La police provinciale d'Istanbul a publié l'identité de la principale accusée d'avoir posé la bombe dans la rue commerciale turque

Les autorités turques arrêtent 46 personnes et la présumée coupable de l'attentat de la rue Istiklal

AP/FRANCISCO SECO - Sécurité et ambulances sur les lieux après une explosion sur l'avenue piétonne Istiklal, très fréquentée à Istanbul

Moins de 24 heures après l'attentat à la bombe perpétré dans la rue centrale Istiklal, dans la partie européenne d'Istanbul, les autorités turques ont annoncé l'arrestation d'au moins 47 personnes. Parmi eux se trouve la principale soupçonnée d'avoir posé l'engin explosif qui a tué 6 personnes et en a blessé 81. 

La police provinciale d'Istanbul a annoncé par le biais de ses médias qu'une ressortissante syrienne résidant en Turquie a été arrêtée à son domicile tôt lundi matin. Les autorités ont révélé son identité et son image à travers plusieurs photographies. On trouve également sur les médias sociaux une vidéo montrant les moments de son arrestation. En même temps que sa nationalité, les autorités turques lui ont donné le nom d'Ahlam Albashir. 

Dans la vidéo, on peut voir plusieurs membres de la police turque entrer dans un appartement et arrêter une femme vêtue d'un sweat-shirt violet et de leggings noirs. La police procède ensuite à la fouille de la maison et au transfert de la détenue. 

Le ministre turc de l'Intérieur, Süleyman Soylu, s'est présenté devant les médias vers 8 heures, heure locale, pour donner des détails sur l'enquête. Soylu a confirmé le nombre de détenus et les a tous liés au Parti des travailleurs kurdes (PKK) et aux Unités de protection du peuple (YPG), le groupe armé kurde présent dans le nord de la Syrie. De leur côté, aucune des deux organisations luttant pour l'indépendance du peuple kurde n'a revendiqué l'attaque. La détenue, qui sur les images publiées par la police turque montre des signes de violence, aurait avoué après un interrogatoire. 

Selon Soylu, la kamikaze supposée a reçu des ordres de Kobané, une ville située à la frontière entre la Turquie et la Syrie. Ahlam Albashir serait entrée en Turquie de manière irrégulière, selon l'accusation des autorités, par une route venant de la ville d'Afrin dans la région d'Alep. 

"Les terroristes ont été capturés lors d'une opération réussie. S'ils n'avaient pas été arrêtés, ils auraient fui en Grèce aujourd'hui", a ajouté Soylu devant une couronne déposée sur le site de l'attaque. Sept procureurs d'État turcs sont chargés de l'enquête depuis hier. 

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui devait se rendre en Indonésie, n'a pas modifié son programme et a condamné l'attaque sur l'île de Bali. Il y a rencontré le président Widodo lors d'une réunion précédant le sommet du G20. 

La rue Istiklal a rouvert dans le calme au public lundi matin, selon les médias locaux turcs. Les équipes municipales de nettoyage ont dégagé les débris aux premières heures de la matinée et la forte présence policière a été réduite tout au long de la matinée. Des citoyens turcs se rendent sur le site de l'attaque pour déposer des fleurs et des bougies. Parmi eux, le maire d'Istanbul, Haydar Ali Yıldız, membre du parti d'Erdogan.

Tension avec les États-Unis
 

La communauté internationale s'est tournée vers la Turquie et a montré son rejet et sa condamnation de l'attaque. La France, la Grèce et l'Ukraine ont envoyé des messages de solidarité. Dans un message du président Vladimir Poutine, la Russie a déclaré qu'elle était déterminée à améliorer sa coopération antiterroriste avec la Turquie à l'avenir. 

Les États-Unis ont également présenté leurs condoléances à l'État turc. "Les États-Unis condamnent fermement l'acte de violence qui a eu lieu aujourd'hui à Istanbul, en Turquie. Nos pensées vont à ceux qui ont été blessés et nos plus sincères condoléances à ceux qui ont perdu des êtres chers. Nous sommes solidaires de notre allié de l'OTAN, la Turquie, dans la lutte contre le terrorisme", peut-on lire dans la déclaration signée par la secrétaire d'État Karine Jean-Pierre.

Le ministre de l'Intérieur Suleyman Soylu a rejeté ces condoléances lors de son intervention devant les médias en raison des liens entre Washington et les groupes kurdes en Syrie, qu'Ankara dénonce. Les tensions de ce type, qui ont les Kurdes dans l'œil du cyclone, sont au cœur des relations de la Turquie avec la Finlande et la Suède au sein de l'OTAN. Un grand nombre d'activistes et de politiciens kurdes ou du PKK, dont Ankara demande l'extradition pour complicité d'actes terroristes, ont trouvé refuge dans ces deux pays nordiques. 

La Turquie a déclaré cet été que sa coopération en vue de l'intégration des pays nordiques dans l'alliance atlantique serait conditionnée par la volonté de la Suède et de la Finlande de négocier avec ces exigences turques sur la table. 

Réponse en Syrie
 

Tout au long de la matinée, le gouvernement turc a indiqué avoir frappé plusieurs positions de la milice turque YPG dans le nord de la Syrie. Selon le ministère turc de la Défense, au moins quatre membres de ces groupes armés ont été tués lors d'une opération éclair. 

Le gouvernement turc a présenté cette frappe comme une conséquence directe de l'attentat, en la présentant comme une réponse à l'attaque de la rue Istiklal : "Le héros Mehmetçik (terme turc utilisé pour désigner les soldats) continue de donner le châtiment nécessaire aux lâches qui n'osent pas l'affronter et qui sont si perfides qu'ils s'attaquent à des innocents", selon la traduction par l'agence de presse EFE d'une communication du ministère turc de la Défense. 

Tout au long de cette année, la Turquie a lancé plusieurs offensives dans le nord de la Syrie, la plus récente ayant pour but de créer un cordon de sécurité à plusieurs kilomètres au sud de sa frontière avec la Syrie et s'approchant d'Alep.