L'Algérie veut plus de contrôle sur la presse numérique
Le ministre algérien des communications, Ammal Belhimer, a annoncé un nouveau décret qui devrait être valable pendant 12 mois pour réglementer et limiter la presse numérique du pays. Ces mesures ont suscité l'inquiétude de l'opposition algérienne et surtout du secteur du journalisme qui n'a pas hésité à rappeler que le but n'est autre que de limiter et de poursuivre la liberté d'expression.
Les mesures comprennent la nécessité que le siège de ces médias numériques soit situé dans le pays et qu'ils informent le gouvernement d'Abdelmadjid Tebboune de tout contenu « illégal ». Le problème, selon les opposants, est de savoir qui décide de ce qui est légal et de ce qui ne l'est pas.
Les membres de l'opposition et du mouvement Hirak, qui descend dans la rue pour dénoncer la situation politique en Algérie depuis plusieurs années, soulignent que le « nouveau » gouvernement d'Abdelmadjid Tebboune a systématiquement persécuté les journalistes et les militants, aussi, ajoutent-ils, leur inquiétude au sujet de cette nouvelle loi est-elle justifiée.
Selon le ministre des communications, il s'agit de poursuivre l'utilisation abusive de ce type de médias hébergés sur Internet et la diffusion de « fake news », de fausses nouvelles, de canulars et de rumeurs. Ammal Belhimer ajoute que cela permettra de « protéger l'Algérie et ses forces armées contre les attaques malveillantes » qui cherchent à désinformer.
Hamdi Baala, l'un des journalistes du quotidien numérique Twala, souligne que les médias numériques sont un « espace libre » qui, en raison de leur caractère unique, de leur simplicité et de leur facilité, sont « techniquement et économiquement hors du contrôle des autorités algériennes ».
Plusieurs médias numériques, tels que la TSA ou All About Algeria, sont systématiquement bloqués depuis 2017. D'autres médias radio ont également souffert de la censure imposée par le gouvernement algérien.
La nouvelle loi établira deux nouvelles autorités pour réglementer ce type de médias numériques : l'une se concentrera sur la presse numérique et l'autre sur les médias audiovisuels qui diffusent en ligne.
Cette nouvelle mesure est destinée à accroître la pression sur le mouvement social algérien, appelé Hirak, qui cherche à mettre fin à la gérontocratie algérienne et qui manifeste pour une plus grande démocratisation du pays. La fin d'Abdelaziz Bouteflika n'a pas apporté de changements substantiels, car ils considèrent que l'exécutif de Tebboune est plus du même type, et cette nouvelle loi est l'exemple le plus clair des limitations qui continuent à être imposées à la liberté dans le pays.
Toutes ces limitations, telles que l'hébergement de médias sur les domaines algériens, affecteront également les recettes publicitaires privées, qui sont essentielles à la viabilité économique de nombre d'entre elles. En outre, lorsqu'ils sont transférés dans le domaine algérien, ils peuvent être soumis au contrôle de l'Agence nationale de publicité.