L'Algérie rejette la résolution du Parlement en la qualifiant d'"ingérence"
Le président de l'Assemblée générale algérienne, Salah Goudjil, a réagi à la récente résolution du Parlement européen sur la situation de la liberté de la presse dans ce pays d'Afrique du nord. La décision du Parlement, adoptée par 536 voix pour, 4 contre et 19 abstentions, demande à Alger de libérer immédiatement le journaliste Ihsane El-Kadi et tous les citoyens détenus pour avoir exercé leur droit à la liberté d'expression. El-Kadi a été arrêté fin décembre 2022 et condamné en avril à cinq ans de prison pour "propagande politique" et "atteinte à la sécurité de l'État".
Le Parlement européen a également rappelé le journaliste Mustapha Bendjama, rédacteur en chef du site web Le Provincial, qui a été arrêté en février dernier. Avant de l'arrêter, les autorités ont perquisitionné son bureau et confisqué son téléphone et son ordinateur, le reliant à l'affaire Amira Bouraoui, une citoyenne franco-algérienne qui est entrée illégalement en Tunisie pour échapper à la répression croissante des activistes algériens liés au Hirak.
À cet égard, Goudjil a rejeté la résolution européenne, soulignant qu'aucun pays ne peut donner de leçons à l'Algérie et avertissant qu'ils ne resteront pas silencieux face à la décision du Parlement européen. "Aucun pays ne peut dicter des ordres à l'Algérie", a déclaré Goudjil lors d'une session de l'Assemblée générale. L'homme politique algérien a également accusé le Parlement européen de "s'ingérer de manière flagrante" dans les affaires intérieures de l'Algérie. Plusieurs partis politiques du pays ont fait écho à ces propos, qualifiant la résolution d'"ingérence flagrante dans les affaires d'un État souverain" et accusant les députés européens de faire "deux poids, deux mesures".
Ce n'est pas la première fois que le Parlement ou d'autres organismes internationaux s'élèvent contre la répression et la censure en Algérie. En février dernier, Mary Lawlor, médiatrice et rapporteuse spéciale des Nations unies pour les droits de l'homme, a exprimé son inquiétude face à l'escalade de la répression et de la censure par les autorités algériennes. Ce mois-là, Alger a dissous la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH), une ONG proche du Hirak, soulignant ainsi la montée en puissance de l'oppression du peuple algérien.
Cependant, les ONG ne sont pas les seules à être réduites au silence en Algérie. Les médias et les journalistes indépendants, comme El-Kadi ou Bendjama, sont également la cible des autorités.
Des militants et des analystes ont mis en garde contre la situation en Algérie, exhortant les pays européens à faire pression sur le gouvernement Tebboune pour qu'il respecte les droits de l'homme et les libertés. Cependant, avec l'invasion de l'Ukraine par la Russie, de nombreux pays européens, comme l'Italie et la France, se sont tournés vers l'Algérie, qui se positionne comme un nouvel allié énergétique. Malgré l'importance du gaz algérien, les eurodéputés français et italiens ont voté en faveur de la récente résolution.