Le chef du gouvernement marocain, Aziz Akhannouch, a souligné que le pays français doit prendre position sur cette question et abandonner le rôle d'observateur neutre

Marruecos insta a Francia a posicionarse claramente en torno al Sáhara Occidental

PHOTO/FILE - Aziz Akhannouch

Le Maroc poursuit son travail diplomatique inlassable pour continuer à obtenir un soutien pour son plan de résolution du conflit sahraoui. Le royaume alaouite a reçu un important soutien international pour sa proposition, qui prévoit une large autonomie pour le territoire sous souveraineté marocaine, en respectant les postulats des Nations unies. Il s'agit notamment des États-Unis, des Émirats arabes unis, de l'Allemagne et de l'ancienne puissance coloniale espagnole.  

Toutefois, l'État nord-africain continue de demander le soutien d'autres acteurs importants, comme la France, qui joue un rôle diplomatique important dans ce dossier. À cet égard, le chef du gouvernement marocain, Aziz Akhannouch, a envoyé des messages clairs à la nation française pour qu'elle prenne position sur la question du Sahara marocain.  

Une prochaine visite officielle du président Emmanuel Macron à Rabat est attendue, et en vue de cette visite attendue, la question sahraouie commence à être évoquée afin d'exercer une certaine pression politique sur la France. Aziz Akhannouch est allé jusqu'à souligner que "le moment est venu de sortir de cette situation". 

La France est dans une position difficile car elle est prise entre deux feux entre le Maroc, qui réclame une solution pour le Sahara favorable à sa position, et l'Algérie, grand rival politique du royaume marocain et qui soutient le Front Polisario, autre ennemi déclaré du Maroc, qui prône l'organisation d'un référendum sur l'indépendance de la population sahraouie qui bénéficie de moins de soutien sur la scène internationale. L'Etat français souhaite entretenir de bonnes relations avec ses deux voisins maghrébins, mais leurs positions sont tellement opposées qu'il est difficile de se situer dans une zone intermédiaire ou grise équidistante entre les deux. Surtout si l'on considère qu'en août 2021, l'État algérien a rompu ses relations avec le Maroc, accusé d'ingérence politique dans ses affaires intérieures.  

Dans une interview accordée au journal français L'Opinion, Aziz Akhannouch a estimé qu'"il y a des développements importants dans la question du Sahara suite à la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur les Provinces du Sud par les grandes puissances", et a souligné que "Paris ne doit pas être un simple observateur". 

Le chef du gouvernement marocain a appelé la France à abandonner son statut d'"observateur" sur la question du Sahara occidental, affirmant que la République doit suivre les "développements majeurs" du dossier.

Il existe d'importants intérêts mutuels qui, en tout cas, ne sont pas menacés aujourd'hui, comme la question économique. Aziz Akhannouch a expliqué que la relation économique entre les deux pays "n'est pas affectée par la tourmente" et a ainsi rassuré les investisseurs français.  

"Notre relation économique avec la France doit se développer", a déclaré le Premier ministre marocain, ajoutant que les investissements français au Maroc ont toujours été libres et bienvenus, évidemment, sans aucune restriction.  

La question du Sahara occidental a connu des développements importants pour le Maroc ces derniers temps, notamment après que la dernière administration américaine de Donald Trump a reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara en décembre 2020, et Rabat s'attend désormais à ce que Paris reconnaisse clairement sa souveraineté sur le Sahara occidental, à l'instar de l'Espagne, par exemple. Le gouvernement espagnol de Pedro Sánchez a reconnu la proposition marocaine comme la voie "la plus sérieuse, crédible et réaliste" pour résoudre la question du Sahara. Un geste politique qui a permis de rétablir pleinement les relations entre le pays européen et le royaume nord-africain après la crise diplomatique provoquée par l'accueil de Brahim Ghali, leader du Front Polisario, sur le territoire espagnol pour y être soigné pour une affection respiratoire et la plainte subséquente du Maroc pour le manque de coopération et d'information de la part d'un pays considéré comme un allié comme l'Espagne. 

Maintenant, le président Emanuel Macron devrait effectuer une visite d'État au Maroc en février ou mars de cette année et la question pourrait être clarifiée. Il s'agirait de la première visite de Macron au Maroc depuis sa dernière investiture en tant que président de la République française, et il devrait rencontrer le roi Mohammed VI. Au moment où ce sommet aura lieu, la question du Sahara occidental sera probablement sur la table. 

Hisham Moatadid, expert en relations internationales et en sécurité basé au Canada, a expliqué que la demande marocaine s'inscrit dans l'évolution internationale du dossier sahraoui, car la France a une responsabilité politique qu'elle était censée avoir envers le Maroc en termes de soutien dans ce conflit avant que les grandes puissances ne reconnaissent sa souveraineté sur les provinces dites du Sud du Maroc. Compte tenu des relations exceptionnelles entre les deux pays, une position franche, directe et claire sur ce conflit, s'éloignant de l'équidistance politique pour satisfaire toutes les parties, est désormais nécessaire, comme le rapporte Al-Arab. Moatadid a également noté dans The Arab Weekly que la France est appelée à changer son approche politique afin de renforcer les liens diplomatiques avec le Maroc, qui est un véritable partenaire stratégique. Entre-temps, Rabat pourrait ne plus être en mesure de tolérer des positions ambiguës sur une question qui revêt une importance particulière pour la nation.  

En préparation de la visite de Macron, Catherine Colonna, la ministre française des Affaires étrangères, a confirmé depuis Rabat en décembre dernier que "la position de la France sur le Sahara est claire et cohérente". "Nous soutenons le cessez-le-feu et les efforts des Nations unies et de l'envoyé spécial de l'ONU pour le Sahara dans ses tournées, et nous espérons le retour du processus politique pour une solution politique juste et réaliste", a déclaré Colonna aux médias, prônant un dialogue entre les parties pour parvenir à une solution. Mais les discussions sont difficiles entre les deux parties belligérantes, le Maroc d'une part et le Front Polisario et l'Algérie d'autre part. 

Pour sa part, Nasser Bourita, ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, a déclaré, lors de la rencontre dans la capitale du royaume nord-africain avec son homologue français, que le moment est venu de prendre des décisions claires et a souligné que "durant les trois dernières années, il y a eu une évolution remarquable sous la direction du roi Mohammed VI dans les positions de plusieurs pays qui sont politiquement et géographiquement proches de la France". "Paris est pleinement conscient de l'importance du problème du Sahara marocain pour les Marocains", a-t-il ajouté.