Le Moyen-Orient en 2023 : vers une coopération accrue
Économique, militaire ou stratégique. Ce sont là quelques-uns des principaux motifs qui ont poussé les pays du Moyen-Orient à forger des alliances ces dernières années. Les différences importantes entre nombre d'entre eux se sont atténuées - pas dans tous les cas, comme on peut le voir dans la détérioration des relations entre le Maroc et l'Algérie - pour donner lieu à des rapprochements qui, par le passé, auraient été impensables dans la région. Cela a donné lieu à un nouveau contexte géopolitique dans lequel la coopération entre pays voisins s'est accrue, sous l'effet également d'une situation d'instabilité mondiale.
L'Organisation du Traité Central, initialement appelée "Pacte de Bagdad", est l'une de celles mentionnées par l'écrivain et penseur égyptien Abdel Moneim Saeed dans un article pour Future Research and Advanced Studies. Ce traité, dit-il, explique en grande partie les alliances militaires, mais pas les alliances économiques, qui, selon lui, ont été motivées par les menaces d'autres puissances. En effet, à la suite du "printemps arabe", les liens entre de nombreux pays du Golfe se sont resserrés à la suite de mouvements militaires tels que ceux perpétrés par des milices pro-iraniennes contre les Émirats arabes unis et l'Arabie saoudite.
Cette période d'instabilité a divisé la région entre ce que Saeed appelle "l'alliance du quartet", composée des Émirats arabes unis, de l'Arabie saoudite, de l'Égypte et de Bahreïn. Ce qu'il considère comme des "pays réformateurs" est opposé à l'autre axe régional, dans lequel se positionnent certains pays proches des Frères musulmans. Toutefois, les mesures de politique étrangère qui ont été prises sont directement liées à ce que ces mêmes pays font à l'intérieur de leurs frontières, avec des exemples clairs aujourd'hui, comme les cas diamétralement opposés de Riyad et de Téhéran.
Alors que les Saoudiens traversent une période d'expansion et de croissance économique et sociale, en Iran, la dictature des ayatollahs vit ses jours les plus compliqués en raison des protestations qui se sont propagées dans tout le pays après la mort de Mahsa Amini. Ils sont aux antipodes l'un de l'autre en termes de stabilité interne, mais ils restent unis par la confrontation qui se déroule depuis plus de huit ans sur le territoire yéménite, où les milices révolutionnaires soutenues par Téhéran perpétuent l'une des plus grandes crises humanitaires de l'histoire récente, sans qu'aucune solution viable ne soit en vue.
La voie à suivre pour l'année à venir est de suivre les étapes représentées dans des accords clés tels que la déclaration d'Al-Ula qui a mis fin au blocus du Qatar avec l'Arabie saoudite, les EAU, Bahreïn et l'Égypte, ou les accords historiques d'Abraham qui ont normalisé les relations entre Bahreïn et les EAU et Israël. Par la suite, des actions menées plus tôt cette année, comme l'accord conclu entre l'Égypte et Israël pour fournir du gaz liquéfié à l'Union européenne à la suite de la crise énergétique provoquée par la guerre en Ukraine, sont un autre exemple de ce qu'Abdel Moneim Saeed espère voir se traduire par un rapprochement encore plus grand d'ici 2023.
L'espoir pour l'année à venir est que les liens entre les pays du Moyen-Orient continuent de se renforcer, car il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. L'un des objectifs est de parvenir à la normalisation tant attendue des relations entre Riyad et Tel Aviv. C'est pourquoi Joe Biden s'est rendu dans la région en juillet pour encourager ce rapprochement. Toutefois, ce qui constituerait une étape clé dans les relations entre les pays du Golfe devra encore attendre, au moins jusqu'en 2023, les attentes en matière de coopération étant élevées.