Les deux pays ont signé un accord de coopération militaire et lancé un exercice aérien en novembre dernier

L'Égypte et le Soudan lancent un exercice aérien conjoint alors que les tensions s'accroissent au sujet du barrage de la Grande Renaissance éthiopienne

AFP/PRESIDENCIA EGIPCIA - Le président égyptien Abdel Fattah al-Sisi (à droite) rencontrant le premier ministre soudanais Abdalla Hamdok (à gauche) dans la capitale Khartoum, le 6 mars 2021

Le Nil, l'un des plus longs fleuves du monde, alimente en eau potable et en électricité les dix pays qu'il traverse. Le Nil Bleu rejoint le Nil Blanc à Khartoum, la capitale soudanaise, et fournit la plupart des eaux du Nil qui traversent le nord du Soudan et l'Égypte jusqu'à la Méditerranée. Il y a un peu plus d'un mois, l'Égypte a soutenu une proposition soudanaise visant à internationaliser l'arbitrage dans le conflit qui l'oppose à l'Éthiopie au sujet du barrage de la Grande Renaissance, une infrastructure qui menace de réduire les ressources en eau du Nil se déversant en Égypte.

À l'époque, le ministre égyptien des affaires étrangères, Sameh Shoukry, avait déclaré que Le Caire soutiendrait la formation d'un "quartet international" composé de l'Union européenne, des Nations unies, des États-Unis et de l'Union africaine, dans le but de sceller un accord satisfaisant avec Addis-Abeba.

L'eau qui sera libérée par l'Éthiopie, par exemple en cas de sécheresse de plusieurs années, ou les mécanismes de règlement des différends, font partie des questions les plus épineuses. Alors que l'Égypte et le Soudan réclament un accord juridiquement contraignant, l'Éthiopie souhaite uniquement établir une série de lignes directrices.

Dans ce contexte de tensions avec l'Éthiopie, le président égyptien s'est rendu en mars dernier au Soudan pour la première fois après la chute d'Omar el-Béchir en 2019. La raison de cette visite était de discuter de l'impact économique du haut barrage éthiopien sur les deux pays. Les relations entre l'Égypte et le Soudan sont en bonne santé et la signature d'un accord de coopération militaire en est la preuve. En outre, en novembre, ils ont organisé un exercice aérien.

Une fois de plus, et au milieu de nouvelles tensions concernant le remplissage du Haut Barrage, les forces armées égyptiennes ont commencé un exercice d'entraînement aérien conjoint, "Nile Eagles 2", avec l'armée de l'air soudanaise sur la base de cette dernière à Merowe.

Mohammed Othman Al-Hussein, chef d'état-major des forces armées soudanaises, a salué la "nette harmonie" des performances entre les forces. L'exercice vise à obtenir le maximum de bénéfices en termes de planification et de conduite d'opérations aériennes, ont expliqué les forces armées égyptiennes.

Ces manœuvres interviennent dans un contexte de craintes croissantes au Caire et à Khartoum quant aux effets du barrage Renaissance sur leur part d'eau du Nil, alors que les négociations sont suspendues et qu'aucune solution n'est en vue. Le président Abdel Fattah El-Sisi a déjà prévenu que l'Égypte refusera que l'on prenne une seule goutte de son eau. "Personne n'est intouchable pour nous", a-t-il déclaré. "Notre eau est une ligne rouge."

Le dirigeant égyptien s'exprimait lors d'une conférence de presse organisée après le renflouement de l'énorme porte-conteneurs Ever Given dans le canal de Suez. Le président a ajouté : "Nous avons choisi de négocier ; une action hostile est laide et a des effets qui perdurent pendant de nombreuses années, et les nations ne l'oublient pas. Mais si nos approvisionnements en eau sont affectés, la réaction de l'Égypte se répercutera dans la région."