Le ministre juif des affaires étrangères mélange pour les deux prochaines années les relations avec les États arabes et redéfinit la politique étrangère d'Israël

Lapid rencontre le ministre égyptien des affaires étrangères pour stimuler les négociations avec le Hamas

AFP/JOHN THYS - Le ministre israélien des Affaires étrangères Yair Lapid arrive à une réunion du Conseil des affaires étrangères au siège de l'UE à Bruxelles, le 12 juillet 2021

Le nouvel exécutif israélien, une union de jusqu'à neuf formations politiques de signe différent qui a écarté Benjamin Netanyahou du pouvoir après l'avoir occupé pendant 12 années ininterrompues, commence à graisser la machine de sa politique étrangère avec un objectif prioritaire, à savoir renforcer ses liens avec les États arabes et consolider l'héritage des accords d'Abraham.

Le ministre israélien des Affaires étrangères pour les deux prochaines années, Yair Lapid, a tenu une réunion à Bruxelles dimanche avec son homologue égyptien, Sameh Shouky. Cette rencontre était le premier contact direct entre les deux pays depuis l'entrée en fonction de la coalition.

Les termes de la conversation ont été définis dans le contexte de la situation actuelle dans la bande de Gaza, selon les deux délégations. La réunion entre les dirigeants a duré une heure et a porté sur des questions telles que l'aide humanitaire et l'incidence de la menace terroriste dans la région.

La question principale, cependant, était la négociation entre Israël et le Hamas pour l'établissement d'un cessez-le-feu, une négociation qui implique l'Égypte comme principal médiateur. Dans ce cadre, le ministre Lapid cherche à obtenir la libération des deux citoyens israéliens et des corps de deux soldats détenus à Gaza par le Hamas depuis le conflit de 2014.

Un autre objectif d'Israël est d'empêcher le Mouvement de la résistance islamique de saisir les fonds humanitaires destinés à la bande de Gaza et de les utiliser à des fins militaires. À cette fin, Israël exige l'intervention d'un nouveau mécanisme de contrôle international, tel que l'ONU, pour superviser le transit des fonds.

À cet égard, le Hamas exerce une forte pression sur le Qatar pour qu'il reprenne les paiements de 30 millions de dollars utilisés par l'organisation pour soutenir les familles gazaouies touchées par les attaques de mai dernier. 

Le ministre égyptien des affaires étrangères, Sameh Shoukry, a souligné au cours des entretiens "la nécessité de sortir de l'impasse actuelle entre les parties palestinienne et israélienne, ce qui conduira à une négociation de paix juste et globale", selon le porte-parole du ministère des affaires étrangères, Ahmed Hafez.

Les propos de Shoukry s'inscrivent dans le cadre du travail de médiation mené par la diplomatie égyptienne dans le conflit israélo-palestinien. Le Caire fait office de contrepoids entre Israël et le Hamas depuis le début du conflit en mai, et tente de faire pression en faveur d'un accord de cessez-le-feu définitif qui permettrait de réduire les tensions et de protéger les habitants de la région. 

Depuis le traité de paix de 1979, l'Égypte et Israël sont devenus des partenaires stratégiques clés dans la région. Les experts qualifient leur relation de "paix froide", mais le pays africain tente de s'imposer comme un acteur majeur dans la résolution du conflit israélo-palestinien. La collaboration du Caire avec l'État juif concerne principalement les domaines de la défense et du renseignement.

En juin, Natfali Bennett a eu une conversation téléphonique avec le président égyptien, Abdel Fattah al-Sisi, au cours de laquelle ils ont convenu de renforcer leurs relations. Le président égyptien a félicité Bennett pour la formation du nouveau gouvernement avant d'aborder les affaires régionales, en se concentrant sur les zones administrées par l'Autorité palestinienne.

L'Égypte n'est pas seule face à ce défi, elle a le soutien de la Jordanie. Le nouveau premier ministre israélien a rencontré in pectore le roi Abdallah II à Amman pour rapprocher les deux parties après des années de tensions sous Netanyahu, tandis que leurs délégations respectives ont conclu une série d'accords économiques.

En 1994, Israël et la Jordanie ont officiellement signé un accord de paix et ont travaillé ensemble sur des questions de sécurité. Toutefois, les tensions concernant la mosquée Al-Aqsa - le troisième site le plus sacré de l'Islam - et l'expansion des colonies ont tendu les relations entre les deux pays, d'où l'importance de la réunion. 

Les termes de la rencontre ont été positifs, et ils ont convenu d'ouvrir une "nouvelle page" dans leurs relations bilatérales. Entre-temps, M. Lapid a rencontré le ministre jordanien des affaires étrangères, Ayman Safadi, jeudi, afin d'obtenir le soutien du royaume hachémite.

Safadi a été sévère. Le ministre jordanien des affaires étrangères a appelé à une solution à deux États pour le conflit israélo-palestinien et a exigé qu'Israël cesse de prendre des mesures "illégales". Yair Lapid a tenté d'arrondir les angles, reconnaissant la Jordanie comme un "voisin et partenaire important", puis déclarant qu'Israël s'efforcerait de renforcer les liens et d'étendre la coopération économique avec son voisin.