L'Égypte soutient l'initiative du Soudan de créer un comité international de médiation pour les négociations sur le barrage du Nil
Le Grand barrage de la Renaissance éthiopienne (GERD) a été marqué par des frictions entre les trois principaux pays africains concernés par le projet : le Soudan, l'Éthiopie et l'Égypte. Depuis l'inauguration officielle du Grand Barrage en 2011 par le Premier ministre éthiopien de l'époque, Meles Zenawi, les trois pays africains n'ont pas réussi à trouver un accord satisfaisant pour toutes les parties.
Le principal point de discorde est l'impact que cette construction pourrait avoir sur le débit du Nil, dont dépendent à la fois l'Égypte et le Soudan. Le barrage Renaissance vise à stocker 63 milliards de mètres cubes d'eau et à créer une centrale hydroélectrique qui produira jusqu'à 6 000 MW.
Pour l'Éthiopie, ce projet est une source de fierté nationale, car il représente l'aboutissement d'un ambitieux processus de modernisation de son économie, principalement agricole, vers une économie plus industrialisée axée sur l'exploitation et l'exportation de l'énergie hydraulique. Cependant, pour le Soudan et surtout l'Égypte, il représente une menace, car ce dernier dépend du Nil pour environ 96 % de sa consommation d'eau, et craint que le barrage ne réduise drastiquement son débit.
Les relations entre les trois pays concernés sont devenues de plus en plus tendues, surtout après la première étape de remplissage du barrage sans consentement préalable l'été dernier. L'Égypte a accusé à plusieurs reprises l'Éthiopie de bloquer les négociations et de rendre impossible la conclusion d'un accord.
Dans une nouvelle tentative pour relancer les négociations, le Ministère égyptien des affaires étrangères a annoncé que le Caire accueille favorablement et soutient la proposition soudanaise de former un comité international pour servir de médiateur pendant le processus de négociation sur le Grand barrage de la Renaissance éthiopienne. Ces réunions seraient donc composées des trois pays concernés, en plus du président de l'Union africaine (UA), le Congolais Felix Tshisekedi, et de représentants des États-Unis, de l'Union européenne et des Nations unies.
Le Ministre égyptien des affaires étrangères, Sameh Shoukry, lors d'une conférence de presse commune avec son homologue soudanaise, Maryam Al-Sadiq, a exprimé l'espoir que cette initiative stimulerait les négociations et aiderait le Caire, Khartoum et Addis Abeba à parvenir à un accord dès que possible sur le remplissage du lac par l'Ethiopie.
Le porte-parole égyptien Ahmed Hafez a déclaré qu'au cours de la réunion, Mme Shhoukry a exprimé son appréciation pour les efforts de la République démocratique du Congo pendant sa présidence de l'UA, et qu'il espérait que Kinshasa pourrait jouer un rôle clé en aidant à conclure un accord juridiquement contraignant sur les règles de remplissage et de fonctionnement de la DIRD, en tenant compte des intérêts des trois pays.
De même, Mohammed Abdel Atty, Ministre égyptien des ressources en eau et de l'irrigation, a affirmé l'engagement de l'Égypte à sauvegarder ses droits sur l'eau, et a insisté sur le fait qu'un accord juridiquement contraignant entre les trois parties était la seule façon acceptable de mettre fin au conflit.