L'Union des médecins soudanais met en garde contre la situation désastreuse au Soudan

Le système de santé s'effondre au Darfour alors que les bombardements soudanais se poursuivent malgré la trêve

AP/ABD RAOUF - Convoi de troupes gouvernementales dans la ville de Tabit dans la région nord du Darfour au Soudan

Le système de santé de l'État du Darfour occidental, à la frontière avec le Tchad, "s'est totalement effondré" en raison des combats ethniques qui ont fait des dizaines de morts et des centaines de blessés, tandis que les bombardements se poursuivent à Khartoum malgré les trêves consécutives entre l'armée régulière et le puissant groupe paramilitaire des Forces d'appui rapide (FAR).

Dans la ville d'Al-Geneina, capitale du Darfour occidental, l'Union des médecins soudanais a déclaré mardi que "dans un contexte d'effondrement total de la situation sanitaire (...) nous avons pu dénombrer 94 morts et le bilan se poursuit, tandis que des centaines de personnes ont été blessées à la suite des combats ethniques barbares" liés au conflit en cours dans le pays.

"Les structures de santé ont été attaquées et pillées, de même que les camps de personnes déplacées", indique la note, soulignant que presque tous les hôpitaux et cliniques ont été mis hors service.

Cette situation "a contraint les organisations humanitaires à procéder à une évacuation d'urgence de leurs équipes vers le Tchad, à l'exception d'une partie de l'équipe du Croissant-Rouge qui a participé à l'évacuation des cadavres empilés à la suite des récents combats", ajoute la note.

L'armée soudanaise, qui est en conflit avec les FAR depuis le 15 avril, a prévenu que la situation au Darfour occidental était "compliquée" en raison des "conflits tribaux" qui ont éclaté, tandis que plusieurs ONG et agences de l'ONU ont fait état de pillages et de destructions de leurs installations dans la région.

L'ouest du Darfour, théâtre d'un conflit ethnique entre 2003 et 2008 qui a fait 300 000 morts, est l'un des fiefs des FAR, dont de nombreux combattants sont originaires de la région.

"Nous faisons appel à toutes les consciences (...) aux organisations humanitaires pour secourir les victimes de cette guerre insensée et des combats aveugles entre bandes armées, et pour tendre une main secourable pour évacuer les blessés, protéger les malades, les femmes, les personnes âgées et les enfants, et intervenir immédiatement pour sauver la ville et ses habitants", ajoute la note.

A Khartoum, où les alertes sur la dégradation de la situation humanitaire et sanitaire se multiplient également, les bruits de bombardiers se sont poursuivis au deuxième jour de la nouvelle trêve, la troisième d'une série de 72, entrée en vigueur dimanche à 22h00 GMT.

Selon des témoins et les médias locaux, des bruits de bombardements et d'attaques d'artillerie ont été entendus depuis le début de la matinée dans la région de l'aéroport, au nord de Khartoum, ainsi que dans la ville méridionale d'Um Dorman, voisine de la capitale, bien qu'aucune victime n'ait été signalée.

L'armée et les paramilitaires continuent de s'accuser mutuellement d'attaquer les zones résidentielles et les centres de santé ou de profiter des trêves consécutives, négociées par les États-Unis et l'Arabie saoudite, pour renforcer leurs positions à Khartoum.

Bien que non respectées par les belligérants, ces trêves ont permis l'évacuation de milliers d'étrangers et le déplacement de dizaines de milliers de personnes vers des zones plus sûres ou vers les pays voisins, principalement le Tchad, le Sud-Soudan et l'Égypte.