux diplomates algériens ont ouvertement assumé leur participation à cette action de protestation contre le "racisme de la police française", selon Maghreb Intelligence.  

Dans ce contexte, les marches en France pour protester contre l'assassinat de Nahel ont été largement relayées par les médias algériens, présentant la communauté algérienne de la diaspora comme victime d'abus et de racisme de la part des policiers français.