Les autorités saoudiennes saisissent 1,06 million de dollars à une bande organisée de blanchiment d'argent

L'Arabie saoudite met le blanchiment d'argent dans sa ligne de mire

Avec l'annonce d'une opération de police qui a abouti à six arrestations et à la saisie de 1,06 million de dollars américains, l'Arabie saoudite a remporté une nouvelle victoire dans la lutte contre le blanchiment d'argent. 

Le ministère public du royaume arabe a rendu les résultats publics lundi matin, 12 septembre, en même temps qu'un message d'engagement dans la lutte contre le blanchiment d'argent, souvent utilisé par les réseaux terroristes internationaux. Le gang démantelé, composé d'un ressortissant saoudien et de cinq autres personnes d'origine arabe, s'ajoute à la liste des organisations démantelées par la justice saoudienne ces derniers mois, selon un communiqué publié par le média local Al-arab. 

La justice saoudienne, qui a rendu son verdict lundi, a condamné un ressortissant saoudien à dix ans de prison et à une interdiction de quitter le pays pendant dix années supplémentaires. Les autres personnes condamnées, de nationalité arabe non précisée, ont été condamnées à 25 ans de prison et à l'expulsion à l'issue de leur peine.

En février 2022 déjà, la justice saoudienne avait condamné un groupe de 11 personnes à 52 ans de prison pour des motifs similaires, mais avec un montant de saisie bien plus élevé qu'en septembre dernier : 2,67 millions de dollars.

Le Conseil de coopération des États arabes du Golfe persique, et l'Arabie saoudite par son intermédiaire, est membre du GAFI (Groupe d'action financière), un organisme international créé en 1989 par le G8 pour élaborer des normes et promouvoir des mesures entre les États afin de lutter contre le blanchiment d'argent et le financement des organisations terroristes.

Dans son évaluation de 2018, le GAFI a tiré certaines conclusions sur l'état de la lutte contre le blanchiment d'argent dans le royaume saoudien. Malgré un système financier relativement petit et un accès à l'économie étroitement contrôlé, la situation générale serait celle d'un "risque mixte", principalement en raison des groupes terroristes, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays, ainsi que des conflits dans la région. Selon les conclusions du GAFI, citant des sources du FMI, le produit intérieur brut généré par les activités illégales en Arabie saoudite se situe entre 12 et 32 milliards de dollars américains. Selon l'analyse du GAFI, les principales activités qui génèrent ces capitaux sont le trafic de drogue, la corruption, la contrefaçon et le piratage de produits. Les estimations indiquent que 70 à 80 % des produits illicites sortent du pays.

L'Arabie saoudite a remanié ses méthodes de travail et ses lois pour lutter contre le blanchiment d'argent à partir de 2010, date à laquelle elle a introduit dans son arsenal juridique les principaux outils de lutte contre ce problème. En 2017, l'Arabie saoudite a adopté d'importantes révisions de sa Loi sur le blanchiment d'argent (AMLL) et de sa Loi sur les crimes et le financement du terrorisme (LTCF). Les réformes juridiques ont été accompagnées d'un certain nombre de remaniements gouvernementaux, ainsi que de la définition d'une nouvelle stratégie de lutte contre le blanchiment d'argent. Le GAFI a évalué positivement tous ces changements dans son rapport de 2018. Les changements sont conformes aux recommandations proposées par l'organisme international et "répondent avec succès à presque toutes les lacunes qui existaient auparavant".

Selon le GAFI, les meilleurs progrès de l'Arabie saoudite dans ce domaine se reflètent dans la lutte contre le financement du terrorisme. Selon le rapport 2018, les autorités du pays ont fait preuve d'une réponse proactive à la menace terroriste sur le territoire national grâce à une expertise et une volonté suffisantes. Il détaille cependant que les mesures et donc les résultats de ces efforts peuvent être améliorés. La priorité de l'Arabie saoudite est définie comme se situant à l'intérieur du royaume et dans son voisinage immédiat, ce qui laisse de côté de nombreuses voies de financement qui affectent négativement d'autres régions.

Les analystes du GAFI notent l'absence d'efforts pour poursuivre le financement du terrorisme par des personnes ou des organisations qui ne dépendent pas ou ne sont pas impliquées dans la commission d'activités terroristes. "Il s'agit notamment de cas de financement du terrorisme en relation avec des fonds collectés en Arabie saoudite pour soutenir des individus affiliés à des entités terroristes en dehors du royaume, en particulier en dehors de la région du Moyen-Orient, ce qui reste un risque", note le rapport 2018.

Les améliorations de l'Arabie saoudite en matière de conformité aux normes du GAFI sont visibles à travers le tableau de conformité technique avec les réévaluations mis à jour en 2019 par rapport à celui de 2018, avec une évaluation très positive selon laquelle sur les trois points PC (partiellement conforme), seul 1 subsiste en 2019.