Marruecos llama a consultas a su embajador en Túnez tras una visita de Brahim Ghali
Le Maroc a "immédiatement" rappelé son ambassadeur en Tunisie pour des consultations après que le président tunisien Kais Saied ait invité le leader du Front Polisario Brahim Ghali à participer à un sommet sur la coopération Japon-Afrique.
"Après avoir récemment multiplié les positions et les actes négatifs à l'égard du Royaume du Maroc et de ses intérêts supérieurs, l'attitude de la Tunisie dans le cadre du processus de la TICAD (Forum pour la coopération nippo-africaine) confirme de manière flagrante son hostilité", indique le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.
Rabat a également décidé de ne pas participer au 8e sommet de la TICAD qui se déroule ce week-end. Toutefois, le ministère de Nasser Bourita a précisé que cette décision "ne remet pas en cause l'attachement du Royaume du Maroc aux intérêts de l'Afrique et son action auprès de l'Union africaine, ni l'engagement du Royaume au sein de la TICAD".
La note précise également que ces événements "n'affectent en rien les liens forts et intacts entre les peuples marocain et tunisien, unis par une histoire commune et un destin partagé".
La Tunisie, de son côté, a également réagi en rappelant son ambassadeur à Rabat pour des consultations. Le ministère des Affaires étrangères a exprimé un "rejet catégorique" du communiqué marocain, soulignant son "refus d'interférer dans les affaires intérieures et la souveraineté des décisions nationales", comme le rapporte l'agence de presse Tunisie Afrique.
L'invitation de la Tunisie au Ghali intervient quelques jours seulement après que le roi du Maroc, Mohamed VI, ait réitéré la position du Royaume sur le Sahara. "La question du Sahara est le prisme à travers lequel le Maroc regarde le monde", a souligné le monarque, ajoutant qu'il espère que les autres "pays partenaires qui adoptent des positions ambiguës clarifieront leurs positions sur la question du Sahara marocain".
Le Premier ministre marocain, Aziz Akhannouch, a condamné "cet acte d'hostilité qui va à l'encontre de la fraternité et de l'amitié", rapporte Le360 : "Nous ne pouvons que dénoncer cet acte hostile et incompréhensible du président tunisien à l'égard de l'intégrité territoriale du Maroc".
Comme il l'a déclaré au magazine Le360, Birou estime qu'"il s'agit d'une attitude provocatrice qui heurte les sentiments de 40 millions de Marocains et qui est répréhensible, car elle dénote une grave étroitesse d'esprit".
D'autres partis politiques tels que l'Istiqlal ont également condamné l'invitation de la Tunisie à Ghali. "Aujourd'hui, le président tunisien a fait preuve d'une grande frivolité dans la gestion de la Tunisie et de ses intérêts. Ce pays est dirigé par un homme qui n'est plus maître de ses décisions", déclare l'un des membres du comité exécutif, Aziz Hilali.
Les médias marocains ont fait écho à la nouvelle, considérant l'action de la Tunisie comme "une grande trahison du Royaume du Maroc", comme l'écrit Rue20. "Avec ce geste tunisien négatif, Kais Saied détruit les excellentes relations d'amitié et de coopération qui existent entre le Maroc et la Tunisie", ajoute le média.
Le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, a annulé une réunion avec le haut représentant de l'Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de Sécurité, Josep Borrell, prévue en septembre.
Le diplomate espagnol a déclaré dans une récente interview à RTVE que la position du gouvernement espagnol sur le conflit du Sahara occidental est celle de l'UE, qui consiste à "défendre la tenue d'une consultation pour que le peuple sahraoui puisse décider de la manière dont il souhaite son avenir".
Bourita s'est exprimé peu après, soulignant que ces déclarations étaient une "erreur d'expression" qui "ne reflète pas la position de l'Espagne ou de l'UE sur le Sahara".