Cette initiative vise à mettre fin à l'impasse politique dans laquelle se trouve le Soudan depuis le coup d'État militaire

Le Soudan libère d'anciens fonctionnaires dans le but d'entamer un processus politique pacifique

PHOTO/ARCHIVO - Général al-Burhan

Les autorités soudanaises ont libéré de prison deux anciens responsables de l'ancien gouvernement Hamdok en guise de "preuve de confiance" pour un retour à la "stabilité", dans le cadre des efforts visant à mettre fin à l'impasse politique dans laquelle se trouve le pays depuis le coup d'État qui a fait tomber le gouvernement de transition. 

Selon des responsables, l'ancien ministre des Affaires du Cabinet, Khalid Omar, a été libéré avec l'ancien membre du Conseil souverain au pouvoir, Mohammed al-Faki Suliman, d'une prison de Khartoum, marquant ainsi un pas vers l'entente. 
 

Omar et Suliman ont tous deux été arrêtés le jour où l'aile militaire du gouvernement s'est soulevée contre le gouvernement de transition lors d'un violent coup d'État. Ils ont toutefois été libérés un mois plus tard à la suite du premier accord conclu entre l'armée et l'ancien Premier ministre Abdullah Hamdok. Cependant, Hamdok a démissionné de son poste après que la crise interne se soit aggravée.

En février, Suliman et Omar ont de nouveau été arrêtés, dans le cadre d'une nouvelle répression militaire contre les groupes politiques et civils opposés au retour au pouvoir des militaires. Des dizaines de militants ont également été arrêtés au cours de ces manifestations, qui se poursuivent depuis le coup d'État. Selon l'équipe médicale soudanaise, la répression des manifestants a tué 90 civils, principalement des jeunes, et en a blessé des milliers. 

Suliman, quant à lui, était chef adjoint d'une agence qui avait été dirigée par le gouvernement chargé de démanteler l'héritage du régime de l'ancien dictateur Omar Hassan Ahmad al-Bashir. L'agence, connue sous le nom de Comité pour le démantèlement du régime du 30 juin 1989, en référence au coup d'État militaire organisé par les islamistes, a travaillé pendant deux ans pour éliminer les partisans de Béchir des institutions gouvernementales. 

Les militaires, dont le général Abdel Fattah Burhan, ont critiqué le travail du Comité, allant jusqu'à le démanteler après le coup d'État d'octobre dernier. À cet égard, les insurgés ont reconduit un autre comité, sans l'aile civile.

Après la révocation du Comité, de nombreuses décisions prises pendant l'ancien ont été annulées, des décisions qui, selon les opposants aux militaires, font partie d'une stratégie visant à donner du pouvoir à des personnalités sympathisantes des groupes militaires.

De même, d'autres membres du Comité pour le démantèlement du régime, tels que Wagdi Saleh, Taha Osman et Babiker Faisal, ont été libérés, signe d'un possible rapprochement entre les parties civile et militaire. En outre, début avril, les autorités militaires ont libéré des dizaines de militants qui avaient été détenus ces dernières semaines lors de manifestations contre le coup d'État.

Le Soudan est dans un état d'incertitude à la suite du coup d'État militaire. Le pays traverse une grave crise économique et sociale, qui a entraîné une détérioration rapide des conditions de vie de la population. 

L'envoyé des Nations unies pour le Soudan, Volker Perthes, a averti que le pays se dirigeait vers un "effondrement économique et sécuritaire" si la crise politique actuelle n'était pas résolue. Ces déclarations au Conseil de sécurité de l'ONU ne sont pas bien accueillies par les généraux, qui menacent d'expulser Perthes du pays. 

L'envoyé spécial mène actuellement des efforts conjoints avec l'Union africaine et le groupement régional de huit pays d'Afrique de l'Est, l'Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), afin de faciliter les pourparlers de paix. 

Quant à l'envoyé spécial de l'IGAD au Soudan, Ismael Wais, il a salué les récentes libérations comme un "développement très positif". Il a exhorté les autorités à libérer tous les prisonniers et militants politiques et à lever l'état d'urgence, "condition nécessaire" à un accord de sortie de crise. 

L'envoyé spécial de l'UA pour le Soudan, Mohamed Al Hacen Ould Lebatt, a déclaré que le groupe entamerait un dialogue politique après la fête de l'Aïd al-Fitr, qui marque la fin du ramadan. Selon Lebatt, les pourparlers incluraient l'armée, les partis et groupes politiques, à l'exception du parti du Congrès d'Al-Bashir dissous, afin de convenir de la manière dont le pays sera gouverné pendant la période de transition et la tenue d'élections démocratiques. 

Selon Lebatt, "la situation dans ce pays est très délicate" et "extrêmement dangereuse". Il a toutefois ajouté que les futurs pourparlers visaient à "réaliser les aspirations du peuple soudanais telles qu'elles ont été exprimées pendant la révolution". 

Les militaires ont toutefois déclaré qu'ils ne céderaient le pouvoir qu'à "une administration élue". Selon eux, les élections auront lieu en juillet 2023, comme convenu dans une sorte de document constitutionnel qui a réussi à gouverner le Soudan pendant la période de transition.