Le colonel Hasan Sayyad Khodai a été abattu de plusieurs balles depuis une moto près de son domicile à Téhéran

L'assassinat d'un colonel des Gardiens de la révolution iraniens suscite des tensions avec Israël et les États-Unis

AFP/HO/PRESIDENCIA IRAN - Membres du Corps des gardiens de la révolution islamique iranienne (IRGC)

Un haut responsable de la Garde révolutionnaire iranienne, le colonel Hassan Sayyad Khodaei, a été abattu devant son domicile à Téhéran. L'assassinat aurait été perpétré par des hommes non identifiés qui ont tiré des coups de feu depuis une moto, selon la télévision d'État iranienne, IRIB. .

L'attaque, qui aurait eu lieu en plein jour, était liée aux services de renseignement israéliens, selon les accusations portées par la Garde iranienne. Les forces armées iraniennes affirment que cet assassinat est directement lié à Israël et assurent que le pays subira de "terribles conséquences".

En outre, une autre attaque israélienne près de Damas, la capitale syrienne, a tué deux membres de la Garde en mars, ce qui a incité l'Iran à riposter en tirant un barrage de missiles sur le nord de l'Irak. 

Cet incident aurait coïncidé avec le bombardement par Tel Aviv de positions de l'IRIB en Syrie, qui aurait fait trois morts. Pour l'Iran, l'assassinat de Khodaei témoigne d'une "arrogance globale" de la part d'Israël, et le pays affirme qu'Israël et les États-Unis ciblent les scientifiques nucléaires iraniens.

Jusqu'à présent, il n'y a pas eu de revendication immédiate de la responsabilité de l'attaque. Dans le même temps, les rapports rassemblant les rares informations sur ce dernier assassinat identifient Khodaei comme un "défenseur du sanctuaire", faisant ainsi référence aux Iraniens qui seraient impliqués dans la lutte contre Daesh en Irak et en Syrie par le biais des forces Quds, la garde d'élite supervisant les opérations étrangères.

De même, ce terme, inventé par l'Iran, désigne toute personne travaillant pour la République islamique dans des pays tels que la Syrie et l'Irak, pays qui abritent des zones de culte chiite et où l'Iran aurait une certaine présence et influence par le biais de "conseillers militaires". 
 

Il existe peu d'informations sur Khodaei en raison de ses liens possibles avec des opérations secrètes de soutien au Hezbollah en Libye, ainsi qu'avec d'autres milices en Syrie et en Irak. Dans cette veine, le colonel Khodaei est l'une des personnes les plus influentes du pays tuées sur le sol iranien après l'assassinat du physicien nucléaire Mohsen Fakhrizadeh, tué en novembre 2020 près de Téhéran dans une attaque contre son véhicule.

Après la mort de Fakhrizadeh, il a été présenté comme un vice-ministre de la Défense et chef de l'organisation de Recherche de Innovation en Défense (Sepand), qui aurait contribué à la "défense anti-atomique" du pays. 

Quelques heures après le crime, un procureur iranien serait arrivé sur les lieux du crime pour enquêter sur ce qui s'était passé et exiger que la police arrête les coupables. Presque au même moment, les médias iraniens ont rapporté que les forces de sécurité des Gardiens de la révolution avaient "découvert et arrêté" des membres d'un réseau de renseignement israélien opérant dans le pays, sans préciser s'il était lié à Khodaei.

 L'accord nucléaire est au point mort

Les négociations visant à rétablir l'accord nucléaire avec l'Iran, après que les États-Unis ont décidé de le quitter unilatéralement en 2018 sous la présidence de Donald Trump, restent au point mort. 

La raison de cette impasse, entre autres, est une nouvelle condition sine qua non, désormais fondamentale pour l'Iran, à savoir que les États-Unis cessent de désigner les Gardiens de la révolution comme une organisation terroriste, désignation décrétée par les États-Unis en 2019. 
 

Pour Téhéran, cette désignation est une ligne rouge pour que les négociations reprennent, car ils considèrent qu'elle fait partie de la politique de Trump qui cherche à imposer une "pression maximale". Les États-Unis, quant à eux, ont répondu que l'Iran devait s'engager à ne pas attaquer les diplomates, les représentants du gouvernement ou les membres de l'armée américaine stationnés au Moyen-Orient.

Aucune des parties n'est parvenue à se mettre d'accord et, entre-temps, l'Iran poursuit son programme nucléaire. Début mai, le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Mariano Grossi, a affirmé que l'Iran avait accumulé 42 kilogrammes d'uranium enrichi à 60 %, se rapprochant ainsi du point de basculement à partir duquel l'Iran serait une puissance nucléaire.

Dans ce cas, les États-Unis pourraient faire pression sur Israël pour qu'il intervienne dans l'État, car un Iran abritant cette quantité d'énergie nucléaire représenterait "une menace insupportable" pour la poursuite de son existence en tant que nation. Dans ce cas, les pays voisins, tels que l'Arabie saoudite, s'opposeraient à un tel enrichissement par l'Iran, ce qui mettrait en péril le "dialogue de Bagdad" que l'Irak propose de négocier entre l'Iran et l'Arabie saoudite. Si cela ne se produit pas, il pourrait y avoir un risque de course aux armements nucléaires entre les deux puissances régionales.

D'autre part, le Haut représentant de l'Union européenne pour la politique étrangère, Josep Borrell, a réitéré l'importance de remettre les négociations sur les rails afin de rétablir l'accord nucléaire avec l'Iran, et a prévenu que le temps est un facteur fondamental dans ces négociations, car plus il est long, plus il sera "difficile" de les conclure.

Sur son compte Twitter, Borrell a déclaré qu'il s'était entretenu avec le ministre iranien des Affaires étrangères, Amir Abdollahian, pour "soulever des questions bilatérales urgentes et discuter des prochaines mesures à prendre pour rétablir le JCPOA", c'est-à-dire le plan global conjoint pour l'accord nucléaire, et a réaffirmé la nécessité de les "mettre en route" dès que possible.

Coordinateur pour les Amériques : José Antonio Sierra.