Le Pont de Kerch, le lien entre la Russie et la Crimée, subit une explosion majeure
"Tout ce qui est illégal doit être détruit", écrit Mykhailo Podolyak, un conseiller présidentiel ukrainien, peu après qu'une explosion a détruit une partie du célèbre pont de Kerch, lien entre la Russie et la péninsule de Crimée occupée.ç
Un nouveau coup dur pour le Kremlin et sa guerre contre l'Ukraine. Ce pont de 19 kilomètres, l'un des principaux symboles de l'occupation de la Crimée par la Russie, représente l'une des voies d'approvisionnement logistique les plus importantes pour les troupes russes présentes sur la péninsule et dans les régions du sud de l'Ukraine.
"Tout ce qui a été volé doit être rendu à l'Ukraine, tout ce qui appartient à l'occupation russe doit être expulsé", ajoute Podolyak, avertissant que ce n'est que le "début". La cause de l'explosion n'étant toujours pas claire, on envisage la possibilité d'un acte de sabotage ou d'une attaque de missile. L'AFP rapporte également qu'une voiture piégée pourrait avoir déclenché l'explosion.
Un expert déclare à la BBC que "l'absence de dommages sur la surface de la route suggère qu'une arme larguée par avion n'a pas été utilisée". Il est donc possible qu'il s'agisse d'une "attaque par le bas bien planifiée". "Je soupçonne que les explosifs sur la route et sur le pont du train ont été déclenchés simultanément", ajoute-t-il.
Le pont - inauguré en 2018 par Vladimir Poutine lui-même - est l'une des principales cibles de l'Ukraine depuis le début de l'invasion. En avril dernier, Oleksiy Danilov, secrétaire du Conseil national de défense et de sécurité de l'Ukraine, n'a pas exclu d'attaquer l'infrastructure. "S'il y a une opportunité, nous la saisirons certainement", a déclaré M. Danilov, cité par Ukrinform.
L'attaque survient un jour après le 70e anniversaire de Poutine. Le président russe a ordonné la création d'une commission d'urgence pour faire face à l'incident. Moscou a affirmé que l'explosion a été causée par un camion, selon la RBK.
Le président du Parlement de Crimée, Vladimir Kontantinov, a imputé l'explosion à des "hooligans ukrainiens". "Ils ont finalement réussi à atteindre le pont de Crimée avec leurs mains ensanglantées", a-t-il ajouté. M. Kontantinov a également déclaré que les dommages seraient réparés "immédiatement car ils ne sont pas graves".
Plusieurs politiciens russes ont déjà appelé à une réponse ferme de Moscou. L'explosion intervient dans un contexte de contre-offensive majeure de l'Ukraine, qui a repris plusieurs positions clés dans l'est du pays. "Il ne fait aucun doute que la Fédération de Russie donnera une réponse adéquate, consciente et éventuellement asymétrique à la situation d'urgence sur le pont de Crimée", a déclaré un sénateur russe à RIA Novosti.
Les médias russes ont également cité le député de la Douma Oleg Morozov, qui a déclaré que l'attaque du pont de Crimée "n'est plus seulement un défi, c'est une déclaration de guerre".
La destruction partielle de l'une des principales voies d'approvisionnement des troupes russes en Ukraine représente l'une des dernières grandes victoires de Kiev et l'un des derniers coups portés au Kremlin. Ces dernières semaines, les forces armées ukrainiennes ont libéré de nombreuses villes clés dans l'est du pays.
Dans le même temps, la communauté internationale craint de plus en plus une éventuelle attaque nucléaire de la Russie. Récemment, le président américain Joe Biden a averti que le monde était confronté à un "Armageddon nucléaire". "Poutine ne plaisante pas", a-t-il dit, faisant allusion aux multiples menaces du président russe.